| MESQUINERIE, subst. fém. A. − Caractère de la personne qui manifeste de l'étroitesse d'esprit et de vues, des sentiments bas et médiocres; caractère de ses activités. Anton. générosité.Mesquinerie d'un caractère, d'un esprit, d'un procédé. Sortir de la mesquinerie journalière et des préoccupations de la vie pour s'occuper de ce qui plane au-dessus (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1906, p.69).Edward Williams était gai, généreux, sans aucune mesquinerie (Maurois,Ariel,1923, p.301).V. acrimonie ex. 7: 1. Je ne comprends qu'une chose au monde: la grandeur. J'ai une horreur naturelle de la mesquinerie (...). Il vaut mieux être un grand quelque chose, et même un grand criminel, que d'être un petit vertueux, une petite perfection.
Duhamel,Désert Bièvres,1937, p.179. − P. méton., souvent au plur. Action mesquine, comportement mesquin. Synon. petitesse(s).Être incapable d'une mesquinerie; ne pas s'abaisser à certaines mesquineries. Jamais rien ne survint en mon âme qui ne fût embarrassé de mesquineries (Barrès,Homme libre,1889, p.18): 2. Ah! s'écrie encore Marat, (...) malgré les mesquineries, les potins, les petites jalousies, la médiocrité fatale de ceux qui ont toujours été obligés de «compter» parce qu'ils étaient pauvres, comme je me sens «homme de gauche».
Vailland,Drôle de jeu,1945, p.169. B. − Caractère de ce qui manifeste une économie excessive ou un manque de moyens. Synon. avarice, parcimonie; anton. prodigalité.Mesquinerie d'un cadeau, d'une proposition; traiter qqn sans mesquinerie. À son retour, il [V. Hugo] fut frappé de la mesquinerie de la mise en scène [de la Esmeralda] (MmeV. Hugo, Hugo,Paris, Hetzel-Quantin, t.2, 1885 [1863], p.377).Voilà qui console de la paperasse et de la mesquinerie des calculs de prix de revient (Arnoux,Double chance,1958, p.37). C. − Vieilli. Caractère étriqué, mesquin des choses. Cette lenteur venait de Saccard, qui, mécontent de la mesquinerie de l'installation, prolongeait les travaux par des exigences de luxe (Zola,Argent,1891, p.147).La pauvreté de la vie rurale s'y trahit encore, en dépit de la villégiature moderne, par la mesquinerie chétive des habitations (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr.,1908, p.137).La mesquinerie sordide de ces agglomérations humaines (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.453). Prononc. et Orth.: [mεskinʀi], [me-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1624 «parcimonie excessive» (Les Ramonneurs, V, 8, éd. A. Gill, p.164); 2. 1770 «manque d'élévation de pensées, de sentiments» (F. Galiani, Dialogues sur le comm. des bleds, p.252: mesquinerie des propos). Dér. de mesquin*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 83. |