| MARTIAL1, -ALE, -AUX, adj. A. − Relatif à la guerre, à l'armée. Synon. militaire.Les cors jetaient des notes allègres, pareilles au chant martial des trompettes d'airain (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p.98). − Cour martiale. Tribunal militaire d'exception fonctionnant en période de guerre ou d'état de guerre. Custine (...) fit juger le commandant van Helden par une cour martiale, et ce brave homme, qui s'était défendu comme un lion, fut cassé! (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p.85).La Milice, dont les cours martiales jugent sommairement et condamnent à mort une foule de patriotes (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.170). − Loi martiale. Loi autorisant le recours à la force armée dans la société civile en vue de maintenir l'ordre. Décréter, proclamer la loi martiale. J'ai vu (...) la tyrannie sortir armée de la loi martiale, pour se baigner légalement dans le sang des citoyens affamés (Robesp., Discours, Subsist., t. 9, 1792, p.111): 1. L'état de guerre ayant été proclamé, on appliquera la loi martiale sans faiblesse ni cruauté, mais avec énergie. Soyez sûrs que, devant la révolte des Asturies et devant la position antipatriotique d'un gouvernement de Catalogne qui s'est déclaré factieux, l'âme entière du pays se lèvera en un élan de solidarité nationale...
Camus, Révolte Asturies, 1936, III, 2, p.425. − SPORTS. Arts martiaux. Ensemble des sports de combat d'origine japonaise tels que le judo, le karaté, etc. (d'apr. Lar. encyclop. Suppl. 1975). B. − Qui a du goût, des aptitudes pour la guerre, le combat; qui encourage à la guerre ou au combat. Synon. guerrier.Discours martial; excitation, humeur martiale; inclination martiale. La joie folâtre, l'ardeur martiale, la fureur peuvent être tantôt réveillées, tantôt calmées par des chants d'une simplicité remarquable (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p.344). − Qui dénote ou rappelle le comportement des militaires. Synon. décidé, courageux, énergique, viril.Air, démarche martial(e). Un éclair de courroux illuminait son visage et lui donnait un reflet martial et terrible (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p.364).Des allures martiales, des instincts guerriers se révélaient subitement chez ce sédentaire [un concierge] assoupi, dès l'aube, dans la tiède vapeur des mirotons (Huysmans,Là-bas, t. 1, 1891, p.42): 2. Il ne serait pas décent de leur couper la tête [aux femmes], de leur tailler bras et jambes, de les fendre en deux jusqu'à la ceinture, comme j'ai l'habitude de le faire avec mes ennemis masculins. Ce sont là brutalités martiales que repousse la politesse. La défaite de leur coeur, la reddition à volonté de leur âme, la mise à sac de leur vertu me suffisent.
Gautier, Fracasse, 1863, p.116. REM. 1. Martialement, adv.D'une manière martiale. Les beaux garçons, l'État les adoptait et les élevait martialement, les faisait marcher pieds nus, passer les nuits à la belle étoile, leur défendait de choisir dans le plat les pommes qui n'étaient pas pourries, les habituait à aller à la cave sans chandelle, la tête rasée, sans vêtement, et à se donner, par dessus tout, de bons coups de poings les uns aux autres (Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p.602).La moustache (...) était blonde, très forte, tombant martialement sur la lèvre en un beau bourrelet couleur de blé mur, mais fin, soigneusement roulé, et qui descendait ensuite des deux côtés de la bouche en deux puissants jets de poils tout à fait crânes (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Idées colonel, 1884, p.254). 2. Martialité, subst. fém.Apparence martiale, caractère martial. Sa figure, tannée, sillonnée de rides, creusée, mais musculeuse, conservait encore quelques vestiges de martialité. Tout en lui avait un caractère de rudesse (Balzac, Méd. camp., 1833, p.92). Prononc. et Orth.: [maʀsjal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1355 «de Mars, concernant la guerre et les armées» camp martiart (Bersuire d'apr. FEW t. 6, 1, p.381a); 1505 «de force guerrière» emprise Martiale (J. Lemaire de Belges, Couronne margaritique,
Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p.102); b) 1565 «valeureux, brave, propre à la guerre» (Ronsard, Cartel pour l'hermite,
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 13, p.214); c) 1740 «d'apparence guerrière» air martial (Ac.); 2. a) 1765 (Encyclop. t. 10: Martiale Cour [...] c'est ainsi qu'on appelle en Angleterre le conseil de guerre, établi pour juger la conduite des généraux, des amiraux); 1790 cour martiale en France (Décret du 22 sept. 1790 ds Frey, p.220); b) 1789 loi martiale (Décrets d'oct. 1789, ibid., p.221). Empr. au lat. martialis, -e «de Mars (nom du dieu de la guerre et d'une planète)», les expr. cour martiale ou loi martiale étant empr. respectivement aux expr. angl. martial court et martial law qui datent du xvies. et dans lesquelles martial est empr. au fr. (cf. NED). Bbg. Quem. DDL t. 1 (s.v. martialement); 8. |