| MAÇONNER, verbe I. A. − Qqn maçonne qqc. 1. Construire ou réparer en maçonnerie. De place en place, quand le val rapide s'arrête à une espèce de marche, les hommes ont maçonné un réservoir qui retient l'eau des orages (Maupass., Contes et nouv., t. 2, En voy., 1883, p. 326).Jos-Mari s'appliquait à crépir le soubassement maçonné du chalet de son beau-frère (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 35). − Absolument: .Au fond le seul moyen, selon moi, de ne pas être littéraire, c'est d'accepter franchement la littérature comme un métier, comme un art, si tu veux; d'écrire aussi gratuitement qu'un peintre peint, ou même qu'un maçon maçonne.
Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p. 344. − P. métaph. Jean-Christophe (...) a contribué (...) à maçonner autour de nous une forteresse d'obligations humaines et de devoirs moraux (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 77). ♦ En partic., vieilli. Exécuter (un travail) de façon grossière. Son grand portrait en pied, peint par Bonnat et illuminé a giorno et la pâle et diaphane femme, horriblement matérialisée dans cette effigie, me semble non peinte, mais truellée, gâchée, maçonnée en cette peinture (Goncourt, Journal, 1885, p. 511). − P. anal. [Le suj. désigne un insecte, un oiseau] Construire (son habitation) en assemblant terre, cire, ou autres matériaux à la manière du maçon. Les hirondelles ont maçonné leurs nids sous les débris de la toiture (Du Camp, Nil, 1854, p. 48).Elle [l'abeille] visite les fleurs, (...) elle maçonne et approvisionne ses cellules (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 195). 2. P. ext. a) Revêtir, recouvrir de maçonnerie. Maçonner les parois d'une citerne, d'un puits. (Dict. xxes.). − [P. anal.] Je n'ai qu'à fermer les yeux pour revoir, après tant d'années, cette pièce maçonnée de livres (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 56). b) Boucher (une ouverture) avec de la maçonnerie. Les soupiraux de cave de toutes les maisons fermés et maçonnés (Goncourt, Journal, 1871, p. 819).L'entrée de la chambre est ensuite maçonnée ou fermée par un remblai maintenu par un boisage (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 106). B. − Rare. Qqc. maçonne qqc.[Le suj. désigne ce qui sert à maçonner] Boucher (une ouverture). P. métaph. On ne voyait vraiment plus rien (...) on ne pouvait pas même apercevoir au travers le noir des forêts: un plâtre opaque et plat maçonnait toutes les fissures du brouillard (Giono, Batailles ds mont., 1937, p. 85). II. − Qqn maçonne.Édifier une maçonnerie. Il avait mis le pot de fer dans un trou de la muraille au château du Beaufort, et il avait fait maçonner par-dessus (Sand, Meunier d'Angib., 1845, p. 337).Les ouvriers commencent de construire leur mur sous les injures et les coups. Mais, ô merveille, soeur Léopold-Marie-Thérèse du Coeur de Jésus se couche tout de son long en travers de la porte et s'écrie: − Vous me maçonnerez sur le corps, mais je garderai le passage! (Barrès, Colline insp., 1913, p. 187). REM. Maçonné, adj. hérald.Bâtiment, mur maçonné. ,,Bâtiment, mur (dont les joints entre les pierres sont d'un émail particulier)`` (Past. Hérald. 1979; dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [masɔne], [mɑ-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « construire en maçonnerie» (Bueve de Hanstone, I, 6885 ds T.-L.); 2. ca 1200 «boucher (une porte) avec de la maçonnerie» (op. cit., 6897, ibid.); 3. 1873 «revêtir de maçonnerie» (Lar. 19e). Dér. de maçon*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 27. DÉR. Maçonnage, subst. masc.a) Action de maçonner; p. méton. ouvrage maçonné. Le vieil Arribial, tout pantois et tout crispé, s'étant laissé choir sur un banc de marbre scellé dans le maçonnage (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 340).Le Survenant vit tout ce qui penchait, ce qui cherchait à manquer ou qui voulait seulement faire défaut: (...) les clôtures à redresser, (...) les piquets à poser, le maçonnage de la cheminée (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 66).b) P. anal. [En parlant d'un animal] Action de construire son habitation à la manière d'un maçon. S'il [l'oiseau] choisit un nid naturel, comme fait la sitelle, au creux d'un arbre, il en rétrécit l'ouverture par un habile maçonnage (Michelet, Oiseau, 1856, p.220).− [masɔna:ʒ], [mɑ-]. − 1reattest. 1240 (ap. D'Herbomez, Étude sur le dialecte du Tournaisis au XIIIes., 31 ds Delb. Notes mss); de maçonner, suff. -age*. Bbg. Delb. Matér. 1880, p.194. |