| MAROQUIN1, subst. masc. A. − Cuir de bouc ou de chèvre plus ou moins grenu, tanné au sumac ou à la noix de galle et teint, utilisé pour la confection ou la garniture de divers articles. C'est un grand fauteuil pour écrire, à dossier élevé, genre Louis XIII, en maroquin vert et en bois tourné (Flaub., Corresp.,1846, p. 340).D'autres [des bibliophiles], se plaçant au point de vue de l'histoire de l'art, collectionneront les reliures pour leur mérite décoratif, (...) ou exerçant leur curiosité dans le champ de la technique, se spécialiseront dans les reliures en telle ou telle matière, en maroquin ou en vélin, en bois ou en cuir estampé (Civilis. écr., 1939, p. 14-7): . Nous avons de grandes serviettes d'avocats en maroquin plus ou moins du Levant, plus ou moins écrasé. Et si les gamines ne font pas, pour leurs étrennes, gaîner de reliures voyantes leurs bouquins de classe, si je ne le fais pas non plus, c'est uniquement parce qu'ils ne sont pas notre propriété.
Colette, Cl. école, 1900, p. 171. SYNT. Maroquin du Levant, de Barbarie; maroquin à gros grain, à grain écrasé; maroquin rouge, jaune; meubles, sièges en maroquin, couverts, garnis de maroquin; livres de maroquin, reliés en maroquin; portefeuille de maroquin. ♦ En appos. Cuir maroquin. Pour la confection des chapeaux, on emploie presque exclusivement le daim; pour les garnitures: le daim, le cuir verni, le cuir maroquin (J. Coulon, Technol. gén. modiste, 1951, p. 55) − P. anal. ♦ Peau (de veau, de mouton, p. ex.) préparée à la manière du maroquin (cf. maroquiner A). Synon. faux maroquin.On donne aussi le nom de maroquin à toute peau façonnée à la manière du vrai maroquin (Bouillet1859). ♦ En appos. Papier maroquin. Papier de couleur, grenu, imitant le maroquin. (Dict. xixeet xxes.). B. − P. méton. Objet en maroquin. − En partic. ♦ Reliure en maroquin, livre relié de maroquin. Il y a là renfermés, un certain nombre de beaux vieux maroquins sanguins, où la patine du temps a mis comme une pourpre sombre (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 344).Il touche Les roseaux desséchés, le clavecin qui vibre, Les estampes, les maroquins ouatés de mousses: Ah! ces mousses qui sont les cheveux blancs des livres! (Ch. Guérin, Coeur solit.1898, p. 145). ♦ Portefeuille en maroquin. Je vois encore Ferry, prenant son maroquin et quittant le banc des ministres sous les huées (L. Daudet, Universaux, 1935, p. 52).Je ramasse le portefeuille (...). Je mets le maroquin dans ma poche (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 263).P. méton., fam. Portefeuille, poste de ministre. Demi-maroquin. ,,Poste de secrétaire d'État`` (Admin. 1972). L'un s'en va, qui ne valait guère, Un autre prend le maroquin (Bruant 1901, p. 318).Notre sénateur vient d'obtenir un maroquin (Davau-Cohen1972).En raison de leur «travail fractionnel», les dirigeants du C.E.R.E.S. n'auraient que deux «maroquins» dans le futur gouvernement du parti, et l'un de ces maroquins était même rogné! (Le Nouvel Observateur, juill. 1973, p. 20, 1). Prononc. et Orth.: [maʀ
ɔkε
̃]. Ac. 1694-1762 marroquin, dep. 1798 maro-. Étymol. et Hist. 1. 1479 peaulx de maroquins «peau de chèvre tannée avec du sumac ou de la noix de galle» (A. d'Agnel, Comptes du roi René, II, 372); 1552 marroquin «peau de mouton traitée de la même façon» (Rabelais, Le Quart Livre, éd. R. Marichal, VI, 68, p.56); 2. 1752 «carton couvert de peau, dans lequel sur les bureaux, on serrait les papiers d'affaires» (Havard); 1901 «portefeuille ministériel» (Bruant, loc. cit.); 3. 1835 adj. papier maroquin «papier de couleur imitant le maroquin» (Ac.). Dér. de Maroc (v. marocain), prob. par l'intermédiaire de l'esp. marroqun «cuir» (fin xvies. ds Diccionario de Autoridades), car ce sont les Arabes qui ont apporté la technique du cuir en Espagne (v. cordouan). (v. FEW 19, 121). Fréq. abs.littér.: 161. |