| MANSUÉTUDE, subst. fém. A. − 1. Disposition morale qui incline à la douceur, la patience, au pardon. Synon. bénignité, bienveillance, bonté, débonnaireté, indulgence, miséricorde; anton. dureté, intransigeance, sévérité.La divine mansuétude; le Dieu de la mansuétude; mansuétude infinie; être plein de mansuétude; respirer la mansuétude; faire preuve de mansuétude. J'ai inséparablement uni l'humilité, la patience et la mansuétude par le feu de la charité (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p. 173).Toute la Bible est un hymne à la justice, c'est-à-dire, selon le style hébreu, à la charité, à la mansuétude du puissant envers le faible (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 263): . brotonneau: (...) Je pardonne parce que je ne puis pas faire autre chose. william: Je suis heureux, mon cher Brotonneau, de vous voir dans ces sentiments. Vous serez récompensé de votre mansuétude. Heureux les miséricordieux, le ciel leur fera miséricorde.
Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, i, 10, p. 7. 2. Indulgence excessive, faiblesse. − C'est un monastère trop débonnairement mené (...). − Avouez alors que cette mansuétude prouve la vertu de ces moines (...) dans le monde, une maison dirigée si débonnairement croulerait; et, ici, pourtant, tout marche (Huysmans,Oblat,t. 1, 1903, p. 66).Nous avons été faibles; nous nous sommes rendus coupables d'indulgence. Nous avons trahi la République. (...) Robespierre lui-même (...) a péché par douceur, par mansuétude (A. France,Dieux ont soif,1912, p. 304). B. − Littéraire 1. P. méton. Manifestation de cette disposition. Elle regardait les papillons sur les fleurs, mais ne les prenait pas; les mansuétudes et les attendrissements naissent avec l'amour, et la jeune fille (...) a pitié de l'aile du papillon (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 102). 2. P. anal. Douceur, calme, sérénité. Mansuétude habituelle. Cette heure-là était d'obéissance, de confiance éparse. (...) il était pénétré de la mansuétude de cet instant nocturne (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 17).La maison l'accueillit dans son ombre paisible, son silence plein de fraîcheur et de mansuétude (Chardonne, Épithal., 1921, p. 70). Prononc. et Orth.: [mɑ
̃sɥetyd]. Att. ds Ac. dep. 1694; ds Ac. 1694-1740 sans accent. Étymol. et Hist. Fin xiies. mansuetume (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, éd. K. Hofmann, p. 35, 37); ca 1200 mansuetudine (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p. 364, 26); ca 1265 mansuetudes (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 34, p. 203). Empr. au lat. mansuetudo, -dinis «douceur, bonté, bienveillance», dér. de mansuetus «apprivoisé; doux, calme». Suff. pop. -ume (cf. amertume, coutume, enclume, v. Nyrop t. 3, § 294), puis réfection sav. au moyen du suff. -tude (-itude*). Fréq. abs. littér.: 127. Bbg. Mack. t. 2 1939. |