| * Dans l'article "MITONNER,, verbe" MITONNER, verbe A. − 1. Qqn1mitonne qqc.2(dans qqc.3).Faire cuire longtemps à petit feu (dans) un liquide. Mitonner une soupe. Elle fait sauter d'un bras plus alerte les pommes de terre (...) à moins qu'elle ne soit occupée à mitonner un ragoût de sa façon (Bourget,Monique,1902, p.23). 2. Qqc.2mitonne (dans qqc.3); qqc.2se mitonne.Cuire longtemps à petit feu. Laisser mitonner une soupe. La soupe mitonnait en gémissant, et c'était une épaisse odeur de poireaux, de carottes et de pommes de terre bouillies qui emplissait la cuisine (Giono,Regain,1930, p.222).Une soupe qui se mitonne (Rob.). − P. anal. Être exposé à une très grande chaleur. Synon. cuire.Paris mitonnait; l'asphalte se boursouflait (Arnoux,Paris,1939, p.283).On me fourrait au lit. Suffoqué par la chaleur, mitonnant sous les draps, je confondais mon corps et son malaise (Sartre,Mots,1964, p.72). B. − P. ext. 1. Qqn1mitonne qqc.2Préparer avec beaucoup de soin un mets. Synon. mijoter.Mitonner des petits plats. Marcel (...) mitonne sa petite cuisine personnelle (H. Bazin,Mort pt cheval,1949, p.300). 2. Qqc.2mitonne; qqc.2se mitonne.Être préparé avec beaucoup de soin. Il y a à la maison un gros déjeuner qui se mitonne, des vins généreux, et nous avons fait du feu, ma chère, comme des bourgeois (Murger,Scène vie boh.,1851, p.230). C. − P. métaph. ou au fig. 1. [Le compl. d'obj. désigne qqc.] a) Qqn1mitonne qqc.2Préparer quelque chose avec soin, peu à peu et généralement en secret, en vue d'un certain résultat. C'était par quelque tour de Jarnac qu'il espérait démonter l'élève et l'avoir: évidemment, il mitonnait un coup (Cladel,Ompdrailles,1879, p.18).Mes amis, il mitonne pour nous une pleine marmite de joie! (Romains,Copains,1913, p.184). b) Qqc.2mitonne.Être préparé avec soin, peu à peu, généralement en secret, pour un résultat. Il sentait mitonner sourdement les affaires (Pourrat,Gaspard,1922, p.57). 2. Vieilli. Qqn1mitonne qqn2.Entourer quelqu'un de prévenances, généralement à des fins intéressées. Synon. dorloter.Petit z-à petit je commence à jouer du radouci, je fais, comme on dit, l'âne pour avoir du son, je vous la mitonne, je vous la caponne [la marchande de vin] (Balzac,
Œuvres div.,t.1, 1830, p.575).Les religieuses l'aimaient à la folie. Il était plus mitonné qu'un perroquet de cour (A. France,Pt Pierre,1918, p.160). REM. 1. Mitonné, -ée, part. passé en emploi adj.Qui a été cuit longtemps, avec beaucoup de soin. Soupe mitonnée. Des croûtons mitonnés dans la plus fine graisse d'oie (Gautier,Fracasse,1863, p.61).«Pépère» appréciait ses sauces mitonnées (Vialar,Brisées hautes,1952, p.15).Emploi subst. masc. Ça sent le lit défait, la plume vivante, la sueur, le mitonné (Renard,Journal,1901, p.684). 2. Mitonnade, subst. fém.,hapax. Mets mitonné. La cuisinière réussissait (...) les oreilles de porc aux haricots rouges (...). C'est le principe du cassoulet, avec un je ne sais quoi (...) d'enveloppé, que possède la mitonnade de ces fayots de roi (L. Daudet,Salons et journaux,1917, p.186). 3. Mitonnement, subst. masc.Action de mitonner. P. anal. Je roupille jusqu'à des huit heures trente, et ne me lève qu'après avoir bâillé des douzaines de fois, et m'être offert un quart d'heure de mitonnement supplémentaire (Romains,Hommes de bonne volonté,t.VIII, II, p.16-17 ds Rob.).P. méton. Les vivats (...) retentirent, qui ne s'apaisèrent qu'au bout d'un moment, après avoir décru (...) du brouhaha au mitonnement des conversations (Arnoux,Roi,1956, p.278). Prononc. et Orth.: [mitɔne]. Ac. dep. 1694: mitonner. Étymol. et Hist. 1. a) 1546 verbe trans. «laisser cuire longtemps sur un feu doux (en parlant surtout de la soupe); d'où préparer doucement, apprêter et finalement caresser, dorloter» (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, Prologue, 111); b) 1694 verbe pronom. la soupe se mitonne (Ac.); 2. a) 1649 «préparer doucement (une affaire) afin d'en assurer le succès» (Retz,
Œuvres, éd. A. Regnier, t.2, p.393); b) 1651 «entourer (quelqu'un) de petits soins, dorloter (souvent dans un but intéressé)» (Loret, Muze histor., 29 oct. ds Livet Molière). Empr. à un parler de l'Ouest,où il a été tiré de mitonnée «panade», lui-même dér. de miton «morceau de mie» (très att. en norm.), lequel est dér. de mie1* (Bl.-W.5). Fréq. abs. littér.: 17. Bbg. Quem. DDL t.1 (s.v. mitonnade). |