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MARMONNER, verbe trans.
Dire à voix basse et de façon confuse, murmurer entre ses dents. Synon. marmotter.Marmonner des paroles inintelligibles, une plainte, une prière. Un confesseur (...) lui marmonna quelques consolations spirituelles (Nerval,Nouv. et fantais.,1855, p. 233).Tout le soir il avait marmonné des choses incompréhensibles, guetté la porte de ses yeux de chat (A. Daudet,Pte paroisse,1895, p. 288):
.Ç'a été aussitôt la pensée de tout le monde: «Quelle sacrée guigne!» Bien entendu, cette pensée, on la ressasse, on la marmonne entre les dents, on la gueule à haute voix. Romains,Hommes bonne vol.,1938, p. 37.
[Constr. avec une complétive] Il (...) tempêtait, non sans une peur secrète; assez bas pour que personne n'entendît, il marmonnait qu'elle l'avait volé (Montherl.,Célibataires,1934, p.858).
[En incise] Il va falloir virer de bord, marmonna Fabrizio entre ses dents très vite, avec l'accentuation patoisante de Marino (Gracq,Syrtes,1951, p. 222).
Absol. Il s'en donnait de l'oraison, il aimait ça marmonner... Il bourdonnait un bon quart d'heure (Céline,Mort à crédit,1936, p. 271).La nef à carène de bois sombre où brillaient les cierges, où marmonnaient les dévotes (Arnoux,Paris,1939, p.286).
En partic. Murmurer avec hostilité. Synon. grogner, grommeler, marmotter.Hervé marchait vite, marmonnant des injures: «Idiote... Horrible femme... Qu'elle crève...» (Mauriac,Ce qui était perdu,1930, p. 16).Le bougre s'en allait comme une bête (...), nous montrant les dents, nous menaçant du poing en marmonnant je ne sais quoi à mon adresse (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 177).
Marmonner contre qqn/qqc.Le jeune ecclésiastique alla jusqu'à marmonner contre les prêtres qui déshonoraient la robe (Pourrat,Gaspard,1922, p. 51).
REM.
Marmonneur, -euse, subst. et adj.(Personne) qui marmonne. Serai-je mélomane? oiseleur? astrologue? Marmonneur d'oremus? ou souffleur d'alambic? (Rostand,Aiglon,1900, IV, 4, p. 165).
Prononc. et Orth.: [maʀmɔne], (il) marmonne [maʀmɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. (Ds Ac. 1878 comme var. de maronner, v. ce mot). Étymol. et Hist. 1534 «dire (quelque chose) d'une voix basse et peu distincte» (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M.-A. Screech et V.-L. Saulnier, XX, 61-62). De l'onomat. marm-, qui exprime le murmure (avec de nombreux correspondants dans les lang. indo-européennes, ainsi lat. murmurare, all. murren, norv. marma «bruire», a. suéd. marra «murmurer»), cf. aussi marmotter att. dès le xvesiècle. Fréq. abs. littér.: 129.
DÉR.
Marmonnement, subst. masc.Action de marmonner; p. méton., murmure sourd, indistinct. Ce fut presque un soulagement de voir sur la voûte bouger le reflet d'une chandelle. De là-bas venait un marmonnement (Pourrat,Gaspard,1925, p. 160).Le dialogue est à peu près incompréhensible, comme un marmonnement (Camus,État de siège,1948, prol., p.189). [maʀmɔnmɑ ̃]. 1resattest. a) 1585 [date d'éd.] «ce qu'on marmotte» (Tabourot des Accords, Les Bigarrures, Quatriesme Livre, fo66 vo), b) ca 1590 «action de marmotter» (Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, V, 5, ds Hug.); de marmonner, suff. -ment1*.