| MILIEU, subst. masc. A. − 1. [Dans l'espace] a) Partie (point, ligne, plan, etc.) (d'une chose) qui est à égale distance des extrémités, des bords (de cette chose). Synon. région. vieilli mitan.Un corridor donnait accès dans une vaste cour dallée de marbre dont le milieu était occupé par un bassin de forme ovale (Louys, Aphrodite,1896, p.70).Le grand poêle à trois ponts occupait le milieu de la maison (Hémon,M.Chapdelaine,1916, p.31).Otto, derrière lui, le poussa vers le milieu de la pièce (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.181). − Dans le, en son milieu. Chacune de ces lames est partagée en deux dans son milieu par une scissure (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.126). − Par le milieu. [Un pont gigantesque] que l'on aurait coupé par le milieu, pour fermer le passage à une armée de Titans (Gautier,Tra los montes,1843, p.32).Il y avait bien trop de bruit aussi pour qu'on ait rien entendu jusqu'au moment où tous les arbres ont été cassés par le milieu dans les vergers (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.266).
α) Spécialement ♦ THÉÂTRE. Partie centrale (de la scène): 1. Rodrigue (...) entre par la porte de droite, traverse la scène (...); il revient vers le milieu après avoir jeté un coup d'œil, et disparaît...
Claudel,Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 3, p.1028. [Dans une indication scénique] Le Sous-Préfet, entraînant sa femme à part (milieu scène) et à mi-voix, très posément (Feydeau,Dame Maxim's,1914, 2, 11, p.35).♦ MUS. Selon que le violoniste, pour ébranler la corde, met en oeuvre telle ou telle partie de l'archet, soit la pointe, soit le talon, soit le milieu, il se produira des différences sensibles dans la nature de la sonorité (Gevaert,Instrument.,1885, p.24).L'archet [du violon] se divise en 3 parties principales, qui sont le talon, le milieu, la pointe (Capet,Techn. sup. archet,1916, p.12).[En parlant d'une oeuvre musicale] :
2. Le Milieu [d'un morceau de musique de la forme de l'Andante] peut être construit, soit sur une deuxième idée indépendante de la première, soit sur un motif qui pourra servir de Contre-Sujet à la Réexposition.
Dupré,Improvis. orgue,1925, p.116.
β) P. méton. ♦ CHORÉGR. Ensemble des exercices exécutés au milieu de la salle de classe, sans l'appui de la barre. Une leçon de danse comporte: 1oles exercices à la «Barre» (...) 2ole «Milieu» divisé en quatre parties (Meunier,Danse class.,1931, p.125). ♦ Milieu de table. Pièce de vaisselle décorative, généralement en argenterie ou en porcelaine, que l'on place au milieu d'une table. (Dict. xixeet xxes.). Synon. surtout.
γ) P. anal. ♦ Du milieu. [Pour situer une pers. ou une chose placée au centre, entre plusieurs autres] Les deux incisives du milieu sont remplacées la seconde année de la vie (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.137).Ernest comprend qu'il est devant le Komit-Intern pour son propre compte. Les trois commissaires du milieu se tournent vers lui (Jouve,Scène capit.,1935, p.72).L'Empire du Milieu (vieilli). L'Empire de Chine, la Chine. (Ac. 1878-1935). C'est l'Empire du milieu, Oui, corbleu, Autrement nommé la Chine (Pommier,Colifichets,1860, p.28). ♦ De milieu. [En parlant d'un meuble] Qui est (destiné à être) éloigné des murs d'une pièce. Tables en lave (...). Tables de milieu, en lave sur monture métallique, pour série d'élèves (Catal. instruments lab. [Prolabo], 1932, p.16).Lit de milieu. Lit éloigné des murs latéraux d'une chambre. Mais quelle félicité que ce semblant plus que modeste, de l'ancienne modeste, mais commode chambre naguère hélas! conjugale, avec son lit «de milieu» (Verlaine,
Œuvres compl., t.4, Prisons, 1893, p.399). b) Emploi adj., rare. Situé au milieu. Rochefort (...) entre les terres refusées des Rohan et des Mortemart, fondée par Colbert, est le point milieu entre l'Angoumois, le Poitou, la Saintonge, le Périgord, le Limousin (Michelet,Journal,1831, p.98).La perpendiculaire milieu [d'un navire] est à égale distance des [perpendiculaires avant et arrière] (Croneau, Constr. nav. guerre, t.1, 1892, p.12).V. livet ex. de Galopin. c) Locutions
α) Loc. adv. Au milieu. Au centre; p. ext., à l'intérieur, à un endroit relativement éloigné des bords, de la périphérie. Il la conduisit dans un enclos entouré d'une haie de citronniers sauvages; au milieu étoit une chétive demeure, où tout respiroit la tristesse et la misère (Cottin,Mathilde, t.2, 1805, p.226).Sur la table ronde, il y avait une nappe blanche, les assiettes en forme de feuilles vertes chargées de gâteaux, de petits fours, de biscuits, de bonbons... Au milieu trônait la tarte faite par Henriette (Triolet,Prem. accroc,1945, p.131).
β) Loc. prép. Au milieu de. Au centre de, dans la partie centrale de. Ils s'arrêtèrent au milieu du carrefour et firent groupe, comme des gens qui se consultent (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.538).V'là un filon pour Blaire, dit Carassus, qui a au milieu de la figure un drôle de grand nez qui ne lui va pas (Barbusse,Feu,1916, p.93).Le matin du 16 avril, le docteur Bernard Rieux sortit de son cabinet et buta sur un rat mort, au milieu du palier (Camus,Peste,1947, p.1221). − P. ext. À l'intérieur de, à un endroit relativement éloigné des bords, de la périphérie de. Synon. au coeur de, dans.Clara est représentée au milieu d'un intérieur singulièrement bourgeois (Staël,Allemagne, t.3, 1810, p.44). ♦ Synon. (avec une nuance fam.) en plein(e).Je me retrouvai seul au milieu de Paris, à une heure inaccoutumée (Fromentin,Dominique,1863, p.154).Il ne s'arrêta pas, sourit aux enfants, et la laissa plantée au milieu de la route. Elle n'avait point de religion, mais elle s'était imaginé brusquement que ce prêtre allait lui donner quelque chose (Zola,Germinal,1885, p.1210). ♦ [Avec un compl. au plur.] Dans un vaste enclos étaient parqués, au milieu des citronniers et des tamaris, les taureaux que l'on conduirait ce soir à la gare des Merinales (Montherl.,Bestiaires,1926, p.485).Synon. parmi.Je me lève toujours avec un sentiment d'inquiétude et n'ayant pas de plan de travail arrêté d'avance. Je demeure incertain au milieu de mes livres et de mes papiers (Maine de Biran,Journal,1816, p.212). − [Avec une nuance fam. et une valeur intensive] Au beau milieu de (v. beau III A 1), en plein milieu de. De peu s'en fallut qu'il ne trouvât interminables les trente tours de roue qu'il y avait, de son logis à celui du coiffeur, juste au beau milieu des Champs-Elysées (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.208).Son ménage, tu as vu ça? La boîte à ordures en plein milieu de la cuisine (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.16). ♦ Tout au milieu de, tout au beau milieu de. Il y avait dans la côte un pauvre diable vagabondant avec son bâton, tout au milieu des diligences (Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.116).Le monde, tel qu'ils le conçoivent, est jeune, simple et naïf comme eux. Jacqueline y voit Miraut et Miraut y voit Jacqueline tout au beau milieu (A. France,P. Nozière,1899, p.64). 2. P. anal. [Dans le temps] a) Partie, moment également éloigné des deux termes d'une période déterminée. Du 15 novembre au milieu de mars, bon ouvrier comme il l'était, il trouvait bien cinquante journées à faire dans les bois (R. Bazin,Blé,1907, p.69).Mais quel homme, une fois atteint le tournant du milieu de la vie, trouve encore quelque intérêt à ses propres passions? (Mauriac,Journal 2,1937, p.164). − Vers le milieu de. Vers le milieu du siècle. Ta grand'mère (...) voudrait savoir le jour exact de ton retour. Je lui répète que ce sera vers le milieu ou la fin de la semaine (Flaub.,Corresp.,1871, p.276). − [Dans une indication de date donnée en début de lettre] À Mademoiselle Amélie Bosquet. Croisset mardi soir milieu de juin 1862 (Flaub.,Corresp.,1862, p.27). b) Loc. prép. − Au milieu de. Au milieu de la nuit. Flaubert arrive de Rouen au milieu du dîner (Goncourt,Journal,1860, p.778).Je compte être de retour à Paris au milieu de février, peut-être avant? (Flaub.,Corresp.,1862, p.3).Encore une chose qu'Anne ne tolérait pas: que l'on fumât au milieu du repas (Sagan,Bonjour tristesse,1954, p.178). 3. Me voici maintenant au milieu de mon âge,
Je me tiens à cheval sur ma belle maison;
Des deux côtés je vois le même paysage,
Mais il n'est pas vêtu de la même saison.
Cocteau,Poèmes,1916-23, p.169. ♦ P. métaph. du compl. Je suis au milieu du chemin de la vie, à supposer ce chemin égal pour tous et menant à la vieillesse (A. France,Livre ami,1885, p. 3). ♦ [En parlant d'un texte, d'un discours] Partie, endroit d'un développement qui est à peu près également éloigné du commencement et de la fin. M. Thibault semblait, à partir de ce moment-là, avoir pris l'habitude d'intercaler, au milieu des textes, le fruit de ses propres méditations (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1335). ♦ [En parlant d'une oeuvre musicale] Dans la pleine maturité, l'homme installe au milieu de l'oeuvre sa «Themalösung», «ein Lied im Lied» (Rolland,Beethoven, t.1, 1937, p.288). ♦ P. anal. [En parlant d'un ensemble de pensées] Je m'endormis au milieu de ces pensées, je fus réveillé par une lettre de Marguerite (Dumas fils, Dame Camélias,1848, p.130). − [Avec une nuance fam. et une valeur intensive] Au beau milieu de (v. beau III A 2), en plein milieu de. Jamais la chaleur, même en plein milieu du jour, n'avait été si pénible que ce matin-là (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.249). 3. P. anal., loc. prép. Au milieu de a) [Le compl. désigne des pers.] Au sein (d'un groupe), en compagnie, en société de. La douleur que me causait ma plaie me fit évanouir au pied d'un arbre, et là, en reprenant connaissance, je me suis trouvé au milieu d'une famille allemande (Sénac de Meilhan,Émigré,1797, p.1571): 4. ... si vous voulez vivre estimé au milieu d'Anglais bien élevés, vous devez vous efforcer de comprendre le point de vue. Ils n'ont pas de tendresse pour les tristes et méprisent les sentimentaux.
Maurois,Silences Bramble,1918, p.79. b) Au fig. [En parlant des circonstances extérieures: bruits, événements qui entourent, accompagnent qqn ou qqc.; avec une valeur temporelle antant que spatiale] Synon. entouré de, accompagné de.Au milieu de l'approbation générale. Une grêle fanfare résonna, les deux battants rouges se renversèrent avec fracas, et le taureau se précipita dans l'arène au milieu d'un hourra immense (Gautier,Tra los montes,1843, p.79).Un acteur qui rentre une dernière fois sur la scène avant que le rideau tombe tout à fait au milieu des éclats de rire (Blanche,Modèles,1928, p.134). − Dans, au plus fort de. Synon. au coeur de.Il avait sauté l'un des premiers dans l'eau, au milieu des coups de fusil et des coups de gaffe, pour hacher une grosse corde qui retenait la flotte (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.126).Vous ne comprenez pas qu'au milieu de tous ces embêtements, je sois un peu morose? (Goncourt,Journal,1894, p.518). ♦ [Avec une certaine valeur adversative] Je voudrais donc peindre dans un roman (...) un mari et une femme privés de tout au milieu de l'abondance publique (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.334). − Loc. fam. Au milieu de tout cela (Ac.). Parmi tout cela, avec tout cela, malgré tout cela. − [Le compl. indique l'état physique ou moral de qqn] Au milieu de la mélancolie qui s'emparait de plus en plus de l'âme de Fabrice, une idée bizarre et même ridicule s'était présentée (Stendhal,Chartreuse,1839, p.145).Hier soir à 11 h 30, travaillant au milieu de souffrances atroces à mettre sur pieds la suite de mon étude sur Numquid et tu? (Du Bos,Journal,1927, p.212). B. − Au fig. Position, situation intermédiaire entre deux états, deux notions, deux solutions qui s'opposent. Il disait qu'il y avait un milieu entre ne pas faire du bruit et le néant de la trappe (Balzac,Lys,1836, p.195).Je voyais avec simplicité le milieu entre l'indifférence et l'intérêt excessif (Dupanloup,Journal,1864, p.257). − [À la forme négative] A-t-il oublié qu'il n'y a pas pour moi de milieu entre le malheur et la honte? (Dumas père, Angèle,1834, v, 6, p.202).Je compris qu'il n'y avait pas de milieu entre l'inexistence et cette abondance pâmée. Si l'on existait, il fallait exister jusque-là, jusqu'à la moisissure, à la boursouflure, à l'obscénité (Sartre,Nausée,1938, p.163). ♦ Loc. Il n'y a pas de milieu (Rey-Chantr. Expr. 1979). Il n'y a pas de moyen terme, il faut choisir (entre deux choses). Il n'y a point de milieu (Ac.), p.ell. point de milieu (Ac. 1835-1935). Point de milieu, il faut se rendre ou combattre (Ac.1835-1935).Il faut choisir ce qui convient et revenir soit à Stendhal soit à Descartes, car il n'y a guère de milieu possible (Valéry,Corresp. [avec Gide], 1899, p.343). − Tenir le milieu (entre... et...). Constituer un moyen terme entre (deux choses). À cheval par les chemins, ils [les gentilshommes secondaires] tiennent le milieu entre le curé portant les sacrements et le contrôleur des contributions en tournée (Balzac,Femme aband.,1832, p.259).D'avance il s'était figuré une ville orientale, féerique, mythologique, quelque chose tenant le milieu entre Constantinople et Zanzibar... (A. Daudet,Tartarin de T.,1872, p.64). − LOG. Principe du milieu exclu (Piguet 1960). Principe selon lequel, de deux propositions contradictoires, il est nécessaire que l'une soit vraie et l'autre fausse, et il n'existe pas de troisième hypothèse possible. Synon. principe du tiers exclu*. − Le juste-milieu*. P. plaisant. Un petit homme sec et maigre, des cheveux roux et rares, de l'importance dans toute sa personne, (...) un juste et agréable milieu entre le commissaire royal et l'ouvreuse de loges (Janin,Âne mort,1829, p.24). C. − Ce qui entoure un être ou une chose, ce dans quoi un corps ou un être vivant est placé. Synon. environnement.Action, influence du milieu. Il existe un milieu homogène, silencieux, incolore, abstrait comme l'espace, où est possible depuis le commencement des temps le calme échange des entretiens philosophiques (Nizan,Chiens garde,1932, p.46). 5. On admet donc que les antécédents psychiques d'un acte libre sont susceptibles de se reproduire à nouveau, que la liberté se déploie dans une durée dont les moments se ressemblent, et que le temps est un milieu homogène, comme l'espace.
Bergson,Essai donn. imm.,1889, p.170. ♦ P. métaph. Ce n'était pas [la mort de Lola] un événement, c'était un milieu, une substance pâteuse à travers laquelle Mathieu voyait la tasse de thé et la table de marbre (Sartre,Âge de raison,1945, p.207). 1. SC., PHYS., MÉCAN. Élément physique dans lequel un corps est placé, au sein duquel se produit un phénomène. Milieu conducteur, élastique, gazeux, réfringent, résistant; mécanique des milieux continus. Dans un milieu isotrope, il n'y a évidemment qu'un indice de réfraction à envisager, mais dans un milieu anisotrope, il y en a plusieurs (Metta,Pierres préc.,1960, p.28): 6. L'échec des premiers dispositifs expérimentaux réalisés pour tenter d'obtenir la fusion contrôlée a montré l'insuffisance de nos connaissances des milieux ionisés et a conduit les chercheurs à se pencher sur la physique des plasmas.
Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2, 1964, p.314. − Milieu ambiant. V. ce mot A ex. 2 et 5 et rem. finale. − ÉLECTR. Permittivité, réluctance du milieu; milieux de perméabilité. Un dipôle qui polarise lui-même le milieu environnant, considéré comme un milieu diélectrique continu (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2,1964, p.294).On utilise comme milieu conducteur un liquide, de l'eau ordinaire en général (Frühling,Cours d'électr., t.1,1966, p.78). − ASTROPHYS. Milieu cosmique. La physique du milieu interplanétaire commence à être moins mal connue depuis qu'on en a entrepris l'étude directe au moyen de sondes spatiales (Schatzman,Astrophys.,1963, p.142): 7. Ce qu'on nomme aujourd'hui «astrophysique théorique» n'a guère une signification plus limitée: il s'agit de décrire en termes de quantités physiques (températures, pressions, mouvements, champs magnétiques...) les régions des étoiles, des planètes, du milieu interstellaire...
Hist. gén. sc.,t.3, vol. 21964, p.568. 2. BIOL., CHIM., GÉOGR., GÉOL., GÉOPHYS. Ensemble des éléments matériels et des circonstances physiques qui entourent et influencent ou conditionnent les cellules, les organismes vivants; en part. CHIM., domaine où s'effectue une réaction. Conditions de milieu. Ainsi se réalisent deux types de groupements des facteurs qui déterminent la flore d'un lieu: ce sont les milieux et les climats (Plantefol,Bot. et biol. végét., t.2,1931, p.507).La réaction du milieu a une influence considérable sur les phénomènes diastasiques du brassage (Boullanger,Malt. brass.,1934, p.20). − Milieu + adj.Dans les milieux marins où il s'est produit de grandes accumulations de sédiments, il s'est formé peu à peu un approfondissement des bassins qui les renfermaient (J.Cahen, Bruet,Carrières,1926, p.242).Un support solide baignant dans un milieu liquide (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 2,1964, p.620): 8. Le plasma ou le sérum sanguins, comme le jus embryonnaire, sont des milieux d'une complexité infinie dont la constitution est variable. Aussi a-t-on cherché à leur substituer des milieux synthétiques...
J. Verne,Vie cellul.,1937, p.28. ♦ Milieu géographique. Espace naturel ou aménagé qui entoure un groupe humain et dont les contraintes climatiques, biologiques, politiques, etc. retentissent sur le comportement et l'état de ce groupe (d'apr. George 1970). ♦ Milieu intérieur. Ensemble complexe des liquides organiques dans lesquels baignent les organes et les tissus d'un être vivant pluricellulaire. Le milieu intérieur, au sein duquel ils [les éléments histologiques] accomplissent leur vie et leur évolution (Cl. Bernard, Principes méd. exp., 1878, p.275). SYNT. Milieu acide, alcalin, anaérobie, aquatique, basique, biologique, composite, crayeux, cristallin, expérimental, humide, naturel, neutre, nutritif, organique, oxydant, salin. − Milieu de culture. Produit nutritif permettant le développement de colonies bactériennes à partir d'un petit nombre de germes, ou l'isolement de ces germes. La variété des milieux de culture dont nous nous sommes servis: urine, eau de levure de bière, bouillon de viande, etc. (Pasteurds Travaux,1878, p.184).L'addition de l'hormone au plasma utilisé comme milieu de culture est effectué au moment de la mise en culture (J.Verne,Vie cellul.,1937, p.159). − ANATOMIE ♦ Milieu de l'œil, milieux oculaires. Substances transparentes qui constituent le noyau de l'œil (d'apr. Méd. Biol. t.2 1971). − PEINT. Milieu de suspension. Ensemble des éléments constitutifs de la phase liquide de la peinture (d'apr. Peint. 1978). 3. [En parlant de pers. avec une valeur soc. dominante] a) Ensemble de conditions (matérielles, morales, psychologiques, sociales) constituant l'environnement d'une personne, et déterminant son développement et son comportement. Milieu humain; milieu social; en milieu rural, urbain; adaptation, assimilation au milieu. J'ai voulu peindre la déchéance fatale d'une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs (Zola,Assommoir,1877, p.373).Voyez le mouvement qui s'est produit dans l'université, c'est-à-dire dans un milieu où le développement de la culture mentale favorise le plus la liberté des jugements (Clemenceau,Vers réparation,1899, p.102). − Milieu de + subst.Je ne sais pas si vivant (...) en Allemagne, par exemple, au XVIesiècle, je n'aurais pas été dans un milieu plus propre à ma nature, un milieu de force et de matérialité, mangeant du sanglier, buvant, baisant (Goncourt,Journal,1865, p.194).Mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu'ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent (Zola,Assommoir,1877, p.374). ♦ Absol. Il fût devenu, sans le milieu et les circonstances, un bon professeur de province, heureux de la paix de sa petite ville (Zola,Ventre Paris,1873, p.732).Quand l'appartenance au milieu prédomine sur la maîtrise du milieu, l'impersonnalité s'installe dans les attitudes psychiques (Mounier,Traité caract.,1946, p.79). b) P. méton.
α) Groupe social constituant l'entourage d'une personne, et dont elle subit l'influence. Milieu familial, natal, scolaire; milieu culturel; milieu étouffant, ouvert. Un milieu fermé, bardé de préjugés (...) est une prison qui le plus souvent étouffe au germe la vie de l'esprit (Mounier,Traité caract.,1946p.112).La vaccination qui doit être à l'heure actuelle mise en oeuvre (...) chez tous les enfants et les jeunes gens exposés à vivre en milieu contaminé (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p.114). − Le milieu de qqn. C'est curieux de voir comme les enfants, tout en aimant le changement voudraient emporter leur milieu, leurs jouets d'habitude à travers le monde extérieur (Sand,Corresp., t.6, 1872, p.217).L'oisiveté ne te vaut rien du tout. Tu peux me croire, j'ai suffisamment l'expérience des jeunes hommes de ton milieu (Aymé, Travelingue,1941, p. 138).
β) En partic. Ensemble de personnes formant un groupe social ou professionnel déterminé. Un bon milieu; un milieu malsain. Fréquenter divers milieux. Le milieu ébéniste est très spécial, surtout au faubourg (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.286).Les centres de vacances collectives accordent beaucoup d'importance à la découverte des milieux (Éduc.1979). − [En parlant d'un groupe prof. autant que d'un entourage matériel] En milieu hospitalier. Après avoir transporté rapidement le malade en milieu chirurgical, le médecin a recours aux examens de laboratoire (Quillet Méd.1965, p.155). − Souvent au plur. Dans certains milieux politiques américains, on commence à éprouver des inquiétudes sérieuses sur les plans que pourraient nourrir les Japonais contre une île dont l'importance stratégique n'a pas besoin d'être soulignée (De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.591).Ces recherches intéressèrent les milieux scientifiques, et deux physiciens entreprirent un travail de thèse sur les phénomènes de Becquerel (Leprince-Ringuet,Atomes et hommes,1957, p.20).L'agglomération industrielle urbaine suscite des types de consommateurs à consommations diversifiées et progressives par comparaison à celles des milieux agricoles ruraux (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.152). ♦ PRESSE, POL. Milieux autorisés. Le gouvernement, un ministre, leurs porte-paroles, représentant la source officielle d'informations, de nouvelles données (d'apr. Voyenne 1967). Milieux bien informés. Hauts fonctionnaires, personnalités touchant de près le gouvernement, représentant la source officieuse d'informations, de nouvelles données (d'apr. Voyenne 1967). SYNT. Milieux financiers, industriels, médicaux, militaires, officiels, ouvriers, touristiques, universitaires; milieux artistiques, intellectuels, littéraires, musicaux; milieux aisés, anarchistes, aristocratiques, populaires; milieux catholiques, jansénistes; milieux socioprofessionnels; les milieux de la résistance. − Absol. Le milieu. Groupe social formé de personnes vivant de la prostitution et d'autres activités illicites. Synon. mitan (arg., v. ce mot B), pègre.L'argot du milieu: 9. [La famille B était] composée du père, de la mère et de deux gosses de huit et douze ans. Les grands, André et Maurice, étaient des hommes du milieu, un peu barbeaux, un peu voleurs. Le père était un brave et honnête ouvrier.
Trignol,Pantruche,1946, p.23. Prononc. et Orth.: [miljø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Loc. prép. 1. début xiies. el milliu des «au sein d'un groupe de personnes» (Psautier d'Oxford, 67, 27 ds T.-L.); 2. id. el milliu d'ans «au cours des ans» (ibid., p.239, Canticum Habaccuc, 3, ibid.); av. 1573 «à un moment d'une durée également éloigné du début et de la fin» (Jodelle,
Œuvres, I, 258: au meillieu de mon age]; 3. ca 1140 «à mi-distance des extrémités, au centre de» (Geoffroy Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 2858: Devers le west une croiz ad, En miliu d'Engleterre estad); 1314 au milieu des costes (Henri de Mondeville, La Chirurgie, I, 416 ds C. Fahlin, Étude sur l'emploi des prépositions en, à, dans au sens local, p.103); 4. fig. 1558 (Mellin de Sainct-Gellais,
Œuvres, III, 213, ds IGLF: au meilleu du bruit et du tumulte des armées); 5. 1585 au beau milieu de (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, II, 84, ibid.). II. 1. 1130 «espace occupant une position entre plusieurs autres» (Voyage de Charlemagne, 349 ds T.-L.); 2. 1174-80 «partie d'une chose qui est à égale distance de ses bords» (Chrétien de Troyes, Roman de Perceval, éd. W. Roach, 3193: Qui une blanche lance tint Empoignie par le mileu); 3. fin xiies. «centre d'un espace» (Floire et Blancheflor, éd. M. Pelan, 1800: El mileu court une fontainne); 4. 1552-60 «moment également éloigné des deux termes d'un espace de temps considéré» (Du Bellay, IVelivre de l'Eneide, éd. H.Chamard, p.294, 946: C'estoit au poinct que ja la nuit voylee Tient le milieu de sa course estoilee); 5. 1585 «endroit d'un développement qui est à peu près également éloigné du commencement et de la fin» (Noël du Fail, op. cit., p.79: Ce fut donc à luy desploier le commencement, milieu, et le bout de ses finesses). III. 1. 1613 «ce qui occupe une position intermédiaire entre deux états» (Régnier, Sat., X ds Littré); 1656, 23 oct. il n'y a point de milieu (Pascal, Les Provinciales, éd. L. Lafuma, p.439b); 1656, 4 déc. tenir le milieu entre (Id., ibid., p.450a); 2. 1662 log. «ce qui peut être intercalé entre deux notions ou deux propositions» (Logique de Port-Royal, IIIepartie, ch. 12 ds Lal. 1968); 3. 1666 «solution de compromis, accommodement» (Furetière, Le Roman Bourgeois, 534 ds Quem. DDL t.6); 4. 1764 «tout ce qui sert à établir une communication» (Ch. Bonnet, Contemplation de la Nature, V, 5 ds Littré). IV. 1. 1639, 9 janv. «élément physique dans lequel un corps est placé» (Descartes, Lettre au P. Mersenne, éd. F.Alquié, II, 117); 2. 1809 zool. «ensemble des actions qui s'exercent du dehors sur un être vivant» milieux environnans, milieux ambians (Lamarck, Philos. zool., t.1, p.XVII et p.367); 1831 biol. «ensemble des circonstances qui entourent et influencent un être vivant» (E. Geoffroy de Saint-Hilaire, Mémoire à l'Acad. des sciences: Le degré de l'influence du monde ambiant pour modifier les formes animales); cf. 1832 (Balzac, L. Lambert, p.117); 1866 milieu intérieur (Cl. Bernard, Leçons sur les propriétés des êtres vivants, 55, 56); 3. p. ext. 1842 «ensemble des conditions extérieures dans lesquelles vit et se développe un individu» (Balzac, Avant-Propos, éd. la Pléiade, I, p.8); 4. 1846 «entourage matériel et moral d'une personne» (Balzac, Cous. Bette, p.211); 5. 1921 arg. Le milieu «monde de la pègre» (d'apr. Esn.). Comp. de mi-* et de lieu*. Fréq. abs. littér.: 26136. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 36752, b) 46353; xxes.: a)42478, b) 29405. Bbg. Adler (A.). Children in the juste milieu. Rom. Forsch. 1967, t.79, pp.345-377. _ Dub. Pol. 1962, p.343. _ Mack. t.2 1939, p.228, 261. _ Nilsson-Ehle (H.). Ambiance, milieu et climat. St neophilol. 1957, t.29, pp.180-191. _ Sain. Sources t.3 1972 [1930], p.76, 541, 542. _ Schalk (F.). Semantische Randbemerkungen. Rom. Forsch. 1953, t.65, p.415. _ Spitzer (L.). Milieu and ambiance. Philosophy and phenomenological research. 1942, t.3, pp.1-42. |