| MESSE, subst. fém. A. − RELIG. (liturg. cath.). Office qui commémore le sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ présent sous les espèces du pain et du vin et qui est célébré par le ministère du prêtre selon un rite dont les parties essentielles sont l'offertoire, la consécration et la communion. Synon. saint sacrifice*, office* divin;synon. mod. Eucharistie, célébration eucharistique (termes repris du iies. par le concile Vatican II).Sacrifice de la messe; célébrer, dire la messe; assister à la messe (du dimanche). Ce furent encore deux heures de souveraine pompe, la messe chantée, avec les encensements (Zola,Rêve,1888, p.205).La cloche sonne. Le prêtre est là. La vie est loin. C'est la messe (Claudel,Messe là-bas,1919, p.487).− Avez-vous quelquefois célébré le Saint-Sacrifice? − En dehors de la Messe d'ordination, non, Éminence, jamais (Billy,Introïbo,1939, p.206).V. douze ex. 2: 1. «L'innovation majeure porte sur la Prière eucharistique», − donc sur le coeur de la messe (...). Qu'on remodèle l'introduction de la messe avec une liturgie pénitentielle variée; qu'on allège l'Offertoire; qu'on situe mieux la bénédiction finale avec la suppression du dernier Évangile, soit! mais qu'on touche au «canon»? Paul VI s'en explique très bien...
P. Loret,La Messe du Christ à Jean-Paul II,Mulhouse, éd. Salvador, 1981, p.158. − P. métaph. Et, de même que Bayreuth ne servait qu'à la glorification monstrueuse d'un seul [Wagner], les filiales de Bayreuth étaient de petites églises, où l'on disait éternellement la messe en l'honneur du seul Dieu (Rolland,J.-Chr.,Révolte, 1907, p.443). − P. anal.: 2. ... à travers tous les jours de chaque homme, et tous les âges de l'Église, et toutes les périodes du monde, il n'y a qu'une seule messe et qu'une seule communion. Le Christ est mort une fois douloureusement. Pierre et Paul reçoivent tel jour, à telle heure, la sainte Eucharistie. Mais ces actes divers ne sont que les points, diversement centraux, en lesquels se divise et se fixe, dans le temps et dans l'espace, pour notre expérience, la continuité d'un geste unique.
Teilhard de Ch.,Milieu divin,1955, p.151. SYNT. Belle, bonne, sainte messe; messe dominicale, quotidienne, matinale, tardive; messe d'action de grâces, de communion, de mariage; messe en français, en latin; chants, prières, rites de la messe; canon, élévation, évangile, offertoire de la messe; fondation, honoraires de messes; l'heure, la sortie de la messe; le premier coup de la messe sonne; chanter, entendre, ouir, répondre, servir, sonner la messe; suivre la messe (dans son missel); faire dire une messe pour les vivants, pour les morts, à une intention particulière; manquer la messe. − Expr., loc. et proverbes 1. Usuel ♦ Messe basse*. Synon. petite messe (fam.), messe lue (liturg.). (Ds Ac. 1798-1932).Dire, faire des messes basses (fam.). Parler en aparté et à voix basse. Mariette a assuré l'avoir rencontrée (...) en grande conférence avec M. César et lui faisant des messes basses chuchotées grand train (Pourrat,Gaspard,1930, p.104).Eh ben, vous autres, là-bas, c'est fini votre messe basse? (Vercel,Cap. Conan,1934, p.148). ♦ Grand-messe*. P. anal. et plais. Dans ce domaine [la politique économique], toute la pompe des grand-messes d'avant-élection ne leur a pas suffi [aux députés de la majorité nouvelle] à se faire une religion. La tâche se complique aujourd'hui alors qu'il s'agit d'établir le rite qu'aucun «Premier économiste de France» ne paraît disposé cette fois à imposer (L'Est Républicain,8 sept. 1981, p.1, col.1). ♦ Première messe. Messe qui a lieu très tôt le matin. Je ne suis, en conscience, tenu qu'à venir, les jours de communion, assister à la première messe, continuait-il; mais je serais désolé de manquer les laudes (Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.233). ♦ Première messe (d'un prêtre). Première messe que le prêtre célèbre après son ordination. Du temps de Calderon, on fêtait avec une course la célébration par le jeune prêtre de sa première messe (Montherl.,Bestiaires,1926, p.514). ♦ Messe de Noël, messe de minuit. Messe qui se dit dans la nuit de Noël. On dit trois messes le jour de Noël (Ac. 1798-1935). À part ces légères méprises, le digne homme débite son office très consciencieusement, sans passer une ligne, sans omettre une génuflexion; et tout marche assez bien jusqu'à la fin de la première messe; car vous savez le jour de Noël le même officiant doit célébrer trois messes consécutives (A. Daudet, Lettres de mon moulin, Paris, Charpentier, 1917 [1869], p.219). ♦ Livre de messe. V. livre1. ♦ Vin* de messe. ♦ Aller à la messe. Pratiquer la religion catholique. S'ébahir parce qu'un polytechnicien va à la messe (Alain,Propos,1923, p.495). ♦ Vieilli et fam. Vivre de ses messes (en parlant d'un prêtre). Vivre des rétributions reçues pour célébrer la messe. (Ds Ac. 1798-1878). Voilà une messe qui sort de la sacristie. ,,Voilà un prêtre qui sort de la sacristie pour aller dire la messe`` (Ac. 1798-1878). Il ne faut pas se fier à un homme qui entend deux messes. ,,Il faut se défier des hypocrites`` (Ac. 1835, 1878). Il ne va ni à messe ni à prêche (vieilli). ,,Il n'a point de religion`` (Ac. 1835, 1878). ♦ [P. allus. à une parole attribuée à Henri IV au moment de sa conversion au catholicisme] Paris vaut bien une messe. Henri IV, j'en fais l'aveu, ne m'apparaît pas comme une grande conscience. Le mot «Paris vaut bien une messe» est d'une hauteur d'âme assez douteuse (Clemenceau,Iniquité,1899, p.397). 2. LITURGIE ♦ Messe ambrosienne. ,,Messe suivant le rite de l'Église de Milan`` (Ac. 1835-1935). Messe grecque. ,,Messe suivant le rite grec et en langue grecque`` (Ac. 1835-1935). Messe latine, romaine, grégorienne. Messe ,,qui se célèbre suivant le rite romain`` (Marcel 1938). ♦ Messe capitulaire, conventuelle ou de choeur. Messe d'une communauté à laquelle sont tenus de participer tous les membres. Voir Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p.177. ♦ Messe chrismale. ,,Messe célébrée le Jeudi Saint par l'évêque et au cours de laquelle il consacre le Saint-Chrême`` (Foi t.1 1968). ♦ Messe concélébrée. V. concélébrer. ♦ Messe dialoguée. Messe ,,à laquelle les fidèles participent en disant collectivement les réponses du servant ou mieux les parties qui reviennent au peuple dans la messe chantée`` (Foi t.1 1968). ♦ Messe solennelle. Messe où le célébrant est assisté par un diacre et un sous-diacre ou célébrée par un évêque ou un prélat. Il avait entendu une messe solennelle, célébrée à Notre-Dame pour le succès de ses armes (Barante,Hist. ducs Bourg.,t.1, 1821-24, p.346).Messe papale, pontificale. Messe célébrée par le pape, un évêque. ♦ Messe votive. Messe qui par préférence à l'office du jour est célébrée pour répondre au désir du célébrant ou de la communauté. Messe de la sainte Vierge, des saints (locaux) (d'apr. Marcel 1938). Voir Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p.177. ♦ Messe des catéchumènes. Première partie de la messe ,,après laquelle se faisait le renvoi (...) des catéchumènes`` (Marcel 1938). Synon. avant-messe; anton. messe des fidèles. ♦ Messe des funérailles, des morts. ,,Messe célébrée avec un des formulaires prévus pour les défunts`` (Foi t.1 1968). Je ne sentais pas (...) que la signification de ces choses, le parti à en tirer c'est la vie du coeur. Voilà le thème que je dois méditer aux messes d'anniversaires, aux messes des morts (Barrès,Cahiers,t.8, 1910, p.274).Messe de Requiem. Messe nommée par le premier mot de son introït. Fondation d'une messe quotidienne et éternelle de Requiem (Guéhenno,Journal «Révol.»,1937, p.62).Messe d'ange. ,,Messe célébrée pour les funérailles d'un enfant baptisé mort en bas-âge`` (Foi t.1 1968). ♦ Messe des présanctifiés. Liturgie de communion du Vendredi saint pour laquelle on utilise des hosties consacrées la veille. (Ds Foi t.1 1968). ♦ Messe du Saint-Esprit. Messe célébrée pour obtenir l'assistance divine sur les travaux d'un corps délibérant, de magistrats, d'étudiants. Les premiers tintements des cloches annonçant la messe du Saint-Esprit, avant les élections (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t.1, 1870, p.135).La rentrée est fixée au lundi matin, 2 octobre; on commencera par la messe du Saint-Esprit (Renard,Poil Carotte,1894, p.120). ♦ Messe rouge (vieilli). Messe célébrée en vêtements liturgiques rouges ou ,,que les parlements faisaient célébrer après les vacances pour recommencer leurs fonctions, et à laquelle ils assistaient en robes rouges`` (Littré). ♦ Ordinaire de la messe. Ensemble des prières invariables. On y trouve encore [dans le Manuel chrétien] les prières du matin et du soir, l'Ordinaire de la Messe, les Vêpres du dimanche (Mauriac,Journal occup.,1945, p.338).Anton. Propre de la messe.Propre de la messe. Toute prière, ensemble d'éléments de célébration propres à un saint, à un lieu et qui s'intercale dans l'ordinaire. P. méton. Messe (du sanctoral, d'un saint). Toute la messe [de saint Jean Damascène], avec son Introït, son Épitre, son Graduel, son Évangile, son Offertoire, sa Communion, ne cesse de faire allusion à ce miracle (Huysmans,Oblat,t.2, 1903, p.176).V. auxiliateur ex. 3. 3. En partic. ♦ Messe sèche. Cérémonie limitée aux prières de la messe dites par un prêtre (ou même un laïque) sans consécration ni communion dans certaines circonstances, du Moyen Âge à la Révolution (d'apr. Nelli 1968). Synon. messe navale. (Ds Littré). ♦ Arg. eccl. Messe à trois chevaux. ,,Messe solennelle dite par un célébrant assisté d'un diacre et d'un sous-diacre`` (Foll. 1966). 4. P. anal., OCCULT. Messe noire. Pratique de sorcellerie qui consiste en une parodie de la messe que l'on célèbre en l'honneur du diable. Sa glace de toilette la voit souvent sans voiles, souriante à sa nudité. Elle fera dire la messe noire à ce religieux, et le mènera au sabbat sur elle (Péladan,Vice supr.,1884, p.281): 3. − (...) en somme, dans le moderne, le grand jeu du satanisme, c'est la messe noire!
− (...) Messe sacrilège, maléfices et succubat, c'est la véridique quintessence du Satanisme!
Huysmans,Là-bas, t.1, 1891, p.111. B. − P. méton. Musique composée pour une grand-messe. 1. Parties de l'ordinaire (kyrie, gloria, credo, sanctus, agnus dei, ite missa est) et parties du propre (introït, graduel, alleluia, trait, séquence, offertoire, communion) chantées en grégorien. ♦ Messe des anges. Ensemble des chants de l'ordinaire d'une messe grégorienne. (Ds Foi t.1 1968). 2. MUS. Ensemble des compositions musicales sur les paroles des chants liturgiques de l'ordinaire de la messe. Messe polyphonique; messe pour orgue. Une autre chose que je veux te demander, c'est de m'envoyer aussitôt qu'elle aura paru ta Messe des Morts et d'y joindre les scènes de Faust (publiées chez Schlesinger) que je voudrais revoir (Liszt,Corresp.[avec Berlioz] ds Berlioz, Corresp. gén., Paris, Flammarion, t.2, 1975 [1837], p.388).En écoutant le Kyrie de la Messe en si, je me suis souvenu du jour de 1921 où, pour la première fois, j'entendis jouer un air de Bach (Green,Journal,1941, p.161): 4. Aucune importance particulière n'est attachée à cette partie de la Messe. Or, c'est en elle que le coeur de Beethoven s'est livré tout entier. À ce moment de l'office, s'accomplit, dans le silence des fidèles et de l'autel, le plus divin mystère de la messe: la Transsubstantiation. Il s'accomplit dans la géniale vision de Beethoven.
Rolland,Beethoven,t.2, 1937, p.385. ♦ Messe en musique. Parties de la messe chantées en musique et non en plain chant. L'abbé Mauduit avait reparu en chasuble, les chantres attaquaient la messe. C'était une messe en musique, d'une grande pompe (Zola,Pot-Bouille,1882, p.148). REM. 1. Messer, verbe intrans.,rare et fam. Dire la messe. Brotteaux lui ayant dit que ce livre n'était pas un livre de messe, et qu'il avait été écrit avant que l'idée de messer se fût introduite dans le monde, elle pensa que c'était une Clef des Songes (A. France,Dieux ont soif,1912, p.192). 2. Messoyer, verbe intrans.Synon. de messer (supra).Le matin, il pouvait messoyer chez les Bénédictines ou à Saint-Séverin (Huysmans,Cathédr.,1898, p.222). 3. Messé, -ée, adj.Fam. Être messé. ,,Avoir entendu la messe`` (Littré). Prononc. et Orth.: [mεs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xes. (St Léger, éd. J. Linskill, 82: Missae cantat); ca 1170 messe del Saint Esperite; soner, oïr la messe (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 701; 6826, 6828); xives. grant messe (Watriquet de Couvin, 374, 46 ds T.-L.); 1564 fig. chanter messe a (qqn) «maltraiter (quelqu'un)» (Rabelais, Cinquième livre, 12 ds Hug.); 2. 1690 «honoraire d'une messe» (Fur.); 3. 1740 (Ac.: on dit qu'Un musicien a fait une belle messe). Du lat. chrét. missa (part. passé fém. subst. de mittere «laisser aller, renvoyer») «congé après un office» (1remoitié ves. Peregrinatio Aetheriae, 24, 11), spéc. «renvoi des catéchumènes après les premières prières et le sermon» (fin ive-début ves. St Augustin, Serm., 49, 8), «renvoi des fidèles à la fin de la messe» (Peregr. Aether., 31, 5; cf. ite missa est, Ord. rom., I, fin viies.), «le saint sacrifice de la messe» ([à partir de l'offertoire] fin ives. St Ambroise, Ep., 20, 4; «la messe» en gén. Peregr. Aether., 27, 8), v. Blaise Lat. chrét., TLL s.v.; Archéol. chrét. En b. lat. jur., missa signifie «action de laisser partir, congé» (1remoitié ves. Code théodosien, 6, 26, 3 ds TLL). Fréq. abs. littér.: 3417. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3518, b) 3802; xxes.: a) 8050, b) 4649. Bbg. Richard (W.). 1959, p.9, 86, 102, 247, 248. _ Riverain (J.). Un Vocab. en crise... Foi Lang. 1977, no2, pp.151-152. _ Sain. Sources t.2 1972 [1925], p.139. |