| MARGUERITE, subst. fém. A. − Loc., vx. Jeter des marguerites aux/devant les pourceaux. Synon. de jeter des perles* aux pourceaux. B. − BOTANIQUE 1. Plante à fleurs de la famille des Composées, à pétales généralement blancs et à coeur jaune. Marguerite jaune (ou chrysanthème coronaire). ♦ (Grande) marguerite ou marguerite des prés. Mais, parmi les prés et les blés, Les paysannes marguerites Avec leurs bonnets étoilés (Hugo,Chans. rues et bois,1865, p. 287). ♦ (Petite) marguerite. Synon. de pâquerette.Un voisin a imaginé de s'approprier la cuvette de la gouttière, d'y mettre de la terre et d'y planter des pensées et des marguerites roses (Karr,Sous tilleuls,1832, p. 191).Où est le temps, murmura Jouques, où j'achetais un pot de marguerites pour l'offrir à un trottin? (Estaunié,Empreinte,1896, p. 170). ♦ Reine-marguerite*. 2. P. méton. Fleur de cette plante. Une petite paysanne (...) qui dansait et chantait toujours, et qui, le dimanche au printemps, se faisait des couronnes de marguerites (Nerval,Bohême gal.,1853, p. 215).Elle cueillait les boutons d'or, les sauges et les marguerites, et toutes les fleurs des prairies (Gide,Tentative amour.,1893, p. 73): 1. ... une main fidèle avait glissé entre les coquelicots et les bleuets tout un bouquet de marguerites, de sorte que l'autel était paré aux couleurs françaises.
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 43. ♦ Effeuiller* la marguerite. C. − Spécialement 1. MÉCANOGR. (Imprimante à) marguerite. Imprimante sur laquelle est fixé un disque d'impression relié à un système électronique. Le mécanisme de la marguerite est simple. Autour d'un disque sont disposés des symboles entiers, soit à plat − les marguerites proprement dites − soit sur un cône − les tulipes − , chacun étant supporté par un bras ou pétale (Temps réel,1981, no10, p. 45). 2. MAR. ,,Cordage simple ou double qui est frappé sur un autre pour aider ce dernier dans le mouvement pour lequel il est prévu`` (Le Clère 1960). La mer était si grosse que nous employâmes quatre heures à lever notre ancre: la tournevire, la marguerite, cassèrent; le cabestan fut brisé (Voy. La Pérouse,t.3, 1797, p. 55). − Loc. Faire (une) marguerite. Raidir un câble ,,en frappant dessus un autre cordage plus mince qu'on peut embraquer à la main ou virer au cabestan`` (Le Clère 1960): 2. Clubin, impassible, continua, dans cette vieille langue de commandement que ne comprendraient pas les marins d'à présent: − Abraquez. − Faites une marguerite si le cabestan est entravé. − Assez de virage. − Amenez.
Hugo,Travaill. mer,1866, p. 207. 3. MÉGISS. ,,Instrument en bois, muni de dents taillées à la scie, utilisé pour le rebroussage du cuir`` (Duval 1959; dict. xixeet xxes.). REM. Margueritelle, subst. fém.,rare. Petite marguerite. Je m'en attendris devant Dieu, comme à la vue d'une margueritelle des champs (Sainte-Beuve,Volupté, t. 2, 1834, p. 132). Prononc. et Orth.: [maʀgə
ʀit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1130-40 margerie «perle» (Wace, Ste Marguerite, 13 [ms. A] ds T.-L.); fin xiie-début xiiies. margarite (Lapidaires anglo-norm. éd. P. Studer et J. Evans, IV, 290); ca 1340 marguerite (Le Tombel de Chartrose, éd. E. Walberg, XVIII, 330); 2. 1180-90 geter sa margerie entre les porciaux (Alex. de Paris, Alexandre, branche IV, 1613 in Elliott Monographs, no37, p. 356); 1523 jeter, semer des marguerites devant les pourceaux (Lefèvre d'Étaples ds Kunze 1935, p. 87). II. 1. a) xiiies. bot. flors des margerites «pâquerette» (Aucassin et Nicolette, éd. M.Roques, XII, 25); 1364 marguerite (Guillaume de Machaut, Le Dit de la marguerite, éd. A. Fourrier, 207); b) av. 1remoitié du xves. margarite «grande marguerite» (Le Verger d'Amours ds Anc. Poésies fr., éd. A. de Montaiglon, IX, 283); 1543 marguerite blanche (Fuchsius, De historia stirpium, Paris, J. Bogard, fo355 vo, chap. 337); 1547 grande marguerite (R. Estienne, De Latinis et graecis nominibus arborum ... cum gallica eorum appellatione, p. 17); c) 1692 marguerite d'Espagne «chrysanthème des jardins» (La Culture des fleurs, Bourg, p. 72 ds Roll. Flore t.7, p.57); 2. 1694 mar. (Corneille); 3. 1841 «bloc rectangulaire dont le dessous bombé et strié sert à travailler le cuir» (Dict. de l'industr. manufacturière comm. et agric., X, 509, s.v. corroyage). Empr. au lat. class. margarita «perle», du gr. μ
α
ρ
γ
α
ρ
ι
́
τ
η
ς d'origine orientale (v. Chantraine); marguerite a éliminé la forme pop. margerie (supra); le sens de «fleur» s'est développé en fr.; celui de «perle», fréq. au Moy. Âge a disparu sauf dans la loc. arch. jeter des perles aux pourceaux d'apr. la phrase de Matthieu VII, 6: Ne jetez pas vos perles devant les pourceaux (Neque mittatis margaritas vestras ante porcos). Fréq. abs. littér.: 257. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 578, b) 388; xxes.: a) 381, b) 161. Bbg. Kahane (H.). Die Magariten. Z. rom. Philol. 1960, t. 76, pp. 185-204. |