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* Dans l'article "MIGNON, -ONNE,, adj. et subst."
MIGNON, -ONNE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [L'accent est mis sur la petite taille] Qui charme par sa délicatesse, sa petitesse. Poignet, visage mignon; souliers mignons; bouche mignonne; mains mignonnes. Son pied mignon pressa le mien: tout est organe du sentiment, quand on aime, et celui-là n'est pas le moins expressif (Restif de La Bret.,M.Nicolas,1796, p.56).C'était une petite femme (...) mignonne et si délicate, que vous eussiez eu peur de lui briser les os en la touchant (Balzac,Message,1832, p.212):
1. Il était mignon, propret, douillet; on l'a appelé petite fille, on lui a donné des taloches et il a été forcé de jouer aux barres; à ce régime, il est devenu un peu plus résistant et plus homme. Taine,Notes Paris,1867, p.257.
En partic.
Pop. Argent mignon. ,,Épargne, économie, abondance d'argent comptant que l'on dépense en frivolités, que l'on emploie à satisfaire ses moindres désirs`` (Hautel t.2 1808). Il est bien plus aisé d'être honnête homme quand on a de l'argent mignon, que lorsque l'on est obligé de gratter les pavés (Raban, Marco Saint-Hilaire,Mém. forçat,t.2, 1828-29, p.84).
Canard mignon. Race de canard à plumage blanc. Le canard mignon a le volume et la conformation du canard sauvage à col vert (Lar. 20e).
Au fig. Péché mignon. Faute légère fréquemment commise. La curiosité était le défaut de Margot, le péché mignon de toutes ses soeurs agaces, qu'elle voyait, comme elle, accourir au premier signal étranger à leur vie (Pergaud,De Goupil,1910, p.178).
Rem. On dit aussi défaut mignon: S'il avait un défaut mignon, c'était d'être un tantinet gourmand (Verne, Île myst., 1874, p.328).
B. − [L'accent est mis sur le côté gentil et tendre] Qui charme par sa gentillesse, sa complaisance. Soyez mignons! Vous savez bien qu'il n'est pas toujours mignon, votre frère! (Sand,F. le Champi,1848, p.169).
C'est mignon de/il est mignon de. Il consentit même à ne pas dîner dans la salle à manger parce qu'il était plus mignon de s'installer comme autrefois dans la chambre (Huysmans,En mén.,1881, p.242).
Spécialement
BEAUX-ARTS. Bleu mignon. Nuance de bleu. (Dict. xixeet xxes.).
GASTR. Filet mignon. (v. filet2)
Emploi subst. masc. Ce qu'il y a de mignon dans une chose. Nous allons vous donner quelques scènes d'une comédie de ma composition (...) en vers (...). C'est du joli, du mignon (...) la pièce se nomme le Marquis séducteur (Kock,Zizine,1836, p.127).
II. − Substantif
A. − Celui, celle qui est mignon, mignonne. Les mioches branlants trouvaient un refuge dans la promenade de leurs jupes. Pourtant, quelques-uns furent bousculés. On m'amena une mignonne en pleurs qui avait été renversée et salie (Frapié,Maternelle,1904, p.27).C'est aux «pères angoissés de France» qu'il a lancé son grand appel, (...) aux mères qui rêvaient pour leurs chers mignons d'une saine et large existence absolument en plein air! (Céline,Mort à crédit,1936, p.591).
[Comme appellatif d'affection ou dans des emplois à valeur hypocoristique] «Georget, qu'est-ce que tu as, mon chat, mon mignon, mon poulet?» Caressé par sa mère, il se tut (Maupass.,Contes et nouv.,t.2, M. Parent, 1886, p.600).Il vient, ne me trouve pas, cause avec la bonne, qu'il appelle «ma mignonne», se chauffe au fourneau de la cuisine, et revient le lendemain (Renard,Journal,1905, p.1001):
2. «Si on ne parfumait pas la vie avec de l'amour, le plus d'amour possible, mignonne, comme on met du sucre dans les drogues pour les enfants, personne ne voudrait la prendre telle qu'elle est.» Berthe, effarée, ouvrait ses grands yeux. Elle murmura: «Oh! grand'mère, grand'mère, on ne peut aimer qu'une fois.» Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Jadis, 1883, p.599.
En partic.
Pop. Amant, maîtresse. Marc venait de nous quitter pour aller retrouver sa mignonne (Simonin,Touchez pas au grisbi,1953, p.161).
HIST. Favori efféminé de Henri III. Le roi Henri III vint poser la première pierre le 31 mai 1578, le soir du jour où il avait fait enterrer en grande pompe ses mignons Quélus et Maugiron (P. Rousseau,Hist. transp.,1961, p.160):
3. Et ces groupes de gandins efféminés (...) dont on admirait à Compiègne (...) les chemises de batiste brodées (...). Joli monde vraiment (...)! (...) ces mignons du temps d'Agrippa, s'appelant entre eux: «Mon coeur... Ma chère belle...» A. Daudet,Nabab,1877, p.241.
P. ext. Jeune homosexuel. Synon. giton.
B. − Subst. fém.
1. BOT. Variété de poires, de pêches et de prunes. (Dict. xixeet xxes.).
2. TYPOGR., vieilli. ,,Ancien nom du caractère de corps 7`` (Comte-Pern. 1974).
C. − HIST. DE LA MODE., subst. masc. plur. ,,Sorte de souliers d'enfants`` (Littré Suppl. 1877). On raconte qu'Alfred de Musset, tout enfant, eut un jour de petits souliers rouges fort jolis, qu'on appelle, je crois, des mignons (Sainte-Beuve,Caus. lundi,t.15, 1860, p.62).
REM.
Mignonner, verbe trans.Traiter d'une manière mignonne, avec délicatesse; choyer. Synon. mignoter.M. Ramastre s'affriolait (...) de cette Pipegalette (...) la mignonnait en catimini (Arnoux,Solde,1958, p.110).
Prononc. et Orth.: [miɳ ɔ ̃], fém. [-ɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. péj. prob. déjà «homme qui se prête à la lubricité d'un autre» (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 3635 et 3644), attest. isolée; 2. a) 1remoitié xves. subst. «amant» (R. Le Sénéchal, Rondeau ds Rondeaux et autres poésies du XVes., éd. G. Raynaud, p.111, 128, 2); 1555 mignon de couchette (Jacques Tahureau, 1erDialogue du Démocritic, éd. F. Conscience, p.20); b) 1446 «favori (à propos des jeunes gens de l'entourage de Charles VII)» (Pièce justificative ds Jean du Bueil, Jouvencel, éd. L. Lecestre, t.2, p.326); spéc. 1594 appliqué aux favoris efféminés d'Henri III (Satyre Ménippée, éd. Ch. Read, p.198); 1616 (D'Aubigné, Hist. univ., t.2, p.375); c) ca 1480 fam. ma mignonne (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 28006); 1690 adj. (Molière, Amour médecin, I, 2); 3. 1478-80 adj. «gracieux, joli, agréable» (Guillaume Coquillart, Enqueste, éd. M. J. Freeman, p.74, 329); 1478-80 subst. «jeune personne gracieuse, galant» (Id., Plaidoié, p.6, 39); 1718 péché mignon (Ac., s.v. péché); 4. p.ext. a) 1561 typogr. (P. Chaix, Recherches sur l'imprimerie à Genève de 1550 à 1564, 236 ds Wolf Buchdruck, p.103: letres dictes mignongne); b) 1690 pesche mignonne (Fur., s.v. pesche); c) 1831 souliers mignons (Balzac, Peau chagr., p.249); 1860 subst. (Sainte-Beuve, loc. cit.); d) 1833 bouch. filet mignon (Gdes heures cuis. fr., loc. cit.). Dér. d'un rad. miñ-, exprimant originellement la gentillesse, la grâce; suff. -on1*; dès le xve-xvies. a supplanté mignot* dont seuls les dér. (amignoter*, mignoter*), ont quelque vitalité. Fréq. abs. littér.: 787. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 632, b) 1833; xxes.: a) 1738, b) 778.
DÉR. 1.
Mignonnement, adv.De manière mignonne. Il y a toujours un échafaudage de petits rouleaux, de crêpés, de torsades ou de nattes; tandis que les bandeaux relevés sont légèrement frisottés: sans montrer d'autre désordre que les cheveux mignonnement ébouriffés (Mallarmé,Dern. mode,1874, p.747).Le prince de Piémont, un petit bébé endormi que la duchesse de Caserte, déguisée pour la circonstance en bonne grosse nounou classique (...) portait dans ses bras, entourée d'autres servantes bien mignonnement accoutrées des costumes de toutes les autres provinces (Cendrars,Bourlinguer,1948, p.120). [miɳ ɔnmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1reattest. ca 1480 «d'une manière délicate, agréablement» (Monologue du puys ds Guillaume Coquillart, Œuvres, éd. M. J. Freeman, 61); de mignon, suff. -ment2*; a supplanté le plus anc. mignotement (1228, Jean Renart, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 314) − 1690, Fur., répertorié comme ,,lang.`` dep.Ac. Compl. 1842 − Lar. 20e.
2.
Mignonnerie, subst. fém.Grâce mignonne, naturelle ou affectée. Quand nous arrivâmes à l'endroit où se tenait la marquise, elle vola sur le bord du chemin avec cette dextérité de cavalier qui lui est particulière, et dont Henriette s'émerveilla comme d'un prodige. Par mignonnerie, Arabelle ne disait que la dernière syllabe de mon nom, prononcée à l'anglaise, espèce d'appel qui sur ses lèvres avait un charme digne d'une fée (Balzac,Lys,1836, p.265).[miɳ ɔn(ə)ʀi]. 1reattest. av. 1765 (Caylus, Œuvres badines, XI, Chats, 8); de mignon, suff. -erie*; attesté une fois au xvies.: 1530 «afféterie» (Palsgr., p.257b, s.v. practynesse), puis au début du xviies. «état de mignon» (Sully, Mém., t.1, p.65, éd. 1638), sens répertorié par Guérin 1892.
3.
Mignonnesse, subst. fém.Caractère de ce qui est mignon. Je ne connais pas de bustes pareils. Oui, des bustes supérieurs à ceux de Houdon (...), des bustes où aucun sculpteur n'a mis comme lui, dans le marbre, le bronze, la terre cuite, la vie grasse de la chair. Et ces bustes de femmes, où dans la puissance et la force de l'exécution, − ce qui n'arrive jamais chez les sculpteurs qui font joli, − il y a la délicatesse de construction, la finesse des arêtes, la mignonnesse des traits et, pour ainsi dire, la spiritualité matérielle de la créature féminine (Goncourt,Journal,1894, p.577).[miɳ ɔnεs]. 1reattest. 1787 (Restif de La Bretonne ds l'Année littéraire, I, 315 d'apr. Brunot t.6, p.1145, note 1); de mignon, suff. -esse1*.
BBG.Delb. Matér. 1880, p.204 (s.v. mignonnerie). _ Duch. Beauté 1960, pp.168-171; p.189. _ Mack. t.2 1939, p.124. _ Sain. Sources t.1 1972 [1925], p.52, 55, 344, 411; t.2 1972 [1925], p.284; t.3 1972 [1930], p.111, 399. _ Vitu (A.). Le Jargon du 15es. Genève, 1977, pp.417-420.