| MARNER1, verbe A. − Emploi trans. Amender en répandant et incorporant de la marne: . Au milieu d'une vaste plaine, on aperçoit une espèce de hutte, ou plutôt un tout petit toit de chaume, posé sur le sol. C'est l'entrée de la marnière. Un grand puits tout droit s'enfonce jusqu'à vingt mètres sous terre, pour aboutir à une série de longues galeries de mines. On descend une fois par an dans cette carrière, à l'époque où l'on marne les terres.
Maupass.,Contes et nouv.,t. 2, Pierrot, 1882, p. 349. − Emploi part. passé. Terres trop sableuses marnées, fumées, semées en rangs au semoir mécanique (Lesourd, Gérard,Hist. écon.,1968, p. 195). B. − Emploi intrans., arg. et pop., p. anal. (avec la dureté du travail de marnage) 1. Travailler durement. Ces salades puantes c'était pour que je bosse à l'œil!... Il profitait de mes parents... Qu'ils pouvaient encore me nourrir... Il dépréciait mon boulot pour me faire marner gratuitement (Céline,Mort à crédit,1936, p. 170). 2. En partic. [Le suj. désigne une prostituée] Ce soir, elle prétendait pas aller marner (Simonin,Touchez pas au grisbi,1953, p. 64). Prononc. et Orth.: [maʀne], (il) marne [maʀn̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1207 marler «amender (une terre) avec de la marne» (Assises et arrêts de l'Echiquier de Normandie, éd. A. J. Marnier, p. 14); 1564 marner (Thierry); 2. 1846 arg. «travailler dur» (Intérieur des prisons, p. 244). Dér. de marne*; dés. -er. DÉR. 1. Marnage, subst. masc.Action d'amender une terre par l'apport de marne; résultat de cette action. Toujours les capitaux lui avaient manqué, il n'avait pu amender certains champs comme il l'aurait voulu, seul le marnage était peu coûteux, et personne autre que lui ne s'en préoccupait (Zola,Terre,1887, p. 151).− [maʀna:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1reattest. 1641 (G. de Lhomel, Rec. de docum. pour servir à l'hist. de Montreuil-sur-mer, II, 286 ds Barb. Misc. 28, p. 338); de marner1, suff. -age*. 2. Marneur, subst. masc.a) Ouvrier qui répand la marne sur les terres à labourer; ouvrier qui travaille dans une marnière (d'apr. Fén. 1970). V. aussi marneux.b) Pop. Travailleur. (Ds Esn. 1966, Lexis 1975 et Lar. Lang. fr.). − [maʀnoe:ʀ]. − 1resattest. a) α) ca 1525 margneux «ouvrier qui extrait ou qui emploie la marne à foulon dont on se sert pour la préparation des draps» (Le Resveur avec ses resveries ds Anc. poésies fr., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t.11, p.112),
β) 1846 marneur «celui qui répand de la marne sur les terres» (Besch. Suppl.), b) arg. 1881 «travailleur, ouvrier» (Rigaud, Dict. arg. mod.); de marner1, suff. -eur2*. |