| MARONNER, verbe intrans. Pop. et Fam. A. − Exprimer un mécontentement, une mauvaise humeur par des paroles indistinctes marmonnées, en grognant sourdement. Synon. bougonner, grogner, grommeler, marmonner, maugréer, râler, ronchonner.Il est toujours à maronner (Ac.1935).Le vieux (...) maronnait en regardant le feu: − ... Je ne dis pas... J'aurais bien gardé mon fusil, qu'est-ce qu'on va devenir au printemps, quand les renards viendront nous voler les poules? (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 19). ♦ Faire maronner qqn.Synon. faire enrager qqn.Aller à la fontaine faisait partie de ses minces plaisirs. (...) − Avec cette eau de robinet, ils me font marronner (R. Sabatier, Les Noisettes sauvages, Paris, Albin Michel, 1974, p. 80). − Emploi trans., rare. Picolo, plus affalé qu'assis, maronne des imprécations et des injures (Arnoux, Zulma, 1960, p. 161). Rem. Emploi condamné par les puristes, notamment Hanse 1949. B. − Éprouver du dépit: . Autour d'eux les rires continuaient, des rires discrètement ironiques, mêlés d'obligeants a parte: «Y a pas d'erreur, (...) gare la sauce!» (...) et autres fines plaisanteries qu'ils affectaient de ne pas prendre pour eux, encore qu'ils en maronnassent sérieusement.
Courteline, Train 8 h 47, 1888, I, 7, p. 83. REM. Maronnant, -ante, adj.,fam. Qui fait maronner. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975). C'est quand même maronnant! Prononc. et Orth.: [maʀ
ɔne]. Att. ds Ac. dep. 1878. Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 314 et R. Sabatier, loc. cit.: -rr-. Étymol. et Hist. 1821 sans définition (Desgranges, Pt dict. du peuple à l'usage des 4/5 de la France, Paris); id. «manquer un coup» (Ansiaume, Arg. Bagne Brest, p. 296); 1828-29 «pester, être vexé» (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t. 4, p. 325). Mot dial. des parlers du Nord et de l'Ouest signifiant «miauler, grogner, murmurer» (v. FEW t. 6, 1, p.360a), dér. du rad. onomatopéique mar(m)-, (v. maraud, marmonner). Bbg. Klotz (R.). Maronner, mot francitan ou mot pop.? R. Lang. rom. 1980, t. 84, pp. 99-104. |