| MINCEUR, subst. fém. A. − [Correspond à mince I A 1] 1. Faible épaisseur ou caractère de ce qui est peu épais. Le derme cutané du porc-épic, par exemple, est d'une minceur et d'une mollesse également excessives (Cuvier,Anat. comp.,t.3, 1805, p.353).En dépit de sa minceur, elle [la peau qui recouvre l'extérieur du corps] protège effectivement le milieu intérieur des variations incessantes du milieu cosmique (Carrel,L'Homme,1935, p.75): 1. Vêtu d'une étoffe souple et blanchâtre comme je n'aurais jamais cru qu'un homme eût osé en porter, et dont la minceur n'évoquait pas moins que le frais de la salle à manger, la chaleur et le beau temps du dehors, il marchait vite.
Proust,J. filles en fleurs,1918, p.729. − P. métaph. J'ai pu mesurer (...) la minceur de l'amitié entre deux femmes (Amiel,Journal,1866, p.325). 2. Étroitesse. Ses prunelles [du juge] conservaient cette minceur hostile propre aux chats et aux hommes de loi (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p.105). B. − [Correspond à mince I A 2] 1. Caractère ou état de ce qui est fin et/ou élancé. N'oubliez pas que je fus champion du monde [à la pelote] Et, pour ce métier, mieux vaut avoir la minceur du peuplier Que l'obésité de l'outre, fût-elle emplie du meilleur vin de Catalogne (Jammes,Robinsons,1925, p.167). 2. En partic. [À propos d'un être vivant (et notamment de l'homme), d'une partie du corps] Cure de minceur. Ses traits à fines arêtes, auxquels la phtisie fit garder, toute sa vie, la minceur de la jeunesse (Goncourt,Journal,1892, p.301).MgrHertzog apparut ensuite, douce figure à cheveux de neige et, dans sa soutane strictement noire, d'une minceur osseuse d'adolescent (Malègue,Augustin,t.2, 1933, p.158).Dans cette poursuite éperdue de la minceur, un contre-courant s'amorce. Timide, mais réel. La valeur minceur perd du poids si l'on peut dire (Le Nouvel Observateur,22 mai 1978, p.60, col. 2): 2. Le contraste entre l'humble métier de la vendeuse de journaux et son aristocratie native était rendu plus sensible encore par l'élégante minceur de ses poignets et de ses doigts fuselés, si peu faits, semblait-il, pour cette besogne de compter les sous des clients.
Bourget,Actes suivent,1926, p.53. − En appos., séparé ou non par un tiret. [Surtout dans le vocab. de la public.] Médicaments minceur; menus-, recettes-, régime-minceur. De vrais professionnels établiront gracieusement et sans engagement de votre part un bilan-conseils. Ils vous indiqueront les résultats que vous pouvez obtenir, la durée et le prix (...) de votre traitement beauté-minceur (Elle,6 déc. 1976, p.105, col. 1).À côté de son restaurant de «cuisine gourmande» (trois étoiles), il a créé [Michel Guérard], à l'hôtel des Prés et des Sources, le premier restaurant de «cuisine minceur» (L'Express,12 juin 1978, p.113, col. 2). − [Avec compl. prép. de indiquant ce qui est mince] [Une] femme, belle à réapercevoir quand elle a repris sa minceur de silhouette dans le décor de la vie (Proust,Guermantes 2,1921, p.363). − [Qqf. synon. de maigreur] Comme la minceur des mollets exprime douloureusement la débilité du corps! (Frapié,Maternelle,1904, p.28). − Emploi subst., p. méton. Forme mince. Cette figure inquiétante rit au-dessus d'un corps mignon et gras, presque trop féminin, tout en excès de minceurs et de rondeurs (Colette,Cl. s'en va,1903, p.114). C. − [Correspond à mince I B 2] Au fig. Caractère de ce qui est insignifiant, de ce qui manque de consistance. La minceur d'un fait, d'un résultat. Oui, c'est un peu mince [le discours des prix], mais d'une minceur fringante (Colette,Jumelle,1938, p.33): 3. ... comme on ne se renouvelle qu'en sortant de soi, la pensée schizoïde, même chez ses représentants éminents, garde une certaine impuissance. Stéréotypie des intentions et des thèmes, minceur de l'oeuvre: qu'on pense à Mallarmé ou à Valéry.
Mounier,Traité caract.,1946, p.647. Prononc. et Orth.: [mε
̃soe:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1782 (Encyclop. méthod. Arts et Métiers t.1, p.679: la minceur de ce ciment); 1866 au fig. (Amiel, loc. cit.). Dér. de mince*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér.: 42. |