| * Dans l'article "MANTEAU,, subst. masc." MANTEAU, subst. masc. I. A. − 1. HIST. DU VÊTEMENT. Vêtement ample, le plus souvent long et sans manches, qui se porte au-dessus des autres vêtements et est généralement destiné à envelopper tout le corps afin de le protéger du froid ou des intempéries. Manteau militaire; manteau de cérémonie; manteau de deuil; manteau d'hiver; manteau de drap, de pourpre, de velours; manteau doublé, fourré; jeter un manteau sur ses épaules; s'envelopper dans un manteau. Un homme, enveloppé jusqu'aux yeux dans un manteau brun entra dans la chambre (Mérimée,Carmen,1847, p. 23).Un manteau court de même couleur et de même étoffe que le pourpoint (...) lui pendait de l'épaule, retenu par une ganse dont les glands retombaient sur la poitrine (Gautier,Fracasse,1863, p. 185). a) En partic. ♦ Manteau couleur de muraille. Manteau de couleur sombre que portaient les seigneurs désirant se rendre à un rendez-vous secret sans être vus: 1. ... un personnage mystérieux drapé d'un manteau couleur de muraille, dont le pan rejeté sur l'épaule cachait la figure jusqu'aux yeux; un chapeau rabattu dérobait son front, et ne permettait pas de distinguer ses traits non plus que s'il eût été masqué.
Gautier,Fracasse,1863p. 125. ♦ Manteau court. ,,Petit manteau de soie noire qui ne dépassait pas le genou, et que les ecclésiastiques mettaient avec l'habit court, lorsqu'ils allaient dans le monde`` (Ac. 1835-1935). ♦ Manteau long. ,,Manteau étroit, ordinairement fait de soie noire, que les ecclésiastiques portent avec la soutane`` (Ac. 1835-1935). ♦ Manteau à la crispin, manteau-crispin. Manteau court à capuchon porté par les valets de comédie. Pour elle, j'étais un poête (...) couronné de lauriers, une lyre sur la hanche, et le coup de vent des hautes cimes dans un manteau-crispin à collet de velours (A. Daudet,Femmes d'artistes,1874, p. 134). ♦ Manteau de cour ,,Robe sans corsage, ouverte par devant et à queue traînante, qui s'attache au bas de la taille, et que portent les dames de la cour, les jours de présentation et de cercle`` (Ac. 1835, 1878). La Grande-Duchesse entre par la droite, précédée de deux pages et suivie de ses demoiselles d'honneur, qui restent à droite; deux petits nègres portent la queue de son manteau de cour (Meilhac, Halévy,Gde-duch. Gérolstein,1867, ii, 4, p. 240).,,Traîne qui part des épaules dans certaines robes habillées et spécialement dans certaines robes de mariées`` (Ac. 1935): 2. Le cardinal siégeait dans sa pourpre sur une sorte d'estrade en face de M. Godeau. Dans l'intervalle qui les séparait s'agenouillait, coiffée d'un voile blanc d'une irréelle blancheur et revêtue d'un manteau de cour d'une longueur invraisemblable, une jeune fille.
Jouhandeau,M. Godeau,1926, p. 22. ♦ Manteau de nuit ou de lit. ,,Manteau fort court, ayant des manches, et dont on se sert dans la chambre et au lit`` (Ac. 1835, 1878). Il [le majordome] fit aussi déployer sur un fauteuil une robe, des coiffes et un manteau de nuit tout garni de dentelles et de la bonne faiseuse (Gautier,Fracasse,1863, p. 390).Le duc couvert de son manteau de lit de satin blanc à échelles de ruban feu, coiffé de nuit avec des papillottes (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p. 36). − P. méton. Manteau bleu. [P. réf. à un philanthrope du xviiies. ainsi vêtu] Personne charitable, bienfaiteur. Dans les moments les plus désespérés, un petit manteau bleu apparaissait dans l'atelier, un homme providentiel, singulièrement informé des noces et des dèches d'artistes (Goncourt,Man. Salomon,1867, p. 107). b) Loc. fig. − Loc. adv. Sous le manteau. De manière cachée, secrète. Et le curé, ivrogne et trousseur de sexe, attise la haine des gens, sous le manteau (Arnoux,Chiffre,1926, p. 40).Car il y eut drame et attentat, qui mirent subitement à la mode le Japonais, dont on parle beaucoup, en cachette et sous le manteau (La Varende,Bric-à-brac,1953, p. 66). ♦ En partic. De manière clandestine. Vendre, publier sous le manteau (des livres interdits, le plus souvent politiques ou pornographiques). Romans malsains et (...) livres pornographiques que Gagneur vendait sous le manteau (Goncourt,Ch. Demailly,1860, p. 11).Les Éditions de minuit répandent sous le manteau des livres parmi lesquels Le Silence de la mer de Vercors se copie et se répand en d'innombrables exemplaires (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p. 171). − Loc. verb. ♦ Garder les manteaux (vieilli). [P. allus. à Saul gardant les manteaux de ceux qui lapidaient saint Etienne] . Faire le guet pendant que l'on commet un délit ou pour favoriser un rendez-vous galant; p. méton. ne pas prendre part aux divertissements de ceux qu'on accompagne. − Arrêtons-nous ici, dit-il à son ami, nous voulions faire de Lucerne notre quartier-général pour visiter la Suisse, tu ne trouveras pas mauvais, Léopold, que je change d'avis, et que je reste ici à garder les manteaux (Balzac,A. Savarus,1842, p. 36). ♦ Jeter le manteau (de Noé) sur, à. [P. allus. biblique: Genèse 9, 23] . Cacher, dissimuler. Il est plus pieux de détourner nos regards, et, comme les fils du patriarche, de jeter le manteau sur les turpitudes de ceux qui, dans la foi, sont nos pères (Ozanam,Philos. Dante,1838, p. 278).Toutes ces expériences sociales dont ces pauvres gens sont si fiers, jettent le manteau de Noé sur une réalité misérable (Tharaud,An prochain,1924, p. 163). ♦ S'envelopper dans le manteau de. Ne rien dire, ne rien faire, attendre avec calme et résignation. Ce vieillard, l'Aristide de Blangy, parlait peu, comme toutes les nobles dupes qui s'enveloppent dans le manteau de la résignation (Balzac,Paysans,1844-50, p. 225). − Loc. nom. Rôle à manteau. Rôle de certains personnages de théâtre, graves et âgés, qui portent un manteau sur scène. Jouer les rôles à manteau et p. ell. jouer les manteaux. Dans ce qu'on appelle les rôles à manteau où il [Molière] jouait, le seul Grandmesnil peut-être l'a égalé depuis (Sainte-Beuve,Portr. littér.,t. 2, 1844-64, p. 55). 2. a) Vêtement d'extérieur long et à manches, plus particulièrement porté par les femmes et les enfants au-dessus de la robe ou de la tenue d'intérieur et destiné à protéger le corps du froid ou des intempéries. Manteau de fourrure, de tweed; manteau d'hiver, d'été; manteau de voyage; manteau trois-quarts; accrocher, enlever, mettre, prendre son manteau. Par la cluse venait un courant d'air glacé; elle releva le col de son manteau (Daniel-Rops,Mort,1934, p. 436).Chloé (...) porte, sous un léger manteau de demi-saison, une robe neuve faite d'un «foulard» à pois qui joue sur la gorge (Vailland,Drôle de jeu,1945, p. 188): 3. ... je [Sartre enfant] ne pouvais attraper de maladie, fût-ce la rougeole (...) sans me déclarer coupable: j'avais manqué de vigilance, j'avais oublié de mettre mon manteau, mon foulard.
Sartre, Mots,1964, p. 195. Rem. Le nom spécifique du vêtement masculin analogue est pardessus; quoiqu'il en soit, manteau est couramment employé à sa place: Alphonse (...) paraissait ne plus avoir froid. Il avait même ouvert son misérable manteau et s'épongea le front rapidement (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 76). b) Petit vêtement protégeant un chien du froid, de la pluie. Les petits manteaux écossais lui déplurent (...). La dame (...) déplia (...) un de ces petits vêtements douillets (...). «Oui, dit-elle, mais auriez-vous ce modèle en plus petit, du six mois pour caniche nain?» (Le Monde dimanche,18 oct. 1981, p. vii). B. − P. anal. Ce qui recouvre quelque chose. Sur le manteau de neige qui couvrait le balcon, le soleil apparu entrelaçait des fils d'or et brodait des reflets noirs (Proust,Swann,1913, p. 397).Elles [les roches] sont généralement recouvertes d'un manteau de terre végétale qui les cache (Bresson,Manuel prospect.,1923, p. 57).La nuit est un grand manteau qui coule doucement (Giono,Bout route,1937, i, 7, p. 38). − Au fig. Masque, voile servant à cacher, à dissimuler. Se cacher sous le, se couvrir du manteau de l'amitié. La politesse de leurs salons n'est que le manteau de la débauche (Barrès,C. Baudoche,1909, p. 164).Le manteau hypocrite des explications mystiques couvre toutes ces hardiesses (Thibaudet,Réflex. litt.,1936, p. 178). II. − Spécialement A. − ARCHIT. Manteau de cheminée. Partie de la cheminée, et plus généralement la hotte et le chambranle, qui fait saillie dans la pièce au-dessus du foyer. Cheminée à grand, à large manteau; cheminée à manteau carré, à manteau Louis XV. Un feu de bois, malgré la saison, entretient une température de serre dans la pièce où il vit depuis son retour, frileusement pelotonné sous le manteau de la vaste cheminée, sur une chaise basse (Martin du G.,Notes Gide,1926, p. 1394). − Loc. fig., fam., vieilli. Sous le manteau de la cheminée*. − Faux manteau. Manteau de cheminée supporté par des consoles et qui n'a pas de chambranle (Lar. Lang. fr.). B. − GÉOPHYS. ,,Couche intermédiaire du globe terrestre située entre l'écorce et le noyau entre 30 et 2900 km de profondeur`` (George 1970). L'enveloppe ou manteau: 3000 kilomètres. Le noyau: 3370 kilomètres. Le manteau possède une couche superficielle d'environ 60 kilomètres, distincte de la couche profonde (Combaluzier,Introd. géol.,1961, p. 60). C. − HÉRALD. Draperie doublée d'hermine, qui enveloppe entièrement les armoiries. Un vaste écusson impérial de front: l'aigle au repos sur des foudres et, derrière, en draperie, le manteau semé d'abeilles, fourré d'hermine (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 4, Mes hôp., 1891, p. 302). D. − THÉÂTRE. Manteau d'arlequin*. E. − ZOOLOGIE 1. Région dorsale de la robe d'un chien, du pelage d'un gibier, plumage du dos et des ailes d'un oiseau, dont la couleur est différente de celle du reste du corps. Synon. mantelure.Beaucoup de bergeronnettes à manteau gris, collier noir, sautillaient très gracieusement (Michelet,Journal,1858, p. 430).À Assouan même, pourtant, quantité (...) de corneilles à manteau gris (Gide,Journal,1946, p. 293). 2. Repli des téguments qui tapissent l'intérieur de la coquille des mollusques et en sécrètent la matière calcaire. Cet organe, masse musculaire qui renferme les viscères de la bête (...) se nomme le manteau (...) la marge de ce manteau émet par son épithélium le revêtement externe de la coquille (Valéry,Variété V,1944, p. 30).Les Japonais mirent au point une méthode industrielle consistant à insérer une boulette de nacre (...) dans une incision pratiquée au sein du manteau d'une huître vivante (Metta,Pierres préc.,1960, p. 122). ♦ Manteau royal. Synon. coquille Saint-Jacques.M. de Lamanon rapporta (...) des pétrifications (...) de la coquille connue des conchiliologistes sous le nom de manteau royal, et plus vulgairement coquille de Saint-Jacques (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 189).Parmi ces produits [ces échantillons de l'embranchement des mollusques], je citerai, pour mémoire, seulement, l'élégant manteau royal de l'océan Indien (Verne,Vingt mille lieues,t. 1, 1870, p. 109). REM. Manteline, subst. fém.,hist. du vêtement. Petit manteau de femme. Il y aura aussi des mantelines, coquette fantaisie, tenant le milieu entre le mantelet et la visite (J. femmes,mars 1847, p. 141). Prononc. et Orth.: [mɑ
̃to]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) α) Fin xes. mantel «vêtement qui pend depuis les épaules jusqu'au dessous des genoux et que l'on met par-dessus tous les autres habits» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 22); ca 1300 menteaul (Macé, Bible, éd. A. M. L. Prangsma-Hajenius, III, 15247); 1360 mantel à lever de nuit (Comptes Argenterie, p. 234); 1514 manteau de nuit (doc. ds Gay); 1740 manteau de lit (Ac.); 1671 manteau long, manteau court, petit manteau (Pomey); 1752 rôle à manteau (Trév.);
β) fig. 1671 rire sous le manteau (Pomey); 1694 garder les manteaux (Ac.); 1718 «ne rien faire pendant que les autres travaillent» (Le Roux); b) ca 1245 «protection, défense» (Ph. Mousket, Chronique, 16882 ds T.-L.); 1580 sous le mantel de «avec l'apparence de, sous le prétexte de» (doc. ds Gdf. Compl.); c) 2equart du xves. p. compar. ou p. métaph. mantel des nues (Ch. d'Orléans, Ballade, LXXIX ds Poésies, éd. P. Champion, t. 1, p. 130); d) 1830 milit. «capote dans la cavalerie» (Description des uniformes de la cavalerie du 20 nov. ds Quem. DDL t. 16); 2. p. anal. a) 1221-50 «pelage du dos et des flancs des animaux, quand sa couleur diffère de celle du reste du corps» (Plait Renart, 84 ds Lejeune-Dehousse, L'Œuvre de Jean Renart, p. 409); 1636 «plumage du dos et des ailes des oiseaux, en particulier des oiseaux de proie, quand sa couleur diffère de celle du reste du corps» (Monet); 1803 «membrane charnue qui revêt l'intérieur des coquilles bivalves et qui enveloppe l'animal» (Wailly); b) 1332 mantel de cheminee «partie supérieure de la cheminée qui couvre la hotte» (doc. ds Gdf. Compl.); 1690 faux manteau (Fur.); ca 1371 manteaux plur. «les deux pièces d'une porte qui s'ouvrent des deux côtés» (A. Berty, Hist. gén. de Paris, Topographie hist. du vieux Paris, Comptes du vieux Louvre, t. 1, p. 198, no123); c) 1530 manteau d'armes (Palsgr., p. 278); d) 1679 blas. (Ménestrier, Origines des armoiries, p. 90); e) 1825 manteau d'arlequin (Harel, Alhoy, Jal, Dict. théâtral, s.v. arlequin). Du lat. mantellum «serviette, voile», dimin. de mantum «manteau», att. seulement au viies., mais certainement bien plus anc., mantellum apparaissant déjà chez Plaute au sens de «voile» (v. FEW t. 6, 1, pp. 277b-278). Fréq. abs. littér.: 3787. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5880, b) 5906; xxes.: a) 5202, b) 4794. Bbg. Archit. 1972, p. 120, 154 (s.v. manteau d'Arlequin). _ Delb. Matér. 1880, p. 196. − Quem. DDL t. 16. |