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MARQUETERIE, subst. fém.
A. − Technique (et p. méton. ouvrage) d'ébénisterie assemblant des pièces de bois, d'essence et de tons différents, juxtaposées sur un fond de menuiserie en vue d'obtenir des dessins, des motifs variés. Scie de marqueterie, marqueterie peinte. Marqueterie en papier peint (pour l'ameublement à bon marché) (Lar. encyclop.). Peut-on refuser une espèce de génie à ces véritables poètes qui (...) en mariant dans des marqueteries chatoyantes les essences étrangères, thuya, violette, amarante (...) ont empreint dans ces humbles choses, un fauteuil, une bergère (...) une vie opulente et légère? (Bourget, Monique, 1902, p. 12).La technique du placage et de la marqueterie avait été portée à un tel degré de perfection qu'il ne restait plus guère d'innovation possible dans ce domaine (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 105):
1. Quand le placage est bien sec, on enlève le papier et la colle, et on corroie la marqueterie pour la mettre bien de niveau... Nosban, Manuel menusier, 1857, p. 144.
P. métaph. Qu'on ouvre les livres du Père Garasse (...) la pensée n'y va qu'à travers toutes sortes d'allusions érudites et sous une marqueterie de métaphores, toutes plus raffinées les unes que les autres (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 3, 1840, p. 371).Il [Marcel Proust] s'est fabriqué à l'aide d'une marqueterie de méditations sur le concert, un monde abstrait où il vit heureux (L. Daudet, Salons et journaux, 1917, p. 257).
En emploi adj. De marqueterie. Inspiré de la technique de la marqueterie. Un peintre doit avoir deux manières, l'une lâche et violente, abrégée, l'autre miniature et de marqueterie (L. Daudet, Astre noir, 1893, p. 169).
P. méton. ,,Atelier où se fait ce travail`` (Raymond 1832).
SYNT. Marqueterie d'amarante, de bois de rose; bureau, cabinet, secrétaire, table de/en marqueterie; meuble, ouvrage, plancher de marqueterie; une marqueterie artistique, fleuretée, fragile; une fastueuse marqueterie; d'impeccables marqueteries; marqueterie(s) anciennes(s), délicate(s), massive(s); ouvrier en marqueterie; travailler en marqueterie.
B. − Au fig., péj. Ouvrage d'esprit composé de morceaux disparates, reliés artificiellement entre eux. Ce livre est une marqueterie/un ouvrage de marqueterie; une vraie marqueterie. Ce poète travaille en marqueterie (Besch. 1845). Ce discours est une marqueterie (Ac. 1835-1935). Synon. mosaïque.Ce livre [Jean Cavalier, d'Eugène Sue] n'est ni une marqueterie où toutes les pièces se commandent, ni un collier où les perles sont tenues par le même fil (Balzac, Œuvres div., t. 3, 1840, p. 290).J'ai volontairement passé sous silence l'Opéra qui n'est qu'une marqueterie de tous styles, un raccord de toutes les époques (Huysmans, Art mod., 1883, p. 95).
P. ext. [D'une façon plus gén., péj. ou non péj., à propos du style d'un aut. ou dans d'autres domaines artist.: en peint., en mus.] Je m'extasiais devant ces quatre gros volumes [de l'Histoire de la Littérature anglaise de Taine], devant cette vaste machine si délicatement et si solidement construite; j'admirais les marqueteries irrégulières et bizarres de ce style, l'ampleur de certaines parties et la sécheresse des attaches (Zola, Mes haines, 1866, p. 162).[La cathédrale de Pise] les assises, alternativement blanches et noires, produisent à l'extérieur une sorte de marqueterie étrange qui est devenue un des caractères de l'architecture italienne à cette époque (Ménard, Hist. B.-A., 1882, p. 42).Quarante [années] de travail l'ont mis [le maître de ballet] à même de régler cette scène à grande figuration comme un mouvement d'horlogerie. − De l'horlogerie, peut-être, de la danse, non! crie le Directeur. Des pièces détachées qui s'ajustent, de la marqueterie, de la gesticulation conventionnelle (Morand, Rococo, 1933, p. 49).
C. − P. ext. Ouvrage de ce genre employant (sur fond de menuiserie) d'autres matériaux que le bois. Marqueterie d'or, d'argent, de nacre. On copie tout naturellement les meubles fabriqués par André Charles Boulle; leur somptuosité, l'emploi du sombre ébène, le clinquant de la marqueterie de cuivre, d'ivoire et d'écaille, plaisent aux contemporains de Napoléon III (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 164).
Marqueterie de marbre. Ouvrage de marbre de différentes couleurs, formé de lames minces appliquées sur un fond de maçonnerie. Marqueterie sur lambris; marqueterie sur sol d'une galerie (Besch. 1845). Dans bien des cas, la marqueterie se confond avec la mosaïque (Jossier1881).
P. anal. Lettres en marqueterie. ,,Caractères dont le corps est divisé en compartiments peints de couleurs diverses`` (Littré).
D. − Art de faire des ouvrages de marqueterie. Habile en marqueterie, la marqueterie est un art assez difficile. Bien connaître la marqueterie (Littré). La marqueterie est un travail d'artiste (Davau-Cohen 1972):
2. C'est à Florence que prit naissance le goût de la marqueterie [it. ds le texte], et cet art y fut porté très loin. De grands artistes (...) dirigèrent les grands travaux de marqueterie [id.] dont on orna les chaires des églises, les stalles des choeurs et toutes sortes d'objets d'ameublement. L'art et le goût de la marqueterie [id.] se sont propagés en France, et, depuis la Renaissance, chaque siècle a imprimé à ce travail un genre particulier. Chabat1881, p. 346.
Prononc. et Orth.: [maʀkətʀi], [-ε-]. Att. ds Ac. dep. 1694. La prononc. [-ε-] peut se traduire dans l'orth. par un doublement du t: -etterie (cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 172), et, p. ex., Nizan, Conspir., 1938, p. 181: le petit bureau de marquetterie. Étymol. et Hist. 1. a) 1416 «ouvrage de bois de diverses couleurs appliqué sur de la menuiserie pour former les dessins» (Doc. ds Guiffrey, Inventaires de Jean, duc de Berry, t. 1, p. 27); b) 1671 «branche de l'ébénisterie relative à ces ouvrages» (Pomey); 2. ca 1590 fig. «ensemble fait de parties disparates, mosaïques» (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 964). Dér. du rad. de marqueter*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 93. Bbg. Quem. DDL t. 16.