| MISANTHROPIQUE, adj. A. − [En parlant d'une chose abstr.] Qui est de la nature de la misanthropie (v. ce mot A) ou qui s'en inspire. Une morale misanthropique, antisociale, qui dégoûte les hommes de la vie, de la société, et ne tend qu'à faire des hermites et des célibataires (Volney,Ruines,1791, p.323).Les enfants (...), comme il riait (...) aux férocités et aux cynismes des macaques et des ouistitis, ne soupçonnaient guère les misanthropiques pensées que ce spectacle soulevait dans le savant qui comparait en lui-même la comédie humaine à la comédie simiesque (Bourget,Disciple,1889, p.20).La thèse misanthropique, qui est celle du tyran, est évidente par soi. (...) l'homme n'est bon que forcé (Alain,Propos,1935, p.1258). B. − [En parlant d'une pers.] Qui éprouve de la misanthropie (v. ce mot B), qui se comporte en misanthrope (v. ce mot B). Synon. usuel misanthrope.Humoriste et misanthropique lorsqu'il voit les vices de la société; irrité contre elle et indulgent pour chaque homme en particulier (Vigny,Chatterton,1835, p.244).Cet Aixois solitaire [Cézanne], probe, misanthropique (Mauclair,Maîtres impressionn.,1923, p.223). − [P. méton.] ♦ [En parlant du caractère, de l'humeur] Qui est propre au misanthrope (v. ce mot B). Je me sens dépité, mécontent, susceptible, d'humeur misanthropique, excédé, maussade, sans même trop savoir pourquoi (Amiel,Journal,1866, p.440).Il était possédé d'un démon misanthropique, et ne respirait que colère, amertume et gronderie (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.263): −. Lorsqu'il visitait, en 1771, Jean-Jacques dans son pauvre ménage de la rue Plâtrière (...) et qu'il s'avançait avec des alternatives de bon accueil et de bourrasque, dans la familiarité du grand homme méfiant et sauvage, Bernardin [de Saint-Pierre] ne se doutait pas qu'il allait être pris prochainement lui-même d'une maladie misanthropique toute semblable...
Sainte-Beuve,Portr. littér.,t.2, 1844-64, p.123. ♦ [En parlant d'un trait du comportement] Qui manifeste de la misanthropie (v. ce mot B). Rousseau, grimaçant de la lèvre inférieure, fit sa moue la plus misanthropique (Coppée,Bonne souffr.,1898, p.123).Marcher à travers la banlieue dans une solitude farouche et franchement misanthropique (Duhamel,Désert Bièvres,1937, p.146). REM. Misanthropiquement, adv.De manière misanthropique. Ce drame [de sa génération], Hennique est fort capable de le garder misanthropiquement dans son tiroir, avec, à la cantonade, un: «Zut, ils m'embêtent» (L. Daudet, Vers le roi,1920, p.148). Prononc. et Orth.: [mizɑ
̃tʀ
ɔpik]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1771 (Trév.). Dér. de misanthropie*; suff. -ique*. Fréq. abs. littér.: 16. |