| MAXIME, subst. fém. A. − Précepte, principe de conduite, règle morale. Maxime fondamentale, générale, obligatoire, principale, sévère; maxime de conduite; suivre des maximes. Plus les monarques sont faibles, plus ils sont fidèles à quelques maximes de fermeté qui leur ont été données dès leur enfance (Staël, Consid. Révol. fr., t.1, 1817, p.83).Cet homme d'humeur gaie et légère (...) avait pour maxime de jouir du présent et de prendre toujours la vie du côté agréable (Thierry, Récits mérov., t.2, 1840, p.269).On rencontre des familles qui diffèrent beaucoup les unes des autres par les règles et les maximes de la vie en commun (Alain, Propos, 1907, p.9): 1. Ma maxime la plus chérie est de ne jamais rien demander à ceux qui m'offrent... Autant je suis touché de tout ce qu'on m'accorde, autant je le suis peu de ce qu'on me fait accepter.
Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p.288. − PHILOS. [Chez Kant] Principe choisi librement par un individu et d'après lequel il dirige sa conduite. Anton. loi.Maxime de la morale kantienne: 2. ... une telle loi ne peut être empruntée ni chez Épicure à l'intelligence qui conçoit les essences individuelles, ni chez Spinoza à l'imagination qui appréhende la durée (...) ni chez Kant aux maximes empiriques et changeantes du sentiment.
J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p.77. B. − Proposition, phrase généralement courte, énonçant une vérité morale, une règle d'action, de conduite. Synon. sentence, pensée, aphorisme.Ils avaient inventé pour leur usage cette maxime singulière «que la misère est l'engrais du talent» (Murger, Scènes vie jeun., 1851, p.232).J'ai écrit, pour moi seul, et au moyen de signes secrets, cette maxime laconique: «obéir d'abord» (Duhamel, Maîtres, 1937, p.30): 3. Au fond du choeur, derrière la croix, une bannière de pourpre élevait la maxime brodée d'argent, cor unum, anima una, qu'Omer avait lue sur les bagues de ses cousins et certain papier à lettres de Praxi-Blassans.
Adam, Enf. Aust., 1902, p.420. − Littér., au plur. Titre donné à certains recueils contenant des pensées, des préceptes, des vérités morales. Il n'y a pas un seul nom propre dans les Maximes de La Rochefoucauld; pour un penseur de cette condition, ç'eût été déroger (Sainte-Beuve, Pensées, 1840, p.23): 4. Je relis le livre des Maximes [it. ds le texte] avec une admiration des plus vives. Il me paraît que la position que je tâchais de prendre à l'égard de La Rochefoucauld ne saurait être maintenue sans injustice.
Gide, Journal, 1921, p.698. Prononc. et Orth.: [maksim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 scolast. (Guillaume de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 2973 ds T.-L.); 2. ca 1485 «règle de conduite, appréciation ou jugement d'ordre général» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 5375); 3. 1657 «formule lapidaire énonçant un jugement d'ordre général» (Pascal, Provinciales, IV ds
Œuvres complètes, éd. L. Lafuma, 1963, p.384b); 4. 1665 «genre littéraire mineur» (La Rochefoucauld, Réflexions ou sentences et maximes morales [titre]); 5. 1873 «(dans la philosophie de Kant) règle de conduite considérée par celui qui l'adopte comme valable pour sa volonté propre, sans référence à celle d'autrui» (Lar. 19e). 1 empr. au lat. médiév. maxima (sententia) signifiant littéralement «(sentence) la plus grande», v. Nov. Gloss. s.v. magnus, col.50. Pour 4, v. M. Kruse, Die Maxime in der fr. Lit., Hamburg, 1960, notamment pp.24-27. Fréq. abs. littér.: 1305. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3254, b) 1397; xxes.: a) 855, b) 1510. DÉR. Maximer, verbe trans.Donner la valeur d'une règle générale à. On ne peut, on ne veut pas enfermer sa vie en soi en agissant, on agit comme pour tous et en tous. C'est la raison pour laquelle naturellement nous sommes portés tous à maximer notre conduite (Blondel, Action, 1893, p.230).− [maksime], (il) maxime [maksim]. − 1reattest. 1859 «donner la valeur d'une maxime, d'une règle générale à quelque chose» (H. Rigaud,
Œuvres complètes, t.4, p.457: maximer [...] les mauvaises pratiques); de maxime, dés. -er. |