| MISÉREUX, -EUSE, adj. A. − Qui vit dans la misère. Tous ces enfants étaient de l'espèce chétive, de l'humanité miséreuse (Frapié,Maternelle, 1904, p.20).Il fallait chercher au fond des grandes salles noires les paysans miséreux auprès du feu (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1908, p.36). − Emploi subst. Pourquoi ces miséreux qui crèvent la faim, fouillant à l'aurore les poubelles, n'égorgent-ils pas ces oiseaux qui volent au-dessus de leurs estomacs? (Aragon,Beaux quart., 1936, p.336).Je ne veux pas être un claquedent, un miséreux, un paria (Aymé,Cléramb., 1950, iv, 1, p.197). B. − Qui dénote la misère, une extrême pauvreté. Synon. minable (fam.), misérable, miteux (fam.), pouilleux (fam.), sordide: −. Le monde gris, mécanique, déterminé du marxisme, le prolétaire le vit tous les jours, en vit tous les jours dans les usines et les quartiers miséreux où la concentration urbaine l'exile.
Lacroix,Marxisme, existent., personn., 1949, p.41. REM. Miséreusement, adv.,rare. De façon miséreuse (supra B). Je me demande si un garçon élevé si miséreusement peut jamais peindre de la mondanité aristocratique (Goncourt,Journal, 1894, p.619). Prononc. et Orth.: [mizeʀø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1894 subst. «personne sans ressources» (Id., ibid., p.573); 1894 adj. «qui est dans la misère, qui donne l'impression d'une extrême pauvreté» (Id., ibid., p.679). Dér. de misère*; suff. -eux*. L'a. fr. disait miserin «misérable, malheureux» (Benoît de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 8443). Le fr. miséreux a sans doute été favorisé par l'existence de mesëuros «malheureux» (comp. de mes- et de ëuros «heureux») att. au xiies. (T.-L.). Fréq. abs. littér.: 52. |