| MIRLITON, subst. masc. A. − ,,Instrument populaire ou enfantin, dit Flûte à l'oignon, fait d'un tube de roseau fermé aux deux bouts par une pellicule de baudruche, ou une peau d'oignon (...) et percé latéralement, près des deux extrémités, de deux ouvertures opposées, sur l'une desquelles on appuie les lèvres en chantant sans paroles`` (Brenet, Dict. prat. et hist. mus., 1926, p.260). [Et nous aimons bien mieux quelque drame à la mode Où l'intrigue, enlacée et roulée en festons, Tourne comme un rébus autour d'un mirliton] (Musset, Poésies nouv., Une soirée perdue, Paris, Couard, 1923 [1840], p.235).Les enfants couraient le pays en jouant du mirliton et de la crécelle (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1855, p.195).La canne à la main, une canne enguirlandée de papier, semblable à un énorme mirliton (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p.61). B. − P. anal., emplois spéc. 1. ART CULIN. Petite pâtisserie roulée contenant de la crème. On vous a apporté des mirlitons, le sucre en poudre faisait une moustache blanche à votre joli bec, vous étiez charmante, à donner envie de vous croquer comme les gâteaux (Flaub., Corresp., 1863, p.113). 2. En appos., NUMISM. Louis (d'or) mirliton. Louis d'or frappé sous Louis XV et qui présentait au revers le chiffre du roi, deux L entrelacés. À l'écu aux palmes, à l'écu aux insignes de Louis XIV succèdent le louis de Noailles, le louis à la croix de Malte, le louis mirliton (L'Hist. et ses méth., 1961, p.350). 3. HIST. MILIT. Shako des soldats et des cavaliers pendant la Révolution. Sous la Révolution, les hussards portèrent un bonnet ou shako cylindrique, à cône tronqué, garni d'une flamme agrafée et pouvant pendre à volonté. On nomma cette coiffure mirliton (Leloir1961). C. − [Avec valeur caractérisante] 1. [P. allus. aux airs joués sur le mirliton] Air de mirliton. Refrain populaire. (Dict. xixeet xxes.). 2. Familier a) Loc. adj. péj. De mirliton. [P. réf. aux vers imprimés sur les bandes de papier qui entourent en spirales le mirliton] Mauvais, de peu de valeur. Le duel est un prétexte à avocasseries, à phrases creuses, à sentences de mirliton (Renard, Journal, 1890, p.75).Les vers, tant soit peu de «mirliton», du brave Gilles Corrozet (Viaux, Meuble Fr., 1962, p.53). b) Court poème sans prétention: −. Je procédais par distiques du genre de celui-ci:
Millerand, barbouillé de crême,
Après avoir tout réformé,
Jure qu'avant le mois de mai,
Il se réformera lui-même. (...)
Chaque jour j'adjoignais, à mon article de fond,
quelqu'un de ces petits mirlitons, dont voulaient
bien s'amuser nos amis..
L. Daudet, Brév. journ., 1936, p.27. Prononc. et Orth.: [miʀlitɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1738 «monnaie» (Argens, Lettres Juives, t.2, p.123); 2. 1745 «sorte de flûte» (Du Laurens, chandelle Arras, p.126); d'où a)1829 «refrain populaire» (Béranger, Chans., t.1, p.118); b) 1862 air de mirliton (Littré); 3. 1846 «pâtisserie» (Besch.); 4. 1861-64 «coiffure» (Feuillet de Conches, Causeries d'un curieux, t.II, p.252 ds Littré: Tout à coup, vers 1740, on se prit de passion pour les cheveux courts roulés en boucles égales autour de la tête en façon de perruque ronde; les plaisants appelèrent cette coiffure le mirliton, et le nom lui en resta); 5. 1899, 1ermai «shako des cavaliers sous la première République» (L'Armée Illustrée, p.8, col.2 ds Brunot t.9, 2, p.985). Orig. inc. (cf. FEW t.23, p.145). Fréq. abs. littér.: 66. DÉR. 1. Mirliton(n)esque,(Mirlitonesque, Mirlitonnesque) adj.,fam., péj. a) Qui rappelle le son du mirliton. Sonorité de plus en plus mirlitonesque [de l'aigu du Contre-Basson] (Widor, Techn. orch. mod., 1904, p.52.b) Au fig.
α) Mauvais, de peu de valeur. Synon. de mirliton.Vers mirlitonesques. Découragé, il essaya un début mirlitonesque: Croyez pas que je moralise, Si je vous envoie ces bobards, C'est que notre mess analyse Ce soir la question du hasard (Maurois, Silences Bramble, 1918, p.207).
β) Ridicule. À la maison, dans ce (...) palais Louis XIV, on retrouvait l'afféterie, la préciosité des cours d'amours. C'était ridicule et touchant, et pour la forme, même mirlitonesque (La Varende, Saint-Simon, 1955, p.219).− [miʀlitɔnεsk]. Rob.: -n(n)esque. − 1reattest. 1904 (Widor, loc. cit.); de mirliton, suff. -esque*. 2. Mirlitoniste, subst.,rare. Personne qui joue du mirliton. Il y a dans ce Paris des centaines de violonistes et d'exécutants de toutes sortes, (...) harpistes, guitaristes, guimbardistes, mirlitonistes (...) qui se jouent de toutes les difficultés, sauf de la difficulté de gagner trois francs (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p.154).− [miʀlitɔnist]. − 1reattest. 1866 (Id., ibid., p.69); de mirliton, suff. -iste*. 3. Mirlitonner, verbe intrans.a) Jouer du mirliton. (Ds Lar. Lang. fr., Rob.). b) Au fig. Faire de mauvais vers, de mauvais poèmes. J'ai essayé de guérir mon ancienne hôtesse du travers de faire de mauvais poëmes (...) mais il me reste le regret de n'y avoir pas réussi et, à elle, ce fâcheux avantage de continuer à mirlitonner (Montesquiou, Mém., t.2, 1921, p.137).− [miʀlitɔne], (il) mirlitonne [miʀlitɔn]. − 1reattest. 1833 (Borel, Champavert, p.225); de mirliton, dés. -er. BBG. − Chautard Vie étrange Arg. 1931, p.213. |