| * Dans l'article "MAUDIRE,, verbe trans." MAUDIRE, verbe trans. Réprouver en proférant des paroles de malédiction. A. − [La réprobation est hum.] 1. [au nom d'un sentiment relig.] Vouer une personne au malheur en appelant sur elle la malédiction divine: 1. ... les démocrates semi-chrétiens me maudissent comme ennemi de Dieu, par conséquent traître à la république, lorsque je cherche le sens et le contenu de l'idée de Dieu...
Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.25. 2. [sous l'effet de la colère, de l'exaspération, etc.] Vouer quelqu'un au malheur en proférant à son sujet des imprécations. Tous les personnages finissent par un choeur où ils maudissent Mandrin, l'auteur d'un vol aussi audacieux (L. Schneider, Maîtres opérette fr., Lecocq, 1924, p.199).Les vexations, les cruautés auxquelles le nouveau roi est entraîné par son goût du luxe et des fêtes le font maudire de ses sujets (Faral, Vie temps St Louis, 1942, p.217). − Emploi pronom. Se réprouver. Son repentir était sincère; depuis le départ de la Belcredi, il n'avait pas vécu un jour, sans penser à elle, et sans se maudire (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.276).Je me maudis de t'avoir donné le jour! (Aragon, Beaux quart., 1936, p.53). − P. anal. Dire sur quelque chose tout le mal possible par haine ou par mépris. Synon. détester, exécrer.Maudire une guerre. Tout en maudissant l'amour et les soupçons jaloux qui faisaient de ma vie un supplice, il n'était rien au monde que je redoutasse tant qu'une découverte de trahison qui m'eût peut-être à jamais délivré de mes tourments (Milosz, Amour. initiation, 1910, p.190).Les parlementaires maudissaient le régime qu'ils avaient eux-mêmes institué (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.36).La grande majorité maudissait la Révolution sans en rien excepter (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.623): 2. ... je maudis ce sacré métier de romancier où l'on passe sa vie à se fâcher, à se refroidir avec l'humanité que l'on approche; je maudis ce métier où il y a toujours dans l'air des duels ou des poursuites...
Goncourt, Journal, 1882, p.144. P. exagér. Maudire le mauvais temps, un contretemps. 3. En partic. Blasphémer. Anton. bénir.On célébrait, en maudissant le pain et le vin, la messe noire, sur le dos d'une femme, à quatre pattes, dont la croupe nue et constamment souillée servait d'autel (Huysmans, À rebours, 1884, p.213).Soumis à la volonté du Seigneur, qui lui reprenait les biens qu'il lui avait donnés, le vertueux Job, loin de s'irriter contre Dieu, bénit son nom au milieu de ses afflictions malgré les reproches de sa femme, qui le poussait à maudire Dieu, auteur de ces maux (Théol. cath.t.4, 11920, p.980). B. − [La réprobation est divine] Vouer une personne à la malédiction, à la damnation éternelle. Si les prêtres ne s'appliquent pas de coeur à leurs obligations, Jahvé les maudira et les châtiera (Théol. cath.t.4, 11920, p.1004). Prononc. et Orth.: [modi:ʀ], (il) maudit [modi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 maldire «vouer quelqu'un à la malédiction de Dieu» (Roland, éd. J. Bédier, 2579); 2. ca 1100 «en parlant de Dieu, vouer à la réprobation, à la damnation éternelle» (ibid., 1659: Tere Major, Mahummet te maldie); 1170 maudir (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 5660); 3. ca 1180 «manifester de la colère contre quelqu'un, l'injurier» (Marie de France, Fables, 2, 18 ds T.-L.); d'où ca 1590 «exprimer le mécontentement, la contrariété que l'on éprouve contre quelqu'un ou quelque chose» (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, xx, p.96). Empr. au lat. chrét. maledicere «maudire» (en lat. class. «dire du mal»), de male «mal», adv. et de dicere «dire», v. ce mot; a éliminé l'a. fr. maleir «maudire», 1remoitié xiies. maleeit «maudit» (Psautier Cambridge, 36, 23) formé différemment à partir de maledicere. Fréq. abs. littér.: 876. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1614, b) 2000; xxes.: a) 1030, b) 655. DÉR. 1. Maudissement, subst. masc.Exécration. Maudissement de la guerre (Goncourt, Journal, 1863, p.1282).− [modismɑ
̃]. − 1resattest. ca 1515 mauldissement (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux. 10512, VIII, II, 24 ds Gdf., s.v. maldissement), 1559 [éd.] maudissement (M. de Castelnau, Façons et coust. dans anc. Gaull., fo100 ro, ibid.), attest. isolées, à nouv. au xixes. 1863 (Goncourt, loc. cit.); du rad. du part. prés. de maudire*, suff. -(e)ment1*. 2. Maudisseur, -euse, adj.Qui maudit (cf. ce mot A 2 a). Alfred de Vigny maudisseur du chemin de fer (Arts et litt., 1935, p.64-2).− [modisoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. ca 1200 maldisor (Dialogue Gregoire, 140, 2 ds T.-L., s.v. maudisëor), ca 1515 mauldisseur (Fossetier, op. cit., I, fo157 rods Gdf., s.v. maldisseur), à nouv. au xixes. 1876 (Sand, Quest. arts et litt., p.314); du rad. maudiss- de maudire, suff. -eur2*. |