| MIMIQUE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − Rare. Qui concerne le mime, qui a rapport au mime (v. ce mot A). Pièce, poésie mimique; jeux mimiques; auteur mimique. (Dict. xixeet xxes.). B. − Dans le domaine du théâtre.Qui imite, exprime (une action, un discours, un état physique et/ou psychique) par des gestes, des jeux de physionomie qui sont socialement codés. Expression, instinct, langage, talent mimique; mouvements, signes mimiques. Ces arts peuvent être appelés arts du geste, ou encore arts mimiques, parce que l'imitation en est le moyen principal (Alain,Beaux-arts,1920, p.45).L'art mimique de l'acteur parlant est certes moins pénible que celui du mime pur, (...) il est plus que l'art de son frère muet: subtil, mal saisissable, mystérieux même (É. Decroux,Paroles sur le mime,Paris, Librairie Théâtrale, 1963 [1954], p.61): 1. ... on retrouve (...) dans ces formules (...) les deux composantes évoquées ci-dessus: la composante proprement mimique, le talent d'extraire (de la réalité de mille gestes (...)) le geste dépouillé, réduit au signifiant de ses seuls traits pertinents; puis la composante économique, ou plastique (...) qui permet d'exécuter ce signifiant gestuel à la perfection.
Mounin,Introd. à la sémiologie,Paris, Éd. de Minuit, 1970, p.177. − En partic. Relatif à l'expression du visage, en tant qu'elle est associée à certaines émotions. La Comedia dell'Arte ou la farce, élimineront la précision mimique au profit d'une gestualité expressive du reste du corps, allant même jusqu'à recourir au masque pour neutraliser l'expression faciale (P. Pavis,Dict. du théâtre,Paris, Éd. Sociales, 1980, p.253). II. − Substantif A. − Subst. masc., rare. Auteur de mimes (v. ce mot A 1). (Dict. xixeet xxes.). B. − Subst. fém. 1. Art de l'imitation, de l'expression par le geste et/ou l'expression de la physionomie; action de mimer. Santeul avait (...) au nombre de ses talents, celui de la mimique, et il excellait à ces légères scènes improvisées, qui faisaient de lui un véritable acteur de société (Sainte-Beuve,Caus. lundi,t.12, 1855, p.55).La mimique, fût-elle pantomime, n'est jamais que mimique, c'est-à-dire à la fois imitation (ou mimétique) et gesticulation (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p.154).Il se fit doubler par un cantor (...) qui avait pour mission de chanter ou de déclamer le texte, tandis que lui-même exécuterait la mimique ou la danse correspondante (...). La division établie par Livius entre chant et mimique n'était (...) pas sans exemple sur le théâtre grec (P. Grimal,Le Théâtre antique,Paris, P.U.F., 1978, p.88): 2. Au théâtre, la mimique est capitale pour le jeu naturaliste et psychologique. Tout le mouvement intérieur du personnage est codé dans un ensemble de composantes faciales associées, dans l'esprit du spectateur, à certaines émotions (kinésique).
P. Pavis,Dict. du théâtre,Paris, Éd. Sociales, 1980, p.253 2. a) Ensemble des gestes expressifs et/ou des jeux de physionomie (spontanée ou non) qui accompagnent le langage oral ou se substituent à lui. Mimique dédaigneuse; mimique d'admiration, d'impatience. Le beau Mayol debout devant le buffet, avec une mimique de dos énervée et lasse, déchiquetait une mauviette férocement (A. Daudet,N. Roumestan,1881, p.161).Soupe jouait l'effroi, exhortait Lahrier au silence, par une mimique compliquée, des deux bras (Courteline,Ronds-de-cuir,1893, 4etabl., 1, p.125).Elle montrait, fourchette en main, cette mimique des voraces qui regardent en ennemis leur propre nourriture (Duhamel,Notaire Havre,1933, p.95). b) MÉD. Expression faciale et gestuelle (sans dimension verbale) qui peut être émotive, réflexe, volontaire ou non et qui traduit le vécu intérieur d'un sujet (d'apr. Méd. Biol. t.2 1971). Mimique morbide; troubles, muscles de la mimique. La peau est épaisse (...) le regard terne et la mimique insignifiante (Pagniez dsNouv. Traité Méd.fasc. 8 1925, p.6). REM. 1. Mimiquer, verbe.Il se mit à mimiquer de long en large en agitant un mouchoir (Queneau,Enf. du limon,1938, p.12). 2. Mimiquerie, subst. fém.La jeune fille qui joue le rôle du fils de Tell (...) est pour la mimiquerie ce qu'était Léontine Fay (Stendhal,Corresp.,1831, p.31). Prononc. et Orth.: [mimik]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. Adj. a) 1585 «relatif aux mimes, aux histrions» (Gentian Hervet, Cité de Dieu, p.177); b) 1823 «qui exprime par les gestes» (Chateaubr., Corresp., t.4, p.20); 2. 1824 (Raymond, Dict. (...) pouvant servir de suppl. au Dict. de l'Ac.: Mimique [...] Il se dit aussi substantivement de l'art d'imiter sur le théâtre les gestes et les actions de ceux que l'on représente. La mimique des Grecs); d'où 1840 (Ac. Compl. 1842: La mimique est une langue à part). 1 a empr. au lat. mimicus «de mime, digne d'un mime» (gr.μ
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ς «id.»); 1 b et 2 p.ext. de sens. Fréq. abs. littér.: 313. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)59, b) 222; xxes.: a) 487, b)867. Bbg. Quem. DDL t.13. |