| MARQUE1, subst. fém. I. − [Correspond à marquer I A et II] A. − Signe matériel de nature diverse facilement reconnaissable, appliqué généralement à/sur une chose pour en indiquer de façon conventionnelle certaines caractéristiques et permettre de distinguer cette chose d'une autre (ou parmi d'autres) semblable(s) ou analogue(s). 1. [Pour retrouver cette chose, la classer, l'identifier avec le souci d'en signaler et d'en attester l'appartenance, le cas échéant] Mettre, faire une grande, large, longue, petite marque; une marque indélébile, ineffaçable, une marque invisible; ôter, effacer une marque; marque écrite, imprimée; marque au couteau, à la craie. Jacquemin Lampourde tira piteusement du fourreau un bout de rapière portant pour marque un S couronné (Gautier,Fracasse,1863, p. 351): 1. Cette déclaration l'étourdissait. Bouvard objecta qu'ils n'avaient besoin du consentement de personne. «Qui vous arrête? Est-ce le trousseau? Notre linge a une marque pareille, un B! Nous unirons nos majuscules».
Flaub.,Bouvard,t. 2, 1880, p. 60. − En partic. a) [Sur le corps hum.]
α) Vx. Signe infamant imprimé au fer rouge sur l'épaule d'un condamné. Marque d'infamie. La peine de la marque a été abolie sous le gouvernement de Juillet (Littré): 2. Le nommé Chavard a été condamné à cinq ans de travaux forcés et à la marque, pour avoir volé, avec effraction, escalade nocturne et à main armée, cinq choux et un lapin blanc; mais, vu les circonstances atténuantes (...) on lui fait remise de la marque...
Sue,Atar-Gull,1831, p. 11. ♦ P. métaph. Socialiste! Il y a beau temps que cette étiquette a cessé d'être un épouvantail, une marque flétrissante sur l'épaule d'un paria (Vogüé,Morts,1899, p. 46). ♦ P. anal. ou au fig. [L'auteur de la marque est D., le destin] La lèpre avait donc (...) quelque chose de sacré aux yeux de l'Église et des fidèles: c'était un don de Dieu, une distinction spéciale, une marque, pour ainsi dire, de l'attention divine. La main de Dieu (...) avait touché un chrétien, l'avait frappé d'une manière mystérieuse (Montalembert,Ste Elisabeth,1836, p.218).
β) Synon. de tatouage.Porter une marque tatouée. Cet homme est bien le courrier, dit le duc au gendarme et à l'aubergiste. Je viens de le reconnaître à ces marques. Et il indiquait les tatouages (Ponson du Terr.,Rocambole,t. 5, 1859, p. 216). ♦ [Comme coutume dans certains pays] :
3. Souvent il y a autour de nous un troupeau de moutons noirs qui broute, quelque petit garçon nu, leste comme un singe, avec des yeux de chat, des dents d'ivoire, un anneau d'argent dans l'oreille droite et de grandes marques de feu sur les joues, tatouage fait avec un couteau rougi.
Flaub.,Corresp.,1850, p. 186. ♦ [Comme moyen permettant de retrouver un esclave fugitif] :
4. Les peines disciplinaires du fouet et du cachot, auxquelles il [Leudaste] fut soumis successivement comme serf fugitif, étant jugées insuffisantes contre une telle opiniâtreté, on lui infligea la dernière et la plus efficace de toutes, celle de la marque par incision pratiquée sur l'une des oreilles.
Thierry,Récits mérov.,t. 1, 1840, p. 196.
γ) MÉD. Marque(s) d'un vaccin. Scarification(s) permettant l'inoculation d'un vaccin. Je n'ai pas baisé la petite marque du vaccin sur votre bras (Montherl.,Bestiaires,1926, p. 467). b) [Sur l'animal, le bétail notamment pour distinguer la race, l'appartenance de chaque bête en cas d'épizootie, pour isoler les bêtes malades] Marque au fer rouge du bétail. La marque des moutons de tel troupeau, des chevaux de tel haras (Ac.1835-1935).Poëri fit signe au bouvier de faire avancer ses bêtes (...). La marque du domaine, empreinte au fer chaud, estampillait leurs hanches (Gautier,Rom. momie,1858, p. 265).La marque sert à prévenir le détournement des bestiaux et les ventes clandestines, à établir les pertes, et devient, quand elle est bien conçue et bien exécutée, un puissant auxiliaire de l'isolement (Littré-Robin1865). ♦ BOUCH. [Pour la viande destinée à la consommation] Cachet de l'inspection sanitaire. (Dict. xixeet xxes.). ♦ MÉD. VÉTÉR. ,,Signe appliqué à un animal et propre à constater son état sanitaire dans les cas d'épizootie`` (Littré). ♦ ZOOTECHNIE. Une marque indélébile est indispensable pour l'identification des animaux inscrits à un livre généalogique (Lar. encyclop.). c) [Sur un document, au bas d'un message] Mettre sa marque sur un message. Y apposer son monogramme, paraphe, seing. (Dict. xixeet xxes.). ♦ En partic. Signe, croix apposée en guise de signature (par une personne illettrée). Il a déclaré ne savoir signer, et a fait sa marque. Il a mis sa marque au bas de cet écrit (Ac.1835, 1878). 2. a) [Pour identifier la chose marquée et surtout d'en garantir l'authenticité et en protéger les droits de propriété] Signe spécial apposé par un ouvrier, un artisan (en particulier éditeur, typographe, libraire) sur l'objet qu'il a fabriqué (le livre qu'il a imprimé ou fait imprimer) ou par un artiste sur ses ouvrages. Marque d'atelier; marque d'éditeur, d'imprimeur; marque du tâcheron, de l'orfèvre. Sur les objets qu'il possédait, qu'il s'était constitués en les taillant dans les ossements des proies dévorées, l'homme préhistorique, mû à nouveau par le besoin de porter sa marque, a gravé des dessins qui étaient autant de prises de possession morale (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p. 110): 5. Causant avec MmeDaudet de mon ambition de ma survie dans mes objets d'art par l'apposition d'une marque, d'un cachet, d'une signature (...) elle me dit très intelligemment que ce goût de la postérité devait venir de cette partie de ma vie écoulée dans le passé, de mon labeur d'historien...
Goncourt,Journal,1887, p. 717. − Marque des meubles, marque des ébénistes. Cette marque [des ébénistes] était faite par la frappe d'un fer, appelé estampille. Certains ébénistes apposaient leur marque par un fer rouge (Fonv.1974). − Marque typographique. ,,Signe conventionnel, chiffre, monogramme ou vignette gravée, que l'imprimeur ou le libraire adopte comme marque commerciale et qu'il reproduit dans le livre, soit au titre soit à la fin`` (Rolland-Coul. 1969). b) Signe, empreinte apposée sur différentes sortes de marchandises soit pour en désigner le lieu d'origine, soit pour faire la preuve qu'elles ont été contrôlées et ont acquitté les droits. La marque de la douane (...) du contrôle (...). Marque de l'or, de l'argent. Mettre la marque sur de la vaisselle (Ac. 1835-1935). Il disait qu'il avait eu cette canne à Londres; or, la marque attestait qu'elle était de Paris! (G. Leroux,Myst. ch. jaune,1907, p. 150).La marque de provenance a été soigneusement découpée dans le cuir de la coiffe, où il manque un morceau, de la forme et de la dimension d'une feuille de laurier (Gide,Caves,1914, p. 840): 6. ... [Pécuchet] contempla les deux S peints sur le couvercle [de la soupière]. − «La marque de Rouen! dit Pécuchet. − Oh! Oh! Rouen, à proprement parler, n'avait pas de marque. Quand on ignorait Moustiers, toutes les faïences françaises étaient de Nevers. (...)»
Flaub.,Bouvard,t. 1, 1880, p. 118. − P. méton. Outil, instrument qui produit la marque. Apportez la marque pour marquer cette vaisselle (Ac.1835-1935).L'orfèvre devait tenir boutique ouverte s'il voulait faire usage de son poinçon; dans le cas de suspension momentanée ou définitive, sa marque de maître était déposée au bureau des orfèvres et gardée sous scellé (Lar. 19e, s.v. orfévrerie). c) Signe par lequel un marchand indique sur un article le prix auquel il décide de le vendre; p. méton. le prix lui-même. Une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix (Proust,Temps retr.,1922, p.882): 7. ... un matin, comme Mouret traversait la soie, il s'arrêta, surpris de voir Favier en train de modifier les étiquettes de tout un solde de velours noir. − Pourquoi baissez-vous les prix? demanda-t-il. Qui vous en a donné l'ordre? (...) je n'ai jamais toléré ces tentatives d'indépendance... Nous seuls décidons de la marque.
Zola,Bonh. dames,1883, p. 715. − Taux de marque. ,,Pourcentage appliqué par un commerçant sur le prix d'achat de ses marchandises et destiné à couvrir ses frais généraux et son bénéfice`` (Barr. 1974). 3. [Dans le but d'authentifier un produit comm.] a) Signe commercial distinctif (chiffre, caractère, nom, figure) apposé diversement sur l'article, sur l'emballage (par impression, collage) dans le but d'en indiquer l'appellation commerciale, la fabrique d'origine, l'entreprise de distribution et p. méton. le support matériel de ce signe (cachet, étiquette, label). V. marquer ex. 5: 8. Certaines marques sont devenues l'équivalent de produits ordinaires et malgré les interventions de ceux qui les possèdent, il arrive qu'elles tombent de facto dans le domaine public.
Baudhuin1968. − P. méton. Firme, entreprise qui détient cette marque. Si l'ancien commerce, le petit commerce agonisait, c'était qu'il ne pouvait soutenir la lutte des bas prix, engagée par la marque. Maintenant, la concurrence avait lieu sous les yeux mêmes du public (Zola,Bonh. dames,1883, p. 460).Il faut m'apprendre qu'il y a des gourmandises nuisibles, et qu'à tout prendre on doit se méfier des mauvaises marques (Colette,Ménage,1902, p. 290).On vit s'arrêter, devant la cavée des portes, une opulente automobile de marque américaine (Duhamel,Suzanne,1941, p. 200). ♦ Grande marque (p. oppos. à sous-marque). Firme, entreprise puissante, dont les produits sont d'une grande notoriété. Je vois une porte bâtarde qui tient encore debout. (...) elle est toute rafistolée de pièces de bois et de morceaux découpés dans des plaques de zinc timbrées des grandes marques de produits photographiques (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 104). ♦ Ces mêmes produits. La voiture vint. Augustin reconnut cette marque voyante et fort chère qui garnissait la page entière d'un illustré de luxe avec le dessin d'une automobile, d'une dame seule, d'un chauffeur et d'un pékinois, arrêtés tous les quatre devant un perron à colonnes (Malègue,Augustin,t. 2, 1933, p.241).Seules, les pensées organisées et continues imposent, comme dans le commerce seules les «marques» se vendent bien (Guéhenno,Journal homme 40 ans,1934, p. 134). b) DR. COMM. Sous un semblant de tonnelle (...) se dressait une seule petite table de pique-nique en tôle rouillée par les averses, où la marque de commerce d'une brasserie s'effaçait (Roy,Bonheur occas.,1945, p. 396): 9. Sont considérés comme marques de fabrique, de commerce ou de service les noms patronymiques, les pseudonymes, les noms géographiques, les dénominations arbitraires ou de fantaisie, la forme caractéristique du produit ou de son conditionnement, les étiquettes, enveloppes, emblèmes, empreintes, timbres, cachets, vignettes, liserés, lisières, combinaisons ou dispositions de couleurs, dessins, reliefs, lettres, chiffres, devises et en général tous signes matériels servant à distinguer les produits, objets ou services d'une entreprise quelconque.
Clém.Alim.1978. − Marque déposée. ,,Marque de fabrique ou de commerce donnée par un industriel à ses produits et déposée par celui-ci au greffe du tribunal de Commerce de son domicile. Elle est alors protégée contre les imitations`` (Barr. 1974): 10. Qu'est-ce qu'il allait faire de tout ça? Ça n'avait ni queue ni tête, ces griffonnages. Il y avait quelque chose de commun entre eux, un certain climat (...). Il avait pensé vaguement: «essayer de rendre le goût de ma vie» comme s'il s'était agi d'un parfum étiqueté, marque déposée, le même à travers toutes les années.
Beauvoir,Mandarins,1954, p. 120. − Marque de distributeur. ,,Marque apposée par un distributeur sur les produits qu'il vend mais qu'il fabrique rarement. Généralement le distributeur fait fabriquer le produit par un tiers et appose ensuite sa marque sur le produit qui n'est vendu que dans des magasins lui appartenant`` (Barr. 1974). Les produits dits «libres» sont une marque de distributeur (WellhoffComm.1977). − Marque exclusive. Marque vendue en exclusivité chez un distributeur. (Dict. techn. xxes.). − Marque de fabrique. Signe permettant à un commerçant, à un fabricant de distinguer son/ses produit(s) de celui/ceux de la concurrence: 11. − Qu'est-ce que tu veux que je regarde? − Pas la flamme, le verre [de lampe]. (...) − Distingues-tu une marque de fabrique à deux centimètres en dessous du bord supérieur ? (...) − Si... On dirait bien. − Tu es en présence d'un verre de lampe de la marque des Trois Marteaux.
Romains,Copains,1913, p. 7. ♦ P. métaph. Toute cette histoire, d'un bout à l'autre (...) portait sa marque de fabrique, sa lourde griffe de bon ivrogne braillard (Courteline,Train 8 h 47,1888, 1repart., 5, p. 55).Eux aussi ont un fonds commun, une marque de fabrique et c'est (...) cette manière stricte de dessiner, cette (...) alliance de la virtuosité aisée et du rendu photographique (Estaunié,Roman et Province,1942, p. 210). − Marque (de service). Signe permettant de distinguer les services d'une entreprise. Les services rendus par un commerçant (transport, entretien par ex.) peuvent aussi être l'objet d'une marque: celle-ci se réfère à la prestation accomplie (Jur.1971). ♦ (Article, produit) de marque. (Article, produit) caractérisé par ,,sa qualité suivie, ses prix de série, son conditionnement spécifique d'origine (d'où sa facilité d'identification) et enfin la garantie de qualité qu'il comporte pour le consommateur final`` (cida 1973). − Loc. adj. inv. De (bonne) marque. De première qualité; de qualité garantie, supérieure. Armand Larseneur descendit de la voiture et commença tout aussitôt de songer à son piano. C'était un «crapaud» de bonne marque et de forme agréable (Duhamel,Désert Bièvres,1937, p. 92).Son œil regarda loin et fixement, au delà de la muraille, pavoisée de bouteilles d'apéritifs et de liqueurs de marque ou de fantaisie, fouilla une perspective soudain entr'ouverte (Arnoux,Nuit St-Avertin,1942, p. 69).Au fig. Quand sa beauté première, sa beauté du début a été usée, elle s'en est confectionnée une autre (...) de presque aussi bonne marque, ma foi! (Gyp,Tante joujou,1891, p. 158).Revenons à la rime, ce vieux stimulant de bonne marque. Après des drogues plus savantes on la retrouve avec plaisir (Cocteau,Poés. crit. I,1959, p. 48). ♦ Image* de marque. B. − 1. P. ext. Tout ce qui sert à identifier, reconnaître quelque chose ou à le remémorer; le signe en tant que tel. Indiquer, désigner dans un texte un passage par une marque; faire une marque à un livre. Pour marque, faire un noeud à son mouchoir (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e): 12. Ses livres étaient remplis d'une infinité de petites marques en papier (...) elles portaient un mot. Quand Voltaire voulait un fait, il (...) lisait rapidement les mots de toutes les marques d'un volume.
Stendhal,Mém. touriste,t. 2, 1838, pp. 328-329. − Spéc. [Pour servir de repère(s) dans l'exécution de certaines tâches] a) TECHNOL. [Notamment sur les pierres de taille ou les bois] Marques à la scie; marques sur des pierres de construction. Les marques sur le bois dont l'ensemble constitue (...) la marque des bois, sont formées d'une série de figures faites avec le tranchant du ciseau sur les pièces de bois (Chabat1881). b) SPORTS. Signe tracé sur le sol (pour régler certains mouvements). Marque de départ d'un sauteur en longueur, d'un coureur de vitesse. (Dict. xxes.). − P. métaph. Au delà des barrières sociales, les peuples restent long-temps à la même distance de nos institutions; mais ils n'ont pas plus tôt franchi la ligne de marque, qu'ils sont entraînés vers la corruption sans pouvoir se retenir (Chateaubr.,Essai Révol.,t. 1, 1797, p. 290). − P. méton. Dispositif sur lequel le coureur prend appui au départ de la course. La marque est soit un simple trou, soit un dispositif dit «starting-block» (Rob.). ♦ Loc. À vos marques. Appel invitant les coureurs à se mettre sur la ligne de marque ou ligne de départ (Dict. xxes.). 2. En partic. a) Vx. Marque de théâtre. Ticket d'entrée ou premier billet p. oppos. à contremarque (deuxième billet donné en échange du premier, au spectateur désireux de sortir à l'entracte pour qu'il puisse rentrer suivre la suite du spectacle). (Dict. xixeet xxes.). b) JEUX − Jetons permettant de retenir au fur et à mesure les points ou les parties qu'on gagne. Boubouroche, jouant à mesure qu'il annonce. Trèfle pour toi!... Trèfle pour moi!... Et, coeur. Vingt-sept pour nous, et vingt-deux à la marque: quarante-neuf... Vous êtes dans le lac (Courteline,Boubouroche,1893, i, 1, p. 22). c) P. iron. Il est heureux à la marque. Il est soupçonné de marquer plus qu'il ne le faut. (Dict. xixeet xxes.). − Jetons, fiches que l'on met au jeu au lieu de l'argent. On convient en se mettant au jeu, de la valeur des marques (Ac.1835-1935). ♦ SPORTS et JEUX. Décompte des points au cours d'une partie, d'un match. À la mi-temps la marque était de 2 à zéro. Une minute plus tard, on crut bien que Monaco allait aggraver la marque (L'Équipe,19 avr. 1978, p. 3, col. 6).Mener à la marque. Mener aux points. (Dict. xxes.). Ouvrir la marque. Marquer le premier but de la partie. Bjekovic se trouvait complètement démarqué et n'avait aucun mal à ouvrir la marque (L'Équipe,26 avr. 1978, p. 4, col. 2). d) [Dans le domaine des signes honorifiques] − Marques (distinctives) (d'une dignité, d'un grade, d'une fonction). Le mortier était la marque des présidents du parlement. Les faisceaux et la hache étaient la marque des grands magistrats (Ac.1835-1935). − Marques (d'honneur). Insignes honorifiques. Porter les marques d'un ordre, de la Légion d'honneur, de l'ordre de la Jarretière. Les deux amis virent distinctement cette fragile nacelle (...) contenant un vieillard (...) et un jeune homme de la figure la plus intéressante, et décoré des marques de la chevalerie. Olivier lui cria de jeter son armure dans le lac (Genlis,Chev. Cygne,t. 1, 1795, p.222). − Loc. adj. inv. [S'applique à une pers.] De marque. De qualité, éminent. Étranger, hôte, personnage, spectateur de marque; gens de marque et de réputation. En tout, une vingtaine de Parisiens de marque, dans les lettres et le reportage, et une fête avec tente pour les autorités et musique de foire (Goncourt,Journal,1890, p. 1264). ♦ Invité de marque. L'estrade réservée aux invités de marque (Larbaud,Journal,1932, p.263). e) Spécialement − BLAS. Marques (d'honneur). Pièces extérieures à l'écu et symbolisant une dignité (bâton de maréchal de France, collier d'un ordre, etc.). Les marques de dignité se divisent en quatre espèces différentes: ecclésiastiques, politiques, militaires et civiles (...). Les marques de chevalerie sont de trois espèces: ecclésiastiques, militaires et politiques (Lar. 19e). − INFORMAT. ,,Repère matériel, caractère ou groupe de caractères employé pour indiquer le début ou la fin d'un groupe de données ou d'un support informatique`` (Guilh. 1969). Marque terminale. − LING. ,,Inscription d'un élément supplémentaire hétérogène sur (ou dans) une unité ou un ensemble, et [qui] sert de signe de reconnaissance`` (Greimas-Courtés 1979). Marque d'espèce, marque du genre et du nombre. ♦ PHONOL. ,,Particularité phonique dont l'existence ou la non-existence dans une unité donnée suffit à l'opposer aux autres unités de même nature de la même langue`` (Ling. 1972; cf. marqué II B). Si une même marque distingue plusieurs paires de phonèmes, le trait différenciateur est appelé marque de corrélation; les phonèmes /b,d,g/ s'opposent aux phonèmes /p,t,k/ par le caractère de sonorité qui est la marque de corrélation (Lang.1973). ♦ P. ext. [À tous les niveaux de la structure ling., en partic. dans le domaine de l'analyse morphol. et lexicale] On fait remarquer avec raison qu'il faut se méfier de la notion de marque dont certains structuralistes ont eu tendance à abuser (Mounin1974). − MAR. Marque distinctive. Pavillon hissé en tête d'un mât, indiquant le grade et la fonction de l'officier général ou supérieur exerçant le commandement d'un groupe de navires ou d'une haute autorité présente à bord. La marque d'un/de l'amiral. Un chef d'escadre rencontrant un navire plus faible, ne déployait pas son enseigne de poupe et hissait simplement sa marque (La Varende,Tourville,1943, p. 117). II. − [Correspond à marquer I B et II] A. − Empreinte particulière, involontaire; trace accidentelle ou naturelle plus ou moins durable, laissée par quelque chose/quelqu'un sur quelque chose/quelqu'un et facilement reconnaissable ou identifiable. Marque indélébile; marques de pas sur le sable, de pneus dans la neige, de souliers, de sabots, de roues dans la boue. On campa au pied d'eucalyptus qui portaient la marque d'un feu assez récent (Verne,Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 161).Il y avait tellement de poussière que le vieillard mouchait toujours du noir, que ses doigts gluants étaient toujours noirs, et laissaient des marques sur tout ce qu'il touchait (Montherl.,Célibataires,1934, p. 866). − Spéc. Traces, indices laissés par le passage d'une bête et qui permettent de l'identifier. (Dict. xixeet xxes.). − En partic. Traces laissées sur le corps par une action violente (contusion, brûlure, lésion quelconque), par la maladie ou encore par la fatigue, par des excès. Marques de petite vérole. Ils ont des marques de croûtes purulentes, des trous à la place du nez (Flaub.,Corresp.,1850, p. 241). ♦ Marques du temps. Rides. Quand MmeRécamier vit s'avancer l'heure où la beauté baisse et pâlit, elle fit ce que bien peu de femmes savent faire: elle ne lutta point; elle accepta avec goût les premières marques du temps (Sainte-Beuve,Caus. lundi,t. 1, 1851-62, p. 132). ♦ Au fig. Garder la marque (de qqc.). Garder un souvenir (comme incarné, matérialisé de quelque chose). Elle vivait avec lui, dans son étreinte, matériellement; elle avouait à chaque instant qu'il la possédait toujours, qu'elle garderait toujours la marque de ses baisers (Zola,M. Férat,1868, p. 243). − P. anal. Signe naturel, tache ou accident de la peau (ou de la robe) que l'homme (ou l'animal) porte à sa naissance. Ma soeur, malgré une marque de naissance à laquelle il fallait quelque temps pour s'habituer, avait, à cet âge, un charme extrême (Renan,Ma soeur,1862, p. 18).Monsieur pinson fut décrit d'abord [dans un exercice de composition française]; son bec ardoisé, sa huppe bleue, sa poitrine d'un rose saumoné, et les marques blanches de ses ailes (Alain,Propos,1921, p. 238). ♦ HIPPOLOGIE. Marques. ,, Classées dans les robes, comme des particularités à sièges fixes, ce sont des taches blanches localisées au front. On les dit en tête, avec des variantes suivant leur intensité et leur étendue`` (Tondra Cheval 1979). Marque de feu. ,,Particularité de la robe sans siège fixe pouvant se situer aux fesses, aux flancs, aux yeux et se caractérisant par des reflets fauves sur la robe foncée`` (Cass.-Moir. 1979). ♦ MÉD. VÉTÉR. ,,Signe aux dents du cheval indiquant son âge`` (Littré). Synon. germe de fève*. B. − [Dans le domaine plus abstr. de la vie psychique, artist., littér. et des relations hum.] Tout ce qui constitue un indice particulièrement révélateur (pour autrui) d'un état, d'une qualité intrinsèque, d'un sentiment et qui les authentifie et en donne comme un témoignage, une preuve. 1. Signe particulier (permettant d'identifier l'état physique ou psychique d'une personne). Porter la marque de la fatigue; les marques des passions. David, sur ces visages, retrouvait des signes connus, la marque de la faim et du froid, des yeux qui coulaient, des gencives scorbutiques, des clous, des anthrax, des polypes (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p. 314): 13. ... il ôta la loque qui lui abritait le front, (...) montrant une tête flétrie, crapuleuse et jolie, chauve sur le sommet du crâne, marque de fatigue ou de débauche précoce, car cet homme assurément n'avait pas plus de vingt-cinq ans.
Maupass.,Contes et nouv.,t. 2, Champ d'oliv., 1890, p. 82. ♦ Donner des/les marques de. Donner les preuves, les témoignages de. Donner des marques de confiance, d'intérêt. En ce moment, sa vieille gouvernante entra en donnant les marques d'un effarouchement excessif (Balzac,Cabinet ant.,1839, p. 81). 2. Signe particulier ou qualité intrinsèque témoignant de l'authenticité (de l'expression) d'un sentiment. Le bégaiement, (on le sait), est la plus grande marque (temporelle) de la sincérité (Péguy,Argent,1913, p. 1228). 3. Trait distinctif, caractère propre (auquel on reconnaît un attribut de la personne et par lequel cette dernière se reconnaît elle-même). Les artistes (...) sont frappés différemment par le même objet; chacun y démêle un caractère distinct (...) et c'est justement la marque propre (...) des vrais génies que d'inventer en dehors de la convention (Taine,Philos. art,t. 2, 1865, p.2).Dans tous les sports, la marque du joueur excellent, c'est qu'il s'interdit les gestes inutiles (Barrès,Déracinés,1897, p. 294).Pascal attaque le christianisme politique au nom d'une rigueur spirituelle où il faut voir la marque du vrai chrétien (Mauriac,Mém. intér.,1959, p. 155). ♦ Trait distinctif auquel se reconnaît la qualité et l'originalité de quelqu'un. La marque de l'ouvrier (...). Cet ouvrage porte sa marque, certain caractère qui signale une oeuvre et en fait connaître l'auteur (Ac.1935).Nous parlons encore de l'esprit (...) de la marque que Rivarol mettait dans tout ce qu'il écrivait, si bien qu'on peut reconnaître une page de lui sans aller jusqu'à la signature (Léautaud,Journal littér.,t. 1, 1905, p. 195).Il [Flaubert] a tellement méprisé l'humanité en lui et dans les autres, qu'il ne discerne plus cette part de la créature où Dieu a imprimé sa marque (Mauriac,Gds hommes,1947, p. 167).En partic. La marque de l'artisan. La marque d'un travail bien fini, signé: 14. Les ornements fondus qui sont sous l'appui-main de nos fenêtres sont copiés sur de bons modèles, et tous laids. Il y manque la marque de l'artisan, la marque du travail et de l'invention ensemble (...) même d'un chandelier de cuivre, vous vous détournez, si vous apercevez seulement la ligne du moule, les petites soufflures, enfin les marques de la reproduction mécanique.
Alain,Propos,1921, p. 279. 4. Qualité distinctive (de quelque chose); le propre de quelque chose. L'argent, en même temps qu'il y est devenu [dans certaines sociétés] la principale marque qui classe et distingue entre eux les hommes, y a acquis une mobilité singulière (Tocqueville,Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 51): 15. ... le contraire de la majesté dans l'homme, c'est peut-être l'étonnement; car l'étonnement est la marque de ce qui survient, de ce qui est inattendu, et ainsi deux fois étranger. Il n'y a pas une belle statue, ni un beau portrait, qui exprime l'étonnement...
Alain,Propos,1930, p. 919. Rem. Fam., vx. (Une) marque que + verbe. (Une) preuve que + verbe. Une marque que j'ai fait cela. Une preuve que j'ai fait cela (Ac. 1835, 1878). Marque de cela. Preuve de cela (ibid.). Il y a presque autant de taxes pour les acquits qu'il y a de buralistes, marque qu'ils agissent en despotes avec le public (Doc. hist. contemp., Cahier de doléances, 1789, p. 35). Prononc. et Orth.: [maʀk]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1456 «signe mis sur un objet pour le rendre reconnaissable, pour marquer la propriété» (Arch. Nord B 1686 fol. 69: lui mesmes avoit marquié les fustz et caques esquelz estoit le dit herenc, d'un signe ou marque faulx); b) 1690 «signe, croix... qu'un illettré appose en guise de signature» (Fur.); 2. 1531 «signe infamant que l'on imprime sur la peau d'un condamné» (Est., s.v. stigma: une marque que on faict dung fer chault); 3. terme de comm. a) α) 1626 «empreinte que le gouvernement met sur les marchandises assujetties à quelque contribution» (Ordonnance ds Isambert, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 16, p. 187);
β) 1694 [éd.] «signe par lequel les marchands notent le prix que leur a coûté un objet» (La Bruyère, Caractères ds
Œuvres, éd. G. Servois, t. 2, p. 172); b) α) 1690 «signe distinctif appliqué sur une chose par celui qui l'a faite, fabriquée» (Fur.);
β) 1835 marque de la fabrique (Ac.); 1846 marque de fabrique (Proudhon, Syst. contrad. écon., éd. 1872, t. 1, p. 305);
γ) 1948 marque déposée (Nouv. Lar. univ., s.v. déposé); c) α) 1866 «entreprise qui fabrique des produits de marque» (Presse scientifique, février, p. 131 ds Littré);
β) 1896 de marque (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.); 4. a) 1732 mar. «balise fixée sur une ancre pour indiquer un passe» (Rich.); b) α) 1936 «trait repère que l'on fait sur le sol pour régler certains mouvements» (Règlement de la Fédération fr. de lawn-tennis d'apr. Quem. DDL t. 6);
β) 1924 «dispositif assurant une bonne position des pieds des coureurs de vitesse qui vont prendre le départ» (Encyclop. des Sports ds Petiot: à vos marques!). B. 1. a) 1530 «trace naturelle dont l'origine est reconnaissable» (Palsgr., p. 258a); b) 1553 «trace, impression (des doigts, etc.) sur un autre corps» (Bible, impr. J. Gérard, Sap. 5, 11 d'apr. FEW t.16, p.553 a); 2. 1538 «tache ou autre signe que porte une personne ou un animal en naissant» (Est., s.v. insignis). C. 1. a) 1538 au plur. «armoiries» (ibid., s.v. insigne); b) 1553 «ornement distinctif d'une dignité, etc.» (Bible, impr. J. Gérard, Eccl. 45, 14 d'apr. FEW t. 16, p. 553b); c) 1585 homme de marque (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 328); 2. a) 1549 «signe, objet matériel destiné à rappeler, faire connaître ou retrouver quelque chose» (Est.: marque qu'on fait en ung livre); b) α) 1676 «jeton» (Mmede Sévigné, Lettre du 29 juillet ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 352);
β) 1868 ,,décompte des points gagnés par chaque joueur`` (Littré). D. 1. a) 1538 «caractère, signe particulier qui permet de reconnaître, d'identifier quelque chose» (Est., s.v. insigne); b) 1636 marques d'honneur (Corneille, Cid, I, 3); 2. 1949 phonol. (Principes de phonologie, trad. de l'ouvrage all. de N. S. Troubetzkoy, p. 74). Déverbal de marquer*. Au sens de «signe», on trouve en a. fr. les subst. merc, masc. et merque, fém. (v. Gdf. et T.-L.), déjà merc «limite» en agn., norm. et pic. (v. amers), empr. à l'a. scand. merki «marque»; cf. a. h. all. merken, all. marken «marquer, remarquer». Comme terme de sports le mot est empr. à l'angl. mark (1887 ds NED Suppl.2). Bbg. Dupont (C.), Ménard-Lépine (L.). Brand name, ... Meta. 1976, t. 21, p. 198, 199, 202. _ Quem. DDL t. 10. |