| MATINAL, -ALE, -AUX, adj. A. − [En parlant de choses] 1. Du matin; propre au matin. Air, brume, fraîcheur, heure, lumière, soleil, vapeur matinal(e). Le 20 juillet, par une journée très-chaude, mais rafraîchie encore de la brise matinale qui se jouait sur le lac entre Chillon et Clarens, je me promenais seule; mon mari était resté à écrire (Michelet, Insecte, 1857, p.21).Enfin, la friture arriva, une magnifique friture de goujons tout croustillants et scintillants de graisse, comme la rosée matinale sur l'herbe, et répandant une odeur délicieuse (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p.154): 1. Elle prend sa lanterne et sa cape. − C'est l'heure
D'aller voir s'il revient, si la mer est meilleure,
S'il fait jour, si la flamme est au mât du signal.
Allons! − Et la voilà qui part. L'air matinal
Ne souffle pas encor. Rien. Pas de ligne blanche
Dans l'espace où le flot des ténèbres s'épanche.
Hugo, Légende, t. 2, 1859, p.767. 2. Qui se produit, qui a lieu le matin. Course, promenade, toilette matinale: 2. Éreintement qui ne résulte pas de la masturbation, comme vous pourriez le croire. Mais de réveils trop matinaux ou matinals, auxquels je me livre depuis que je suis plongé dans les recherches savantes, si bien que je dors assez ordinairement de 3 à 6, qui est la seule heure où il soit convenable d'aller chez les personnes.
Flaub., Corresp., 1860, p.255. B. − [En parlant d'un être vivant] Qui se lève de bon matin. Tiens!... madame de Bélayr qui se promène déjà!... ordinairement, elle n'est pas aussi matinale (Gyp, Le 13e, 1894, p.153).Et, le long des sentiers du haut pays, le passant matinal a cru (...) marcher sur les nuées (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p.2): 3. Mais un mot restait à dire, celui où tout allait se fondre, l'attente lointaine, la lente création de l'amant, la fièvre accrue des premières rencontres. Il s'échappa, du vol blanc d'un oiseau matinal montant au jour, dans la blancheur vierge de la chambre. − Je vous aime.
Zola, Rêve, 1888, p.110. − Emploi subst. Et voilà que maintenant, assis au talus, j'entends des pas qui descendent le chemin. Quel est ce matinal plus matinal que moi? (Giono, Solit. pitié, 1932, 105). ♦ Région., au masc. ,,Vent d'est du matin qui souffle durant plusieurs jours, particulièrement en été et amène le beau temps dans les montagnes du Morvan et le centre du Massif Central en France`` (Villen. 1974). REM. Matinalement, adv.De très bon matin. Comme je veillais avec l'idée de quelque embûche à l'endroit de notre jeune amie, leur projet n'a pu s'effectuer, et, se voyant découverts, ils se sont sauvés dare-dare sur leurs chevaux, qui les attendaient tout sellés à l'écurie sous prétexte qu'ils voulaient matinalement partir (Gautier, Fracasse, 1863, p.289). Prononc. et Orth.: [matinal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Rare, plur. -als (supra ex. 2). Étymol. et Hist. 1. Ca 1125 «qui a lieu le matin» matinel (Psautier d'Oxford, 129, 6 ds T.-L.); mil. xiies. matinal (Psautier de Cambridge, 64, 8, ibid.); ca 1393 heures matinaulx (Menagier de Paris, I, 10, ibid.); 2. 1188 «qui se lève matin» (Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, I, p.394, vers 9724: Molt estes ore matinals). Dér. de matin*; suff. -al*. Fréq. abs. littér.: 662. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 687, b) 1127; xxes.: a) 1088, b) 969. |