| MERCANTI, subst. masc. A. − Marchand en Orient ou en Afrique. Les mercantis hindous et les Arabes de Zanzibar arrivent de l'autre bout du monde, pour vendre de la poudre aux Sakalaves (Mille, Barnavaux, 1908, p.91).Des mercantis de toute espèce (...) ont construit (...) un tas de bâtisses hétéroclites qui ont l'air misérable, précaire et désolé (Tharaud, Passant d'Éthiopie, 1936, p.80). B. − Marchand qui suit une armée en campagne. Problème du ravitaillement en vivres, organisation du service de santé, lutte contre les mercantis, organisation des coopératives, etc. tous problèmes qui demandaient des solutions rapides (Joffre, Mém., t.2, 1931, p.49). − Péj. Commerçant, homme d'affaires âpre au gain et malhonnête. Synon. margoulin, trafiquant.«Dans le Paris» d'après-guerre (...) fleurissait la combine (...), le mercanti et le nouveau riche étaient rois (L. Daudet, Police pol., 1934, p.93): . J'eus exactement la sensation d'une porte de latrines qu'on aurait ouverte. Le ton de ce mercanti avait quelque chose de si nauséeux et sa grossièreté cossue paraissait tellement assise dans la graisse d'une prospérité de verrat que, du premier coup, la suffocation commença.
Bloy, Femme pauvre, 1897, p.82. ♦ [Employé comme terme d'adresse insultant] Staline, ça te fout les jetons, ça te fout la chiasse, t'as peur pour ton magot, mercanti! (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.43). ♦ P. anal. Mendelssohn (...) n'a-t-il pas pris part (...) à la lutte contre les mercantis de la sonorité (Cortot, Mus. fr. piano, 1930, p.76). Prononc. et Orth.: [mε
ʀkɑ
̃ti]. Att. ds Ac. 1935. Au plur. des mercantis (francisé, car mercanti est un plur. ital. de mercante). Étymol. et Hist. 1859 «marchand (dans un marché arabe)» (Fromentin, Une Année dans le Sahel, éd. 1877, p.271). Empr. à la lang. franque, où le mot est att. dès 1780Arch. de la Compagnie royale d'Afrique, ds P.Masson, Hist. des établ. et du comm. fr. dans l'Afrique barbaresque, Paris, 1903, p.538: Sidi Aggi Messaoud de Raggi, mercanti du bey) et où il représente le plur., pris comme sing., de l'ital. mercante «marchand» (à l'orig. de deux empr. antérieurs isolés: mercant en 1298, Marco Polo, et mercanti, plur., au sens de «marchands italiens» en 1585, Cholières, Matinees ds
Œuvres, éd. E. Tricotel, t. 1, p.103), empr. au lat. d'époque impériale mercans, -antis «id.», part. prés. subst. de mercari «faire du commerce», dér. de merx, mercis, «marchandise». Fréq. abs. littér.: 14. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p.280. _ Hope 1971, p.447. |