| MEURTRE, subst. masc. A. − Action de tuer délibérément un être humain avec violence. Synon. homicide.Inciter au meurtre; perpétrer un meurtre; accusé, coupable, prévenu d'un meurtre; le mobile d'un meurtre; être arrêté sous l'inculpation de meurtre. Des peuples entiers (...) obéissoient, obéissent encore à la loi du meurtre légal des enfans (Bonald,Essai analyt.,1800, p.137).Le meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié d'assassinat (Ac.1935).Puisque l'homme qui ment se ferme aux autres hommes, le mensonge se trouve proscrit et, à un degré plus bas, le meurtre et la violence, qui imposent le silence définitif (Camus,Homme rév.,1951, p.350): . Tuer est ordinaire à l'animal et surtout à l'homme. Le meurtre a été longtemps estimé dans les sociétés humaines comme une forte action et il subsiste encore dans nos moeurs et dans nos institutions des traces de cette antique estime.
A. France,Orme,1897, p.186. ♦ Loc. verb. Se défendre comme d'un meurtre de qqc. Nier farouchement avoir commis telle action ou tenu tel propos. (Dict. xixeet xxes.). − Meurtre de Dieu. Synon. de déicide (v. ce mot I). − P. anal. Action de tuer un animal. J'ai vu une coïncidence entre la mort de ma mère... et le meurtre du petit furet (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p.94).Les formes de sadisme, que Dupré groupe sous le nom de «malignité constitutionnelle»: bris d'objets, torture et meurtre d'animaux (Mounier,Traité caract.,1946, p.727). B. − Au fig. Chose regrettable, action dommageable. On prétend qu'elle va se marier de nouveau; ce seroit un meurtre, car elle est le charme et l'enjoûment de la société (Fiévée,Dot Suzette,1798, p.137). ♦ Loc. verb., fam. Crier au meurtre. Se plaindre bruyamment d'un dommage, d'une injustice dont on est ou dont on se croit victime. Il crie au meurtre contre les juges qui lui ont fait perdre son procès (Ac.). Prononc. et Orth.: [moeʀtʀ
̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1130 murdre «homicide» (Lois Guillaume le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 22); 1530 meurtre (Palsgr., p.236a). Déverbal de meurtrir*. On note dès le début du xiies., les mêmes var. que pour le verbe (cf. Gdf. et T.-L.). Fréq. abs. littér.: 1559. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2327, b) 2056; xxes.: a) 2240, b) 2195. Bbg. Olivier (R.). Ein Beispiel vergleichender deutsch-französischer Synonymik. Z. fr. Spr. Lit. 1958, t.68, pp.243-250. |