| MINIMUM, subst. masc. et adj. I. − Subst. masc. A. − Valeur la plus petite atteinte par une quantité variable. Anton. maximum.On pourrait (...) fixer un minimum par mois, 150 ou 200 francs que nous garantirions au prisonnier, et que nous lui paierions chacun selon la proportion de nos parts (Hugo,Corresp.,1853, p.145).Les billets, tendres et laconiques, qu'ils échangeaient tous les deux ou trois mois, lui suffisaient bien pour garder un minimum de contact avec le monde de l'arrière et avec le passé (Martin du G.,Thib.,Épil., 1940, p.768).Souvent la nuit je me faisais pleurer pour le plaisir; m'obliger à refréner ces larmes, c'eût été me refuser ce minimum de liberté dont j'avais un impérieux besoin (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.74). − Spécialement ♦ DR. Peine la plus faible prévue pour un délit. Être condamné au minimum; minimum de la peine. Le tribunal m'appliqua le minimum (Verlaine,
Œuvres compl.,t.4, Mes pris., 1893, p.415). ♦ MATH. Valeur la plus petite atteinte par une fonction. V. maximum I A ex. de H. Poincaré. B. − Le plus petit nombre, la plus petite quantité. Minimum d'efforts, de fatigue, de dommages, de risques. Les romanciers allemands produisent le minimum de romans, les poètes, les tragédiens, des apparences de vers, des soupçons de tragédies (Giraudoux,Siegfried et Lim.,1922, p.158): 1. Pour trouver dans l'ensemble du langage la sphère qui correspond à la langue, il faut se placer devant l'acte individuel qui permet de reconstituer le circuit de la parole. Cet acte suppose au moins deux individus; c'est le minimum exigible pour que le circuit soit complet.
Saussure,Ling. gén.,1916, p.27. − Loc. adv. Au minimum. Au moins. Les timbales (...) employées au nombre de deux au minimum et de dimensions différentes, produisent un son musical et peuvent en conséquence jouer un rôle mélodique (Arts et litt.,1935, p.40-1).Des 150000 croisés (au minimum) qu'avait comptés l'expédition, quelques milliers seulement purent gagner Sinope. Tout le reste fut massacré ou réduit en captivité par les Turcs (Grousset,Croisades,1939, p.72): 2. ... une action en Orient ne devrait être envisagée que dans un délai de six semaines au minimum, délai nécessaire (...) pour réaliser (...) l'établissement d'un plan...
Joffre,Mém.,t.2, 1931, p.122. ♦ P. ell. Ces concours sont ouverts aux candidats présentant certaines conditions d'âge (minimum 25 ans), de diplômes ou de titres, et d'exercice (Encyclop. éduc.,1960, p.331). − ÉCONOMIE ♦ Minimum garanti. Abrév. de Salaire* Minimum Interprofessionnel Garanti (ou SMIG). ♦ Minimum vital. Montant des ressources au-dessous duquel, à un niveau de civilisation matérielle donné, il est considéré comme moralement impossible de mener une vie vraiment humaine (d'apr. Foulq. Sc. soc. 1978). V. Salaire* Minimum Interprofessionnel de Croissance ou SMIC: 3. ... l'amélioration du niveau de vie pousse les consommateurs à réviser sans cesse leur conception du minimum vital; elle introduit dans le secteur des biens et services jugés comme absolument indispensables un nombre croissant de prestations.
Univers écon. et soc.,1960, p.34-3. P. ell. Il n'est plus permis de répéter après Marx et Engels que le système capitaliste périra parce qu'il n'assure même pas à ceux qu'il exploite le minimum nécessaire à la vie (Jaurès,Ét. soc.,1901, p.xlix).Pour sa femme, pour son fils, il avait de l'ambition. Et puis, même pour lui, il n'était pas certain du tout d'avoir dans l'existence ce minimum, qui pût lui assurer la vie matérielle et la liberté (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.466).♦ Minimun vieillesse. Pension d'assurance vieillesse qui ne peut être inférieure à une certaine somme. Une deuxième majoration d'environ 17,5 % doit porter le minimum vieillesse à 2000 francs par mois (Le Monde, 29 déc. 1981, p.16). C. − Au fig. Degré, niveau le plus bas auquel une chose puisse être abaissée, réduite. Être à son minimum. Ces familles françaises sont réduites au minimum: père, mère, un ou deux enfants (Rolland,J.-Chr.,Maison, 1909, p.1042).[Ces grandes sociétés] tendent, plus encore que les grands propriétaires, à limiter au strict minimum les salaires des ouvriers agricoles indigènes qu'elles emploient (Lesourd, Gérard,Hist. écon.,1966, p.536). Rem. La lang. sc. utilise de préférence la forme minima au plur. Méthode des maxima et des minima; thermomètre à maxima et à minima. Les chiffres de commandes, fixés comme je viens de le dire dans l'incertitude où on se trouvait sur les possibilités de production de l'industrie nationale et étrangère, devaient être considérés comme des minima (Joffre, Mém., t.2, 1931, p.29). Les stricts minima nécessaires chaque jour à l'homme adulte sont fixés aux valeurs suivantes (...): protides: 60 à 70 gr (1 gr environ par kg de poids du corps), dont 25 à 30 gr au moins d'origine animale; lipides: 40 gr; glucides : 40 gr (quantité toujours largement dépassée en pratique) (R.Lalanne, Alim. hum., 1942, p.44). [Les sanguins] ont les minima pour l'anxiété, l'indécision, la distraction, la rumination mentale, et sont peu susceptibles, sans rancune (Mounier, Traité caract., 1946, p.249). − MÉTÉOR. Minima orageux. Dépressions barométriques de peu d'étendue et de faible fréquence qui apparaissent sur la carte du temps (d'apr. Delc. t.5 1928). II. − Emploi adj. Au delà duquel/de laquelle on ne peut descendre; qui constitue une limite inférieure. Les prix s'entendent en argent suisse pour un séjour minimum d'une semaine... Parfait! Tu pourras rester huit jours! (Malègue,Augustin,t.2, 1933, p.451).Le gouvernement n'a maintenu que le nombre minimum de condamnations à mort, commuant la plupart en peine de prison (Camus,Révolte Asturies,1936, iv, p.434).Écrire, c'est s'adresser à des anonymes, mais dont on escompte qu'on trouvera chez eux le stock minimum d'idées et de jugements nécessaires pour amorcer le courant (Lalande,Raison et normes,1948, p.21). SYNT. Bénéfice, délai, durée, effectif, limite, prix, programme, salaire, service, taille, temps, volume minimum; appointements minimums. Rem. La forme minima est souvent rencontrée au masc. plur. et au fém. sing. et plur. Salaires, versements minima; normes, performances minima. En dehors des théâtres subventionnés, les tarifs minima sont déterminés avec minutie par le règlement syndical (Arts et litt., 1936, p.80-8). Les usagers, connaissant la température minima qui s'est produite réellement au point déterminé qui les intéresse, peuvent, d'après la variation prévue par le service central, en conclure la température minima probable du lendemain (Maurain, Météor., 1950, p.164). Prononc. et Orth.: [minimɔm]. Att. ds Ac. dep. 1762; 1878 ,,les mathématiciens disent ordinairement au pluriel, des minima``; 1935: ,,on dit indifféremment au pluriel des minimums ou des minima``. Littré: ,,les mathématiciens disent ordinairement, au pluriel des minimas. Mais dans le langage général, il faut dire les minimums et non les minima``; Rob.: ,,pour le pluriel, minimums ou minima et pour l'adjectif féminin, minimum ou minima``; Lar. Lang. fr.: des minimums. Étymol. et Hist. 1. 1705 math. «valeur d'une fonction inférieure à celles qui la précèdent ou la suivent immédiatement» (A. Parent, Recherches de mathématique et de physique, t.2, p.185 d'apr. FEW t.6, 2, p.114b); 2. a) 1762 «valeur la plus petite atteinte par une quantité variable» (Rousseau, Du Contrat social, III, 2 ds
Œuvres complètes, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t.3, p.401); b) 1830 adj. «qui constitue un minimum» (Cauchy,
Œuvres complètes, t.2, p.135); c) 1832 au minimum «au moins» (Lamart., Corresp., p.285); 3. 1771 «la plus petite quantité déterminée nécessaire» (Turgot à Condorcet, 17 mai, éd. Schelle, III, p.516 ds Brunot t.6, p.57, note 8); 4. 1810 dr. «minimum d'une peine» (Gazette nationale ou le Moniteur universel, 19 févr., 203c, v. maximum); 5. a) 1901 minimum vital «somme permettant de satisfaire le minimum des besoins qui correspondent au niveau de vie dans une société donnée» (Jaurès, Ét. soc., p.XXXVIII); b) 1945 biol. «minimum nécessaire pour maintenir l'organisme en vie» (P. Vallery-Radot, Notre corps, cette merveille, VII ds Rob.). Empr. au lat. minimum, neutre pris substantivement de minimus «le plus petit», superl. de parvus «petit». Fréq. abs. littér.: 496. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 84, b) 198; xxes.: a) 480, b) 1642. Bbg. Gohin 1903, p.351. _ Mack. t.1 1939, p.177, 193, 239, 283. _ Quem. DDL t.20. |