| MESSIRE, subst. masc. Titre donné autrefois aux seigneurs de la plus haute noblesse, puis réservé au seul chancelier de France et qui devint une dénomination honorifique décernée oralement ou dans les actes aux personnes de qualité ou que prenaient les médecins, les prêtres, les avocats. Messire Henri de Marle, chancelier (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.136).Un sac de toile imprimé au chiffre de messire Guillaume Chartier, pour lors évêque de Paris (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.167).V. bonhomme ex. 10:1. Je lisais, ce matin même, quelques lettres où messire Bernard Martineau, un missionnaire du xviiesiècle, décrit de la plus gentille et de la plus sainte manière ses travaux dans le royaume de Siam...
Barrès, Cahiers, t.13, 1921, p.136. − Littér., plais. Oserois-je vous demander, messire loup, si je suis encore loin du monde où ma mère m'envoie? (Nodier, Trésor Fèves, 1833, p.42).Messire diable, dit Luizzi, qui sentait en lui une assurance toute nouvelle (Soulié, Mém. diable, t.2, 1837, p.26): 2. Ah! voici messire Moron. Que demandez-vous, Moron? Moron venait de paraître sur les degrés de la terrasse.
Duhamel, Suzanne, 1941, p.244. − Vieilli ♦ Synon. de monsieur.Vous rappelez-vous (...) ce jeune homme qui, à Avignon sur le rempart (...), adressa la parole à messire votre père (...)? (Borel, Champavert, 1833, p.126).J'admire votre calme, messire, oui vraiment je l'admire (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.250): 3. Monsieur veut dire monseigneur. Ce titre, si considérable autrefois, réservé maintenant aux rois par la transformation de sieur en sire, se donne à tout le monde; et néanmoins messire [it. ds le texte], qui n'est pas autre chose que le double du mot monsieur et son équivalent, soulève des articles dans les feuilles républicaines quand, par hasard, il se trouve mis dans un billet d'enterrement.
Balzac, Cous. Pons, 1847, p.173. ♦ Poire de messire Jean. Variété de poire de taille moyenne, de couleur jaunâtre ou grisâtre, à chair cassante, très sucrée, qui est mûre à la fin de l'automne. Compote de poires de Messire Jean (Ac.1798-1878).P. ell. (de fruit). Un messire Jean. (Ds Littré). Prononc. et Orth.: [mesi:ʀ], [mε-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1170 titre d'un grand seigneur (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1134: mes sire Gauvains); ca 1215 titre attribué à un curé de paroisse missire Folques (G. de Villehardouin, Conquête de Constantinople, éd. E. Faral, § 45), v. aussi L. Foulet ds Romania t.71, 1950, pp.1-48, 180 sqq. et t.72, 1951, pp.31, 324 et 479 sqq. Comp. de mes, anc. cas suj. de mon* et de sire*, ce dernier mot fréq. empl. en a. fr. précédé du poss. de la 1repers.: ca 1100 Roland, éd. J. Bédier, 1254 au sens de «seigneur, suzerain» (Carles, mi sires). Fréq. abs. littér.: 271. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1066, b) 238; xxes.: a) 63, b) 76. Bbg. Foulet (L.), Sire, messire. Romania, 1950, t.71, pp.1-48, 180-221; 1951, t.72, pp.31-77, 324-367, 479-528. _ Lew. 1968, pp.120-121. _ Tracc. 1907, p.156. |