| * Dans l'article "MEC,, subst. masc." MEC, subst. masc. A. − Arg., vieilli 1. Homme du milieu, souvent amant en titre d'une prostituée, souteneur: 1. ... c'était une putain de Pigalle. Je lui avais donné cinq cents balles pour qu'elle reste toute la nuit. C'était promis, mais après le doublé réglementaire, elle a commencé à me baratiner pour que je la laisse filer. Sûrement que son mec l'attendait. J'ai insisté. Elle est restée. Mais à six heures du matin, la voilà qui s'habille.
Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.83. − Mec de la guiche. De là [= de guiches. Cheveux collés sur la tempe] le surnom de «mecs de la guiche» (...) donné aux souteneurs (Rigaud,Dict. arg. mod., 1881, p.208). 2. Homme fort, énergique, faisant figure de maître. J'suis le Roi des Mecs!... Y a jamais un homme qu'a tenu devant moi plus d'un quart d'heure! (Méténier,Lutte pour amour, 1891, p.144).Avec sa grande gueule et ses bobards, tout mec qu'il était et costaud, il s'a barré dans le bled (Carco,Équipe, 1919, p.22). ♦ P. anal. Celui qui détient le pouvoir, domine le marché: 2. Maintenant tout ce qui se mange, tout ce qui se voit, tout ce qui s'entreprend, et le vin, et le spectacle, on dirait qu'ils ont un mec, qui les met sur le trottoir, et les surveille, sans rien faire. (...) le monde est plein de mecs. Ils mènent tout, ils gâtent tout. Voyez les commerçants (...). Ils n'ont d'attention que pour eux. Le boucher dépend du mec du veau, le garagiste du mec de l'essence, le fruitier du mec des légumes.
Giraudoux,Folle, 1944, I, p.84. ♦ Mec des mecs ou mec. Dieu. Il fit si bien que je lui accordai toute ma confiance (...) Eh bien! sainte daronne du mec des mecs [Mère de Dieu], c'était un raille [Mouchard] (...) Mère de Dieu. Mouchard (Vidocq,Vrais myst. Paris, t.6, 1844, p.354). ♦ Grand mec. ,,Chef de la police de sûreté`` (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p.178). L'inculpé (...) s'empressa de s'écrier, en regardant avec effronterie le Préfet [de police], «le grand mec, j'va y demander une faveur» (Macé,Lundis, 1889, p.55 ds Esnault, Notes complétant le dict. de Delesalle, 1947). ♦ Mec en blouse. «Expression de la légion étrangère, (surtout de l'ancienne légion), signifie originairement un homme riche, par extension tout individu à la hauteur» (Arnoux ds Esn. Poilu 1919). − [Pour désigner plus spéc. un individu aux activités marginales ou délictueuses] ♦ Mec à la redresse. ,,Tout individu qui en impose par ses qualités ou ses vices`` (Delvau Suppl. 1883). Laisse les jérémiades aux rombières!... Ça les empêche pas de pisser!... Ça leur fait un plaisir intense!... Mais toi t'es un mec à la redresse!... Pas que t'es à la redresse Routoutou?... Tu vas pas te noyer dans les pleurs? (Céline,Mort à crédit, 1936, p.690). Rem. 1. Semble élogieux et l'on dit aussi souvent c'est un mec ou, plus fréq. encore c'est un sacré mec, un drôle de mec, un mec fortiche, que c'est un type pour exprimer l'admiration. 2. Dans des constr. récentes désignant, p. plaisant. une femme: Les jeunes cadres: style dynamique convient aux femmes responsables, un peu «femmes-mecs», soucieuses de leur apparence, qui ne rechignent pas à emprunter aux hommes quelques bonnes idées: le veston, le pantalon large, le noeud papillon (L'Est Républicain, 19 avr. 1982, p.22, col. 3). B. − Pop. et souvent péj. Individu du sexe masculin. Drôle de mec; pauvre, sale mec. Des souliers de boche, les mecs, criait-il (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.217).Ils me font bien rire tous ces petits mecs qui veulent être quelqu'un (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.171). Rem. ,,Dans ce sens, mec s'emploie beaucoup avec le démonstratif (qu'est-ce que c'est que ce mec? [t'as vu ce mec-là?]), avec des adjectifs péjoratifs (pauvre mec, petit mec) et un appellatif (eh, mec! les mecs!). Le mot est usuel au point de remplacer homme, bonhomme, gars, comme nana pour femme et fille...`` (Cellard-Rey 1980). Prononc. et Orth.: [mεk]. Var. vieillies: mèque (Poulot, Sublime, 1870, p.180), mecque (rem. ds Rob., Lar. Lang. fr.), meck (rem. ds Rob., Hugo, Misér., t.2, 1862, p.197), meg (Larch. Nouv. Suppl. 1889, p.XXXI; Intérieur des prisons, 1846, p.61). Plur. des mecs. Étymol. et Hist. 1. a) 1821 mecque «chef» (Ansiaume ds Esn.); b) 1827 mec «bon Dieu» (Monsieur comme il faut, [1reet 2eéd.], p.36); 2. 1848 «individu quelconque» (Pierre [éditeur], Argot et jargon ds Esn.); 3. a) 1870 «souteneur» (Poulot, loc. cit.); b) 1882 «gars solide» (d'apr. Esn.). Mot d'orig. obsc. (Esn.). Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982 propose d'y voir la conj. mais que qui introduit une conditionnelle, une concessive, etc. et que l'on trouve substantivé dans certains dial. (Quercy: mesque «motif», douna per mès-que «donner pour motif»). Cette accept. serait à l'orig. du sens «qui fait l'important» et sur le modèle de M. Vetto, MlleJ'Ordonne on aurait formé un M. Mecque désignant un personnage important. 3 a est peut-être à rapprocher de l'arg. mac*. Fréq. abs. littér.: 98. DÉR. Mecton, subst. masc.,pop., dimin. méprisant de supra B. Hé, les mectons! En v'là une, de porte! (Lenormand,Simoun, 1921, 13etabl., p.145).Il se faisait virer le mecton, il rebondissait dans la porte, il volait avec son rouleau (Céline,Mort à crédit, 1936, p.437).− [mεktɔ
̃]. Lar. Lang. fr.: ,,on trouve aussi la graphie mecqueton``. − 1reattest. 1896 (d'apr. Esn.); dimin. de mec. BBG. − Chautard Vie étrange Arg. 1931, p.120, 230, 450. _ Dauzat Ling. fr. 1946, p.304. _ Esnault (G.). Qq. dates. Fr. mod. 1952, t.20, pp.132-134. _ Prigniel (M.). Le Mégot. Fr. mod. 1980, t.48, pp.258-259. _ Sain. Arg. 1972 [1907], p.152, 247, 293, 311. |