| MIRE1, subst. fém. A. − 1. ARMES À FEU, vieilli a) Action de mirer. Synon. visée. ♦ Prendre sa mire. Viser. Ce canonnier prend sa mire (Ac.1835, 1878). b) P. méton. Petite pièce métallique fixée à l'extrémité du canon d'une arme à feu, qui permet de déterminer la ligne de visée. Synon. guidon.Ce qui acheva de le glacer, ce fut, en épaulant, de constater qu'il n'apercevait même pas la mire de son fusil (Zola,Débâcle,1892, p.107). 2. Locutions a) Cran* de mire. b) Ligne* de mire. Prendre la ligne de mire. Pointer. c) Point de mire. Cible (objet ou personne). Elle est le point de mire au milieu de la plaine; La mitraille sur elle avec rage s'abat (Hugo,Légende,t.5, 1877, p.956).Pendant la guerre, les recrues y apprenaient (...) à faire des signaux et à ne pas rater le point de mire (Morand,Londres,1933, p.121): −. Il nous faut demeurer bien visibles, et offrir ainsi au tir allemand une cible pour écoliers. (...) On sert de point de mire à toute une plaine. On draine le tir de toute une armée.
Saint-Exup.,Pilote guerre,1942, p.335. − En partic. Point au centre d'une cible, servant de but dans les exercices de tir. Synon. mouche.Il en était à emboîter l'arme dans sa main, et à chercher le point de mire sur une petite plaque de tôle qui lui servait de cible, lorsque la porte de son cabinet s'ouvrit (Dumas père, Monte-Cristo,t.2, 1846, p.424). − Au fig.
α) [En parlant d'inanimés abstr.] Objectif que l'on se propose d'atteindre. Synon. but, visée.Quelle que soit la fortune d'un homme, il rencontre toujours une fortune supérieure de laquelle il fait son point de mire et qu'il veut surpasser (Balzac,Méd. camp.,1833, p.208).Son point de mire à lui [De Maistre], son étoile polaire, c'est une opinion qui ne soit surtout pas celle de la canaille des esprits (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.3, 1848, p.172).
β) [En parlant de pers.] ♦ Centre d'attraction (d'un groupe de personnes). Il ne pouvait supporter de s'exhiber en public, d'être le point de mire de toute une société (Rolland,J.-Chr.,Antoinette, 1908, p.842).Ce qu'elle aimait encore mieux que la danse, c'était d'être ainsi le point de mire de toute une assemblée (Roy,Bonheur occas.,1945, p.162). ♦ Objet (d'attaques et de critiques). Synon. cible.Ce nom, qui devait être populaire, est le point de mire de la plus basse envie (Balzac,Corresp.,1822, p.196).Au moins, de mon temps, étais-je le point de mire de toutes les récriminations de ce genre (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.428). B. − GÉODÉSIE. Signal fixe servant à orienter un instrument d'arpentage. On vit apparaître des équipes de géomètres, ils dressaient les instruments d'arpentage, visaient les mires, relevaient les cotes (Vogüé,Morts,1899, p.100).Il [le plan en échiquier] n'exige, en effet, qu'un niveau, une mire et une équerre (P. Lavedan, Urban.,1926, p.65). ♦ Mire-jalon. V. jalon-mire, s.v. jalon. ♦ Mire parlante. Règle plate graduée, que l'on dispose sur les points dont on veut déterminer la position ou l'altitude (d'apr. Topogr. 1980). Si l'on emploie [pour le nivellement] une mire parlante, l'opérateur lira lui-même la cote sur la mire (Robinot,Vérif. métré et prat. trav. bât.,t.1, 1929, p.27). C. − TÉLÉV. ,,Image diffusée spécialement par la station d'émission avant le début du programme, afin de permettre le réglage de l'appareil récepteur`` (Bailly-Roche 1967). Les défauts des parties éloignées du centre (aberrations de sphéricité, aberrations chromatiques, astigmatisme, courbures de champ, distorsions, variations de clarté) sont mis en évidence grâce à des mires spécialement conçues, et corrigées dans une certaine mesure, à l'aide de boutons de réglage (Matras,Radiodiff. et télév.,1958, p.82).Les mires de télévision peuvent être très différentes. Elles peuvent ne comporter qu'un quadrillage régulier, ou avoir des lignes circulaires (Électron.1963-64). Prononc. et Orth.: [mi:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. mir, myrrhe, formes des verbes mettre et mirer. Étymol. et Hist. A.1325 «image idéale, modèle» (Watriquet de Couvin, Miroir aux dames, 1254 ds Dits, éd. A. Scheler, p.40). B. 1. 1552 prendre sa mire (contre) «prendre sa visée» (Rabelais, Quart Livre, chap.62, éd. R.Marichal, p.249); 1562 «visée, action de viser» (Du Pinet, Trad. Pline, VI, 30 ds Gdf. Compl.); 2. a) 1611 «bouton de visée d'une arme à feu» (Cotgr.); b) 1600-30 «repaire, objet pris comme cible pour ajuster la direction d'un tir» (D'Auvigné, Histoire universelle, I, 167 ds Littré); c) 1668 point de mire (Journal des Savants, 201 d'apr. FEW t.6, 2, p.154b); 1812 point de mire au fig. (Boiste); d) 1800 ligne de mire (Brisson, Traité élémentaire ou Principes de phys., 3eéd., an VIII, t.1, no169, p.134); e) 1806 «signal fixe (jalon, disque) servant à déterminer une direction par une visée» (Brio et Arago, Inst. Mém. Scienc., 1ersemestre, p.306 ds Littré); f) 1890 cran de mire (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., p.22). A déverbal de mirer*. B empr. à l'ital. mira att. dep. le xives. au sens de «but, cible» puis «visée, dispositif permettant d'ajuster un tir» (cf. Batt.) subst. verbal de mirare de même orig. que le fr. mirer*. |