| MANIEUR, -EUSE, subst. A. − [Correspond à manier A 2] 1. Personne qui manie quelque chose. L'architecte dans ces régions est un charpentier, un adaptateur et un sculpteur de pièces de bois, plutôt qu'un robuste manieur de blocs de pierres (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p. 149).Mains distraites, porteuses de clés, manieuses de bagues, mains expertes aux bonnes pesées qui font jouer les pierres tombales, déplacent le chaton qui rend invisible (Gracq,Beau tén.,1945, p. 11). 2. [Correspond à manier A 4] Moreno n'était pas un de ces rudes manieurs d'épée, dont l'espèce ne se rencontre guère dans les temps actuels (Gobineau,Nouv. asiat.,1876, p. 43). B. − Au fig. 1. [Correspond à manier B 1] Personne qui manie quelqu'un: 1. Les grands politiques comme lui [Napoléon], comme Bismarck, comme Richelieu, sont des manieurs d'hommes, par conséquent des observateurs et des psychologues de premier ordre.
Bourget, Actes suivent,1926, p. 115. 2. [Correspond à manier B 2] Personne qui manie quelque chose. Manieur d'abstractions, de chiffres, d'idées, de mots, de réalités. Il nous paraît, au contraire, plus «sérieux» d'y élire [dans les hautes assemblées qui dirigent le pays] les manieurs professionnels d'idées et de mots, les professeurs et les avocats (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p. 30): 2. Les grands manieurs de mythes et de forces qui travaillent les foules par l'extérieur finissent tous par être victimes du déchaînement tellurique de ces forces...
Abellio,Pacifiques,1946, p. 142. − En partic. Manieur d'argent. Hommes d'affaires, de finance. Ernest Picard (...) a le gros et ventripotent aspect de ces petits manieurs d'argent de village, à la fois percepteur et hommes d'affaires des propriétaires habitant Paris (Goncourt,Journal,1872, p. 862). Prononc. et Orth.: [manjoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1835 (au masc.). Étymol. et Hist. Fin xives. manieur d'argent (Eustache Deschamps, Ballades, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 279, 17); 1869 fig. manieur d'âmes (Goncourt, MmeGervaisais, p. 216). Dér. de manier*; suff. -eur2*. Manieur est attesté dès l'a. fr. (1250, Charte de Douai, éd. Ch. Bonnier, XXII, 1 ds Z. rom. Philol. t. 14, p. 307) au sens de «celui qui s'occupe du blé». Fréq. abs. littér.: 43. |