| MIRAGE, subst. masc. A. − 1. OPT. Phénomène de réfraction, observé surtout dans les déserts des pays chauds où il produit l'illusion d'une nappe d'eau s'étendant à l'horizon et reflétant la végétation et les dunes environnantes. Mirages sahariens. Au loin, comme un mirage, des verdures pâles et des éclats d'eau bleue. Est-ce bien un mirage? Non, ce serait plus beau. C'est simplement l'Euphrate (Tharaud,Paris-Saïgon,1932, p.68).La chaleur monte, et, avec elle, naissent les mirages (...). De grands lacs se forment, et s'évanouissent quand nous avançons (Saint-Exup.,Terre hommes,1939, p.221): 1. M. de Humboldt dit (...) qu'il a été témoin d'un phénomène observé dans l'Égypte, et qu'on appelle mirage [it. ds le texte]. Tout à coup, dans les déserts les plus arides, la réverbération de l'air prend l'apparence des lacs ou de la mer, et les animaux eux-mêmes, haletants de soif, s'élancent vers ces images trompeuses, espérant s'y désaltérer.
Staël,Allemagne,t.5, 1810, p.177. − P. ext. Vision. Il avait cette grandeur d'être parfois halluciné comme un prophète (...). Il crut à un de ces mirages dont, homme nocturne qu'il était, il avait eu plus d'une fois la stupeur (Hugo,Travaill. mer,1866, p.380).Il se retourna et vit Olivier, qui souriait. Il ne s'en étonna pas, il dit: − Ah! te voilà enfin! Le mirage s'effaça (Rolland,J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p.1331). 2. Au fig. Illusion, apparence trompeuse. Synon. chimère, leurre, mensonge, utopie.Mirage de l'amour, de l'aventure, du bonheur; mirages de la gloire; être dupe d'un mirage. Tout ce mirage de liberté, d'égalité (...) s'évanouissait (Proudhon,Révol. sociale,1852, p.28).Les amitiés? Mirage vain que dissipent les revers, les années, ou l'éloignement (Estaunié,Empreinte,1896, p.140).J'ai toujours trouvé la réalité plus nourrissante que les mirages (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.48). − En compos. Qui est chimérique, qui relève de l'utopie. L'histoire a montré que boulangisme et poujadisme avaient vécu ce que vivent les doctrines-mirages: le temps d'une élection (Le Monde,30 avr. 1974, p.3, col.5). B. − Observation des oeufs devant une source lumineuse, dans le but d'apprécier leur fraîcheur: 2. L'épreuve du mirage consiste à placer l'oeuf devant une source lumineuse assez intense et à l'examiner par transparence; l'oeuf frais est clair, sans tache, avec une chambre à air petite; l'oeuf altéré, au contraire, peut présenter des taches sombres, ou une teinte générale foncée, la chambre à air est plus grande.
R. Lalanne, Alim. hum.,1942, p.74. REM. Miragineux, -euse, adj.,rare, littér. Qui tient du mirage (supra A). Ainsi (...) nous soutiendrons-nous jusqu'au bout par la vision miragineuse d'on ne sait quelle félicité (Gide,El Hadj,1899, p.351). Prononc. et Orth.: [miʀa:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. A. 1. 1753 «illusion optique due à des phénomènes de réfraction dans l'air» (Hist. de l'Académie royale des sc., Paris, Imprimerie royale, 1757, p.253); 2. 1829 «illusion» (Balzac, Chouans, p.145). B. 1931 mirage des oeufs (Lar. 20e). Dér. de mirer* (cf. étymol. A 3 c pour sens A et A 1 pour sens B). Fréq. abs. littér.: 540. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 144, b) 611; xxes.: a) 1222, b) 1110. |