| * Dans l'article "MIGNARD, -ARDE,, adj. et subst. masc." MIGNARD, -ARDE, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − Littér. [En parlant d'une pers. ou de ce qui la caractérise physiquement ou moralement] Qui est gracieux, délicat, joli. J'ai une impression de Japon assez charmante (...). C'est si bien cela! Ces trois petites femmes assises, gracieuses, mignardes, avec leurs yeux bridés, leurs beaux chignons (Loti,MmeChrys.,1887, p.30).La petite Indochinoise lui sourit. Elle était mignarde (...); il y avait deux ans que Mathieu se promettait de passer une nuit avec elle (Sartre,Sursis,1945, p.274): −. Solange avait une petite figure ronde et rustique de madone gothique: l'air vieillotte, enfantine, les yeux riants et plissés, le nez mignon, la bouche mignarde, le menton un peu lourd, la peau fine et le teint coloré.
Rolland,Âme ench.,t.2, 1925, p.245. − Péj. Qui affecte une délicatesse recherchée. Synon. affecté.Air mignard; petits-maîtres mignards. Leurs ajustements affectaient une braverie mignarde et galante (Gautier,Fracasse,1863, p.314).V. aussi agacinant B. − [En parlant de choses] 1. Qui a un aspect délicat, une grâce mignonne. Et la mignarde chaussure, qui n'avait pas de quartier, tenait seulement par les orteils à son pied nu (Flaub.,MmeBovary,t.2, 1857, p.114). − BEAUX-ARTS. Qui est gracieux, délicat. Il y a trois principaux tableaux de l'Albane, tous religieux, mais aussi mignards que ses peintures païennes (Taine,Voy. Ital.,t.2, 1866, p.204).Ses tableautins sont creux, envahis par une masse d'ustensiles qui prennent une valeur égale à celle de ses personnages; c'est, de plus, léché et mignard, c'est même, pour tout dire, un tant soit peu bébête (Huysmans,Art mod.,1883, p.65). ♦ Subst. masc. Le genre mignard. Donner dans le mignard (Littré). 2. Arg., pop. Petit, exigu. La salle à manger [du ferrailleur espagnol] (...) la cuisine, mignarde, crasseuse et empestée de l'odeur merdeuse des tambouilles à l'huile (Simonin,Touchez pas au grisbi,1953, p.156). II. − Subst. masc. ou fém. A. − 1. Pop. Petit enfant. À cette époque-là, je n'allais point à l'école, j'étais mignard (Bernanos,Mouchette,1937, 1275).Un môme de cinq piges (...). − Un miston? À qui? (...) À Jo? Il avait un mignard! J' savais pas (Le Breton,Rififi,1953, p.212). − ,,Fillette`` (Esn. 1966). Le plus difficile: la rançon (...) et c'qu'on fait de la mignarde. (...) Vingt-cinq briques par tête de pipe! fait le petit gros en extase. (...) Et qui c'est qui va faire rentrer le pognon? fait La Commande (Vialar,Clara,1958, p.56). − Le plus petit, le moins fort. Le mignard de l'équipe (Esn.1965). 2. Arg. ,,Homosexuel passif, jeune inverti`` (Cellard-Rey 1980). Tu l'connais pas, la Caille. Il peut pas sentir les mignards (Carco,Jésus-la-Caille,1914, p.48). B. − Arg. des bouchers. ,,Bélier que l'on place devant les moutons pour les faire entrer à l'abattoir`` (France 1907). Ce bélier parjure que l'argot de la boucherie appelle un mignard (H. Leroux, Les Larrons,ds France 1907). Prononc. et Orth.: [miɳa:ʀ], fém. [-aʀd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1524 adj. «mignon, gentil» (Briçonnet à Marguerite d'Angoulême, Correspondance, éd. Chr. Martineau et M. Veissière, t.2, p.177); 2. 1609 «d'une grâce, d'une gentillesse affectée» (Franç. de Sal, Vie dev., III, 20 ds Gdf. Compl.); 3. 1832 subst. masc. peint. (Raymond). Dér. du rad. expr. miñ-, v. mignon; suff. -ard*; l'a. prov. mignart «enfant gâté» est att. dès le xiiies. (Elias Cairel, Sirventés, 16 var. ms A ds Annales du Midi, t.16, p.469). Fréq. abs. littér.: 68. DÉR. 1. Mignardement, adv.D'une manière mignarde. Il commença à pincer par le bout ces belles boucles d'ébène dont la souplesse ne demandait pas mieux que de se tourner mignardement en spirales (Gautier,Fracasse,1863, p.332).Il savoure délicieusement et mignardement le joli fruit qui vient se poser sur ses lèvres (Taine,Notes Paris,1867, p.217).− [miɳaʀdəmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1694-1878. − 1reattest. 1538 «d'une manière mignarde» (Est., s.v. blande); de mignard, suff. -ment2*. 2. Mignarder, verbe trans.a) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Traiter d'une manière mignarde. Synon. dorloterCelui qui n'a pas d'appétit, à quoi se prendra-t-il dans le monde? Et ce n'est pas en le mignardant, qu'on va lui en donner. Elle en fera un freluquet, le fils d'un monsieur (Pourrat,Gaspard,1931, p.72).Les tard-venus comme moi ne connaissent pas de demi-mesure; ou bien on les choie, on les cajole, on les mignarde ridiculement, on en fait d'insupportables petits tyrans que la vie heurtera et décevra sans les mater (Arnoux,Crimes innoc.,1952, p.104).b) [Le compl. d'obj. désigne une chose] Rendre mignard. Mignarder son style. (Dict. xixeet xxes.). Emploi pronom. réfl. Sur la Durance, nul danger que la vieille bastide à tuiles rouges enveloppée de chênes, d'oliviers, de myrtes et de pins cède la place à des chalets et des palmiers, ni que les êtres se mignardent (Barrès,Mystère,1923, p.172).c) Emploi abs. Prendre des manières, des airs affectés. Si nous mignardions un peu? (Titre de L.Brunet, ds Déf. Lang. fr.1978, no93, pp.34-37).− [miɳaʀde], (il) mignarde [miɳaʀd]. Att. ds Ac. 1694-1878. − 1reattest. 1544 «traiter avec délicatesse» (Marot, Épigrammes, éd. C. A. Mayer, p.292); de mignard, dés. -er. BBG. − Duch. Beauté 1960, pp.165-167, 170-172. |