| MIEUX, adv. I. − [Compar. de supériorité de bien] A. − Adv. D'une manière plus satisfaisante, plus conforme à certains critères d'appréciation. 1. a) Verbe + mieux ou mieux + verbe (+ subst., pron. neutre ou inf.).Nous n'avons fait que creuser plus avant à mesure que nous avons mieux appris l'anatomie (Janin,Âne mort, 1829, p.6).Je décide de regarder mieux. Je fixe mon regard sur elles (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.261).Si l'on veut s'efforcer de mieux pénétrer ce donné et de le comprendre davantage (Lacroix,Marxisme, existent., personn., 1949, p.69). SYNT. S'accorder, chercher, comprendre, connaître, convenir, dormir, écouter, écrire, entendre, expliquer, exprimer, parler, répondre, respirer, réussir, saisir, savoir, vivre mieux. − Loc. verb. ♦ Aimer mieux. V. aimer ex. 131, 133 à 140. ♦ Aller mieux. [Le suj. désigne une chose] S'améliorer, prospérer. Aller mieux/être mieux/se porter mieux. [Le suj. désigne une pers.] Être en meilleure santé. Vous êtes mieux bien que très souffrant encore. Je veux espérer que cette lettre vous trouvera dans un état de convalescence plus décidé (Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p.124).V. aussi aller1ex. 43.Fam., pop., iron. Ça ne va pas mieux. Synon. pop. (non mais) ça va pas (la tête)!«Ça ne va pas mieux», répète le poilu à toute chose, même de mince importance, qui ne va pas selon son souhait; misère infinie, fatalité inexorable (Esn.Poilu1919, p.573).[S'apercevant que je regardais dans mon porte-monnaie, elle] me jeta en manière de nargue: «Ça va pas mieux! t' gaffes en douce si je t'ai pas fauché? (...)» (M. Stéphane,Ceux du trimard, 1928, p.59). ♦ Dire mieux; pour mieux dire. V. dire1II C 5 d. ♦ Être mieux. Être plus à l'aise, en de meilleures conditions. À chaque moment nous croyons être mieux, à chaque moment nous sommes pis. La confiance trop abusée s'éloigne sans retour (Senancour,Rêveries, 1799, p.80).De longues banquettes de velours vert, sur lesquelles il faisait bon s'étendre à plat ventre pour lire. Mais combien on était mieux encore (...) sur les marches mêmes (Gide,Si le grain, 1924, p.360). ♦ Faire mieux; faire mieux de + inf. Avoir intérêt à. V.faire1II B 1.Faire mieux/rendre mieux. Produire meilleur effet. V. faire1ex. 40. ♦ Pouvoir mieux; on ne peut mieux. Cet habit coquet des nonnes lui allait à ravir (...) On ne peut mieux (Musset,Lorenzaccio, 1834, i, 3, p.100). ♦ Valoir mieux. Avoir plus de valeur, d'avantages, de qualités. Neuve elle [la noblesse] se vendait alors; elle valait mieux (Courier,Pamphlets pol., Lettres partic., 2, 1820, p.62).Ça vaut mieux (pour vous), ça ne vaut pas mieux. − Mais tu ne mourras pas! − Si, si, ça vaut mieux, il le faut! (Zola,Débâcle, 1892, p.629).Il vaut mieux (+ inf.).Il vaut mieux avoir froid et rester toujours bien éveillé (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.80).Mieux vaut + subst. ou inf. (littér.).Je suis devenue impatiente, irritable... Mieux vaut me laisser seule dans mon coin (Mauriac,Mal Aimés, 1945, iii, 1, p.223). − Proverbe. Reculer* pour mieux sauter. b) Mieux + part. ou adj. verbal.Mieux portant(e). Le faux témoignage est ce qu'il y a de plus chic, de mieux porté, cette année, dans la haute société (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.159).Certaines élèves plus charmantes que les autres, plus jolies, mieux douées (Breton,Nadja, 1928, p.39).Me faire (...) une idée de lui plus complète et mieux informée (Billy,Introïbo, 1939, p.88). SYNT. Mieux accueilli, armé, assorti, composé, disposé, éclairé, inspiré, instruit, qualifié, renseigné, servi, traité. c) Littér. Mieux + adj.Les noms fameux d'Arles, d'Avignon (...) personnifient à nos yeux les formes composites les plus attrayantes de la beauté. L'antiquité s'y mêle au moyen âge pour nous être mieux accessible (Barrès,Cahiers, t.5, 1907, p.288).Qui donc aurait été mieux capable de te comprendre? Qui t'a plus regardé depuis dix ans et avec de meilleurs yeux? (Claudel,Soulier, 1944, 2epart., 2, p.1047). 2. [En corrélation avec que compar.] a) Mieux que + subst. ou adj. ou pron. dém., poss., etc.Au fond, pourquoi se lever? On est mieux assis que debout, mieux couché qu'assis (Maran,Batouala, 1921, p.22).Ce n'est pas tant le divorce que je blâme (...), c'est le mariage. Il me semble que tout vaudrait mieux que le mariage (Colette,Naiss. jour, 1928, p.16).V. aussi aimer ex. 132, 146 et bien1ex. 8. − Expr. Mieux que ça (v. ami ex. 67); mieux que jamais; mieux que personne. Il a éprouvé mieux que personne combien nos efforts sont vains (Lemaitre,Contemp., 1885, p.204). − Proverbes ♦ Mieux vaut tard que jamais. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. V. ceinture ex. 5. ♦ Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Une seule chose acquise vaut mieux que plusieurs possessions hypothétiques. Il [l'homme de catégorie moyenne] prépare obstinément ses fils à l'imiter, en vue de la retraite, aussi certaine que misérable, au moyen de laquelle lui et eux termineront leur carrière. Un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras (Gobineau,Pléiades, 1874, p.88). b) Mieux que (de) + inf.Le jeune couple a passé ici sa première nuitée (...). Cela ne vaut-il pas mieux que de livrer la mariée aux curiosités de l'auberge (Amiel,Journal, 1866, p.297).L'action prend toute la pensée et la garde, comme une bonne terre boit l'eau. Car saisir vaut mieux qu'admirer; mais faire vaut mieux que saisir (Alain,Beaux-arts, 1920, p.339).V. aussi aimer ex. 145, 147. Rem. Dans ce tour, l'emploi de la prép. de devant l'inf. est usuel mais facultatif. c) Mieux que + sub. compar.Les petites Irlandaises qui ramaient si bien, chantaient mieux encore et dansaient mieux qu'elles ne chantaient, et faisaient l'amour mieux encore (J. Bousquet,Trad. du silence, 1936, p.209).V. aussi aimer ex. 141, 142. − Rare. Mieux que si.Et puis ne vaut-il pas mieux tuer le diable que si le diable nous tue? (L'Héritier,Suppl. Mém. Vidocq, t.1, 1830, p.296). Rem. Dans ce tour, l'emploi de ne devant le verbe de la sub. est usuel (notamment lorsque le verbe de la principale est à l'affirmative). 3. [En corrélation avec plus ou moins] Moins ils comprendront, mieux ils marcheront (Camus,État de siège, 1948, 1repart., p.222). 4. Loc. adv. a) À qui mieux mieux. À qui fera mieux que l'autre, à l'envi, avec émulation. Ils se mirent à l'aimer à qui mieux mieux, aux enchères pour ainsi dire (Céline,Voyage, 1932, p.100). b) D'autant mieux. Ce sont de vieux chevaliers, assis en dehors de la barrière, qui jugent d'autant mieux les coups, qu'ils ne sont plus capables d'en porter (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.324). c) Ni mieux ni pis/ni pis ni mieux/ni mieux ni plus mal. Achetez, donnez Chambord, c'est la cour qui le mangera; le prince n'en sera ni pis ni mieux (Courier,Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.75). 5. Loc. interj. [Pour exprimer la satisfaction, p. oppos. à tant pis; parfois iron.] Tant mieux. Thérèse: (...) Je ne remettrai plus jamais les pieds à la maison. Brotonneau: Eh bien, tant mieux! (Flers, Caillavet,M. Brotonneau, 1923, i, 16, p.10). ♦ Tant mieux pour + subst. ou pron. pers., etc.Tant mieux pour Paul. C'est un gentil garçon, il mérite ça (Zola,Nana, 1880, p.1379). ♦ Tant mieux si + sub.V. démantibuler B, emploi pronom. ♦ En appos. Docteur/médecin tant-mieux ou tant-pis. V. médecin A. B. − Adj. inv. 1. En épithète, fam. Synon. de meilleur.Je rêve à des vers mieux, Bien mieux que ceux de tout à l'heure (Verlaine,Poèmes divers, Sites urbains, 1896, p.229). 2. En attribut. D'une qualité supérieure, en meilleure santé, etc. Sembler mieux. Ces femmes répétaient que les hommes n'avaient point assez de force pour se venger, et qu'elles se montreraient mieux que les hommes (Le Moniteur, t.2, 1789, p.538).Trouvant sa mère mieux de jour en jour (Balzac,Cous. Bette, 1846, p.391). − En partic. [Avec être] ♦ Être mieux, être mieux à même de. Être plus agréable, plus joli, plus valeureux, plus apte à, etc. Vue claire de la misère (...) en chaque homme; dans les plus éminents (...). Je ne sais pas si les saints étaient mieux que ceux-ci (Dupanloup,Journal, 1852, p.158).Je la comparai à MmeChantal! Certes, MllePerle était mieux, cent fois mieux, plus fine, plus noble, plus fière (Maupass.,Contes et nouv., t.2, MllePerle, 1886, p.631). ♦ C'est mieux (ainsi/comme ça). Il ajouta que c'était mieux ainsi, que cette solution le réjouissait (Proust,Sodome, 1922, p.1072). ♦ C'est mieux que rien (du tout). C'était mieux que rien du tout, une telle satisfaction (Céline,Voyage, 1932, p.169). ♦ Ce n'en est que mieux. Si les moyens aussi sont imposés, ce n'en est que mieux (Alain,Propos, 1921, p.225). ♦ Il est mieux de + inf.Il serait mieux d'être plus humble, plus prosterné, plus chrétien. Malheureusement (...) je n'ai point la perfection évangélique (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.303).Il est mieux que + sub. au subj.Il est mieux qu'il voie sa lettre non ouverte. Mais il serait encore mieux (...) qu'il ne me trouvât pas même chez moi (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1836, p.386). ♦ Qui mieux est ou, p. ell., mieux (que tout cela/que ça) + deux points ou virgule. Ce qui est encore plus appréciable, remarquable; p. iron., ce qui est pire. Quitter Kerloven, n'était-ce pas revenir à la liberté, et, qui mieux est, à la vie élégante (Ponson du Terr.,Rocambole, t.3, 1859, p.555).Adieu, ou mieux, à bientôt (Flaub.,Corresp., 1865, p.35).Il avait trouvé un bon camarade; et mieux: une bonne camarade (Larbaud,F. Marquez, 1911, p.92). 3. De mieux. S'il y avait eu quelque chose de mieux ou de plus cher, tu l'aurais eu (Scribe,Bertrand, 1833, ii, 4, p.155). − Expressions ♦ Ce qu'il y a de mieux; il n'y a rien de mieux. Vous en avez tiré ce qu'il y avait de mieux à en extraire. Ce n'est pas votre faute si la matière première était de médiocre valeur (Tocqueville,Corresp.[avec Gobineau], 1843, p.72). ♦ Ce qu'on fait de mieux; ce qui se fait de mieux (dans le genre); ne rien pouvoir faire de mieux. Il est prouvé maintenant qu'une promenade de plusieurs après-midi sur les boulevards (...) suffit à nous apprendre «tout ce qui se fait de mieux au monde» (Mallarmé,Dern. mode, 1874, p.712).Par le rebondissement, l'esprit, le bonheur, l'aisance, la Veine est, de loin, ce que Capus a fait de mieux (Renard,Journal, 1901, p.651). ♦ Ne rien trouver de mieux (parfois iron.). Ainsi, vous n'avez rien trouvé de mieux, pour légitimer votre existence, que de la consacrer à ce qui n'existe plus (Audiberti,Quoat, 1946, 1ertabl., p.29). C. − [Avec une valeur nominale neutre sans art.] 1. Quelque chose de plus estimable. Espérer, mériter mieux. Nous avez-vous trouvé la charrette requise et les boeufs demandés? − J'ai trouvé mieux que cela, répondit-il d'un air parfaitement satisfait de lui-même (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.484).Si mes deux amis voulaient entrer au conseil comme ministres d'État sans portefeuille, le Roi en serait charmé, promettant mieux pour la suite (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.43).Tu ne veux pas payer de ta personne (...) j'attendais mieux de toi (Gobineau,Pléiades, 1874, p.110). − Expressions ♦ Avoir mieux (que cela); avoir mieux à faire que de + inf. (v. faire1II B 1). Il y a mieux. Méditation, dévotion, tout cela leur paraît excellent. Il y a mieux néanmoins, il y a la contemplation, et quand la grâce appelle à ce mieux, a-t-on le droit d'hésiter? (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.570).Il n'y a pas mieux. Quand on est gentille, avec ça... quand on est une belle femme, il n'y a pas mieux (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.182).Fam. Il y a mieux mais c'est plus cher. ♦ Ne pas demander mieux que de + inf. ou que + sub. au subj.V. demander II A 2 b. ♦ Ne pas pouvoir dire mieux; disons mieux. C'est dans les notes relatives à l'enfance que nous trouverons le germe des étranges rêveries de l'homme adulte, et, disons mieux, de son génie (Baudel.,Paradis artif., 1860, p.443).[Pour provoquer à la surenchère] Qui dit mieux? Moi, mes enfants, j'suis d'Clichy-la-Garenne! Qui dit mieux? (Barbusse,Feu, 1916, p.22). ♦ On (ne) fait (pas) mieux. − Elle est mignonne, ta femme? − On ne fait pas mieux (Benjamin,Gaspard, 1915, p.14). 2. [Mieux est précédé d'une prép.] a) [à] S'attendre à mieux. Allons inviter une quelconque Carline. Je n'ai pas droit à mieux (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.340). b) [de] − Faute de mieux. V. faute I B 2. − Fam. (Numéral +) de mieux.De plus, en supplément. Tu donnes deux cents sacs pour connaître le nom de l'homme qui a buté ton pote?... T'en donnes pas cent de mieux, si je te dis en même temps qui a repassé le petit Ali? (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p.216).− Bin, vzêtes pas jeune: trente ans. − Et quinze de mieux (Queneau,Zazie, 1959, p.113). Rem. On trouve parfois le tour mieux de: Ce dîner (...) coûterait mieux de vingt francs par tête chez le meilleur restaurateur (Stendhal, L.Leuwen, t.3, 1836, p.216). c) [en] . Une âme changée en mieux (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.179). − De mieux en mieux. De plus en plus, de mieux en mieux, l'homme est appelé à se suffire (Gide,Journal, 1943, p.208).Parfois iron. De mieux en mieux, mon ami! (...) Au moins, pensez-vous qu'elle soit belle, malgré son grand âge? (Nodier,Fée Miettes, 1831, p.66). − De bien en mieux (vx). (Dict. xixes.). Rem. 1. Mieux A et B (plus rarement C) peut être précédé d'un adv. de quantité encore, guère, infiniment, un peu mieux. C'est dans l'ombre que les coeurs causent, Et l'on voit beaucoup mieux les yeux Quand on voit un peu moins les choses (Géraldy, Toi et Moi, 1913, p.27). Je me suis sentie mieux. Tellement mieux que, à la fin de l'après-midi, j'ai pu me lever (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.856). V. aussi ballon1ex. 17. 2. Si mieux (vx). Synon. tellement mieux. Elle mourut le jour de la Chandeleur, après avoir été si mieux qu'on la croyait guérie (Sand, F. le Champi, 1850, p.46). 3. Pop. Plus mieux. Les colons c'est plus mieux que (...) les soldats, les curés (Musette, [Cagayous phil.], 1906, p.56). D. − Substantif 1. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Changement positif, bien supérieur. C'est un temps spirituel (...). Ses changements sont des améliorations, des développements. Il consume le mal pour le bien, et efface le bien par le mieux (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.330).La mansarde remplacée par le sous-sol, c'est une frappante image du progrès moderne et de son mensonge du mieux (Goncourt,Journal, 1864, p.90).La conception du mieux, le besoin d'art, ne peut élever chacun qu'au rêve de devenir, à son tour, celui qui commande, celui qui exploite (Frapié,Maternelle, 1904, p.215). − Proverbe. Le mieux est l'ennemi du bien (v. ennemi II B 2). Cet adage, que le mieux est l'ennemi du bien, fondé sur un sophisme, qui consiste à appeler mieux en lui-même ce qui paroît mieux à l'homme, et qui souvent est mal (Bonald,Législ. primit., t.1, 1802, p.191). 2. Subst. masc. Amélioration dans l'état d'un malade. Il y eut un grand mieux; il se sentit tout-à-coup plus calme (Krüdener,Valérie, 1803, p.275).L'emplâtre rovoque une légère transsudation: il y a du mieux (Toepffer,Nouv. genev., 1839, p.167).J'espère surtout que votre santé se soutient (...) Je compte que vous allez me dire que le mieux dont vous vous félicitez (...) ne fait que se consolider (Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1859, p.304). II. − [Superl. de bien] A. − Adv. De la manière la plus satisfaisante, la plus conforme à certains critères d'appréciation. 1. [Mieux est précédé de l'art. déf.] a) Verbe + le mieux ou le mieux + verbe.Connaître, convenir, pouvoir, réussir, savoir le mieux. L'homme le plus fort et le plus adroit est celui qui développe le mieux les organes qu'il a reçus (Bonald,Législ. primit., t.1, 1802, p.329).M. Sully-Prudhomme est le poète qui a le mieux dit, avec le plus d'émotion et le moins de bravade,sans emphase ni banalité, ce qu'il y avait à dire (Lemaitre,Contemp., 1885, p.59).Le génie ayant la plus grande expérience de l'intelligence, peut le m!eux comprendre les idées qui sont le plus opposées à (...) ses propres oeuvres (Proust,J.filles en fleurs, 1918, p.568).V. aussi aimer ex. 143. − Expressions ♦ Aller le mieux du monde (parfois iron.). Restons comme nous sommes; tout va le mieux du monde; enivrons-nous du mystère des instants! (Milosz,Amour. initiation, 1910, p.96). ♦ Verbe + le mieux que + sub.L'honnête homme joue son rôle le mieux qu'il peut, sans songer à la galerie (Chamfort,Max. et pens., 1794, p.31). Rem. Dans ce tour, le verbe de la sub. est parfois au subj., mais non obligatoirement. b) Le/la/les mieux + part. passé/prés. ou adj.Le mieux connu, fait, réussi. La tête la plus parfaite, la taille la mieux prise qui fût dans la capitale (Restif de La Bret.,M.Nicolas, 1796, p.6).Ses verdicts, dans tous les cas, les plus subtils, les plus douteux, les mieux sujets aux ergotages devenaient des vérités massives (Céline,Mort à crédit, 1936, p.400): . En général, le mâle l'emporte en beauté dans tous les êtres. Il est (...) le plus fort dans les quadrupèdes qui pâturent, le mieux armé dans les animaux qui combattent pour la proie, le plus paré et le mieux chantant dans ceux qui ne semblent vivre que pour aimer et pour plaire.
Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.328. ♦ Le mieux possible. V. emboutissage b ex. de Rivière (dér. s.v. emboutir). ♦ En mot composé, à valeur de subst. fém. La mieux-aimée. La femme préférée. Le petit hôtel que je louai fut occupé depuis par M. De Lally-Tollendal et MmeDenain, sa mieux aimée, comme on disait du temps de Diane de Poitiers (Chateaubr.,Mém., t.2, 1848, p.183).Quel geste fera-t-elle, la mieux-aimée, en m'apercevant sur le seuil de l'alcôve? (Milosz,Amour. initiation, 1910, p.101). Rem. 1. Lorsque le mieux précède un part./adj. au fém. ou au plur., l'art. peut rester inv. s'il s'agit d'insister sur un degré d'excellence atteint par rapport à la notion qu'exprime le part. ou l'adj., plutôt que sur les êtres ou les choses comparés entre eux. Les intrigues le mieux concertées, quoique tissues avec tout l'art et l'expérience possible, ont quelquefois, des suites fâcheuses (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.253). 2. Le tour le mieux + part. ou adj. + que ou qui est gén. suivi d'une sub. au subj. (supra b, ex. de Restif de la Bretonne). 2. Des mieux + part. passé/prés. ou adj.Des mieux choisis, élevés, préparés. Le docteur est des plus intelligents, des mieux cultivés, des plus instruits (Gide, Journal, 1943, p.222).V. aussi famé A 2 ex. de Bernanos. Rem. ,,Des mieux veut toujours l'accord de l'adjectif avec un nom ou un pronom au pluriel: Des personnages des mieux introduits (...). Si le nom ou le pronom est au singulier, l'adjectif se met au pluriel, selon l'usage et l'Académie: Une tarte des mieux réussies. (...) On rencontre parfois, dans ce sens, l'invariabilité: Voilà un homme des mieux fait. L'invariabilité est de rigueur quand l'adjectif se rapporte à un pronom neutre: Cela n'est pas des mieux réussi`` (Thomas 1956). B. − Substantif 1. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre a) Bien suprême, le plus haut degré d'excellence, le meilleur. Quand il s'agit de savoir ce qui est le bien et le mieux (...), Platon laisse échapper partout de sa main quasi sacerdotale les an-tiques solutions religieuses (P. Leroux,Humanité, 1840, p.57).Quiconque aspire au mieux est poëte, car le mieux ici-bas est l'inconnu, l'idéal comme la poésie (Reybaud,J. Paturot, 1842, p.357).Nous avons tous trop souffert, anges et hommes, De ce conflit entre le Pire et le Mieux (Verlaine,
Œuvres poét. compl., Jadis, Paris, Gallimard, 1962 [1884], p.379). − Expressions ♦ Le mieux (qu'on puisse faire, etc.), (c')est de/que. Nous passons nos vies de telle sorte que le mieux qu'il en puisse advenir c'est qu'elles paraissent faites à peu près de la même étoffe que nos songes (Barrès,Cahiers, t.11, 1914, p.77).Le mieux qu'on ait à faire, le plus commode, en calculant bien, est encore de s'abstenir (Aymé,Jument, 1933, p.210).Le mieux qu'on puisse faire, c'est de détourner les yeux et de penser à autre chose (Sartre,Nausée, 1938, p.160). ♦ Le plus tôt sera le mieux. C'est votre avis que je veux entendre, et le plus tôt sera le mieux (Bernanos,Soleil Satan, 1926, p.129). b) [Le mieux est précédé d'une prép.] − [à] ♦ Au mieux. Au maximum, au plus dans les meilleures conditions ou les circonstances les plus favorables. Ces signes de circonstance réduisent les visages humains au rang des caractères abstraits; ce ne sont, au mieux, que de bons acteurs (Alain,Beaux-arts, 1920, p.253). ♦ (Verbe + )au mieux.De la meilleure façon. Agir, arranger au mieux. V. débit1B 3 ex. de Perroux.Être au mieux (avec qqn). Avoir les meilleures relations, être du dernier bien. Vous dites donc qu'elle est bien avec l'adjoint? − Oui, oui, au mieux! (Vallès,J. Vingtras, Enf., 1879, p.8).Tout est/va au mieux. Le temps est ici superbe (...). Je me porte fort bien, et tout va au mieux (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1806, p.110).En mettant les choses au mieux. Songe qu'en mettant les choses au mieux, tu ne peux être agrégé avant vingt-six ans. Et combien c'est impossible! (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.211). ♦ FINANCES (Acheter, vendre) au mieux. (Acheter, vendre) au cours le plus favorable. (Dict. xixeet xxes.). Ordre au mieux. ,,Ordre (...) obligatoirement exécuté en totalité «au premier cours», et quel que soit ce cours. Le terme «au mieux» est ambigu car (...) cette formule ne signifie en aucun cas «au mieux des intérêts du client», mais «au mieux des possibilités du marché»`` (Gestion fin. 1979). Les ordres au mieux, ceux dont on laissait la libre exécution au flair de l'agent, déterminaient la continuelle oscillation des cotes différentes (Zola,Argent, 1891, p.327). ♦ Au mieux de. De la façon la plus appropriée à. Vacance à l'artiste d'user, au mieux de ses désirs, des moyens techniques ainsi rendus disposibles (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p.196). − [de] De + adj. poss. + mieux.Avec la meilleure volonté, en déployant toutes ses resources. Aider, consoler, se défendre, expliquer, répondre de son mieux. Je m'efforçai de les réciter de mon mieux, de les parer de tout le prestige du débit (Florian,Fables, 1792, p.6).L'on s'exterminait, ma foi, comme on pouvait. On faisait de son mieux (Hugo,Légende, t.5, 1877, p.983). − [du] Du mieux que l'on peut; tout du mieux que l'on pourra. Je ne hasarde aucun projet et occupe du mieux que je peux des jours effroyablement vides, à l'étude (Gide,Journal, 1944, p.278). − [pour] Verbe + pour le mieux.Au mieux. Faire pour le mieux. Nous répondions pour le mieux, sans bégueulerie et de bonne humeur (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.200). ♦ Tout est/se passe/va pour le mieux. Tout se passait pour le mieux, À la grande gloire de Dieu (Ponchon,Muse cabaret, 1920, p.12). ♦ Proverbe. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes (v. meilleur II A 1, proverbe). 2. Subst. masc. ou fém. Chose ou personne qui possède le maximum de qualités. I's ont cru prend' le mieux, mais c'est nous qui sommes les mieux, dit Fouillade (Barbusse,Feu, 1916, p.83).Crois-tu qu'il est beau, ce petit? (...) Ce sera le mieux des trois (...) celui-ci a plus de finesse, plus de distinction (Bourdet,Sexe faible, 1931, i, 275). − Vx, fam. Verbe + des mieux.De la meilleure façon, d'une manière propre à ceux qui ont les meilleures qualités. Il parlait toscan, et s'exprimait des mieux dans ce divin langage (Courier,Pamphlets pol., Réponses aux anon., 2, 1822, p.162).De tout temps (...), les gens de lettres n'ont pas été des mieux et n'ont pas fait très-bon ménage avec les hommes politiques (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t.9, 1864, p.176).Le chapelier (...) prit un chapeau dont il coiffa Roté. − Voilà qui va des mieux, dit-il (Courteline,Linottes, Météores, 1897, ii, p.164). − Rare. Subst. + des mieux.Parmi les plus remarquables. Deux femmes des mieux m'ont apparu cette nuit (Verlaine,
Œuvres compl., t.2, Parall., 1889, p.165). Prononc. et Orth.: [mjø]. D'apr. Lerond 1980, hésitation [ø/oe], ou timbre intermédiaire, dans les positions autres que fin de groupe, ex. de mieux en mieux [dəmjø/oezɑ
̃mjø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Adv., compar. de bien a) ca 881 melz + verbe au cond. + que (Eulalie, 16 ds Henry Chrestomathie, p.3); b) ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 20: des melz gentils de tuta la cuntretha); c) ca 1100 e mielz (après un chiffre) «et plus encore» (Roland, éd. J. Bédier, 539); d) ca 1150 al miels que + verbe pouvoir (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1007); 1216 du mieux que (Guillaume Le Clerc, Fergus, 105, 24 ds T.-L.: Or fai do mius que tu poras!); e) ca 1170 qui mialz mialz (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2683) d'où 1489 a qui mieulx mieulx (A. Chartier, Livre des quatre dames, 18, éd. J.C. Laidlaw, p.198); f) 1174-76 estre mielz de (qqn) (Guernes de Pont Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 468); 1732 être le mieux du monde (avec qqn) (Marivaux, Serments indiscrets, II, 3 ds Littré); 1828 être au mieux avec qqn (Delécluze, Journal, p.488); g) ca 1221 modifiant un adv. (Jean Renart, Lai Ombre, éd. F. Lecoy, 284: miex plesaumant); h) ca 1260 de mieuz en mieuz (Menestrel de Reims, éd. N.de Wailly, p.9); 2. adj. ca 1100 (Roland, 44: Asez est melz qu'il i perdent lé chefs Que nus perduns l'onur ne la deintet); 3. subst. a) ca 1100 des mielz «des meilleurs, de la meilleure partie de» (ibid., 1822); b) 1176 faire son mialz (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3911); c) xiiies. le miex... est «l'avantage... est que» (Lancelot, éd. A.Micha, Ia, 12, t.7, p.7); d) 1676 un mieux «une amélioration de l'état de santé» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. Monmerqué, t.4, p.511). Du lat. melius, neutre pris substantivement de melior, v. meilleur. Fréq. abs. littér.: 33408. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)45009, b) 51187; xxes.: a) 45093, b) 49129. |