| MIGNONNET, -ETTE, adj. et subst. fém. I. − Adj. Diminutif de mignon. Je retombe, j'étais meurtri; je m'arc-boute sur mes abatis, et je vois à dix pas votre petite Sainte-Madeleine, dont le menu corps tout nu, de ses cheveux vêtu, grassouillet, mignonnet, était déjà par le feu pourléché (Rolland, C. Breugnon, 1919, p.204).Gentille comme un coeur, avec un mignonnet chapeau tout en plumes roses (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p.91). − Emploi subst. Je me souviens de la môme Graillon... Je passe d'une baraque à une autre... Enfin je la retrouve, la mignonnette. Elle m'attendait justement. Elle avait déjà tout bouclé (Céline, Mort à crédit, 1936, p.258).C'est assez de toujours mettre en avant les grosses volailles. Elles impressionnent par leur volume mais font de l'ombre aux poules naines. Ces mignonnettes mènent pourtant une carrière discrète mais efficace (Rustica, 10-16 juin 1981, no598, p.14). ♦ En appos. avec valeur adj. De petit format. Cartes Mignonnettes «Bonne Année» (...) sujets divers (Catal. jouets (B.H.V.), 1936). II. − Subst. fém. A. − BEAUX-ARTS, DÉCOR. ,,Petits clous de tapissier`` (Ac. 1935). B. − BOT., HORTIC. 1. ,,Pois de petite grosseur`` (DG). 2. Synon. vulg. de différentes plantes:
œillet de Chine, luzerne lupuline, saxifrage ombreuse, réséda des jardins: . Que m'importait de savoir le nom scientifique de toutes ces jolies herbes de prés, auxquelles les paysans et les pâtres ont donné des noms souvent plus poétiques et toujours plus significatifs: le thym de la bergère, la bourse à berger, la patience, le pied de chat, le baume, la nappe, la mignonnette, la boursette, la repousse, le danse-toujours, la pâquerette, l'herbe aux gredots, etc.
Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.446. − Au masc. ,,Trèfle des prés`` (Privat-Foc. 1870). 3. Petite espèce de poire rouge foncé. (Ds Littré, Lar. 19e-20e, Guérin 1892). 4. Petit œillet dont on garnit les plates bandes. Synon. mignardise*.Voir Chevreul, Moyen déf. et nommer coul., 1861, p.802. C. − GASTRONOMIE 1. Poivre concassé ou grossièrement moulu. Mettez dans une casserole à ragoût quelques émincés de jambon maigre, une pincée de mignonnette, un peu de thym et de laurier, des parures de champignons et de truffes et deux verres de madère sec (Gdes heures cuis. fr.,Carême,1833, p.132). 2. ,,Petite bouteille utilisée pour contenir un échantillon de liqueur`` (Lexis 1975). Alors, patron, un verre? Une bêtise, une mignonnette? J'ai refusé, nettement: «deux mignonnettes» (Duhamel, Journal Salav., 1927, p.116). D. − MODE 1. Dentelle très fine et très légère. (Dict. xixeet xxes.). Synon. blonde* de fil, point de tulle*. 2. ,,Galon ou lacet imitant le travail aux fuseaux`` (Lar. mén. 1926). Une vieille femme archi-vieille, prétentieuse et malpropre, qui passait son temps à faire de la «mignonnette» en rubans de couleur (A. Daudet, Jack, t.2, 1876, p.276). 3. Sorte d'étoffe tissue de laine et de soie. (Dict. xixeet xxes.). 4. Petite bande unie que l'on tisse au commencement ou à la fin des châles. (Dict. xixes.). E. − TRAV. PUBL. Petit gravillon que l'on répand sur certaines routes ou allées. On a réalisé un béton composé de marbre concassé à la dimension de la mignonnette (gravier fin) et aggloméré au ciment (Arts et litt., 1935, p.20-10). F. − TYPOGR. ,,Caractère très menu`` (Chesn. 1857). G. − ZOOL. Petit papillon de nuit. (Dict. xixes. et xxes.). H. − Arg. Petite photographie vendue comme image pornographique et reproduisant une peinture célèbre (d'apr. Riv.-Car. 1969). Prononc. et Orth.: [miɳ
ɔnε], fém. [-εt]. Att. ds Ac. dep. 1740 (au fém.). Étymol. et Hist. 1. Ca 1480 adj. et subst. «joli, gentil» (Guillaume Coquillart, Monologue du puys, éd. M. J. Freeman, 246 et 16); ca 1480 subst. terme fam. ma mignonnecte (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 27784); 2. 1697 subst. fém. mignonette «étoffe» (A. Renaud, Maniere de parler la lang. fr., p.24); 1699 «dentelle» (Le Mercure Galant in Mrs. Palliser Hist. Lace − 1865 − 31 note ds NED); 1721 «œillet» (Trév.); 1750 «poivre concassé» (Briand, Dict. des alimens, vins et liqueurs, t.2, p.342 ds Quem. DDL t.13); 1740 typogr. (Ac.); 1840 «petit papillon de nuit» (Ac. Compl. 1842); 1893 «gravillon (DG). Dér. de mignon*; suff. -et, -ette*. Cf. l'adj. a. fr. mignotet xiiies. (Moniot de Paris, Chans., éd. Holger Petersen Dyggve, XLVI, 6 ds Mém. de la Sté néo-philologique, t.13, p. 209). Bbg. Duch. Beauté 1960, p.170. _ Quem. DDL t.3. |