| MANIEMENT, subst. masc. A. − [Correspond à manier A] 1. Action d'avoir en main quelque chose que l'on déplace, que l'on remue. On avait relégué au second étage la literie, les tapis, les étoffes d'ameublement, tous les articles encombrants et d'un maniement difficile (Zola,Bonh. dames,1883, p. 612).La microphotographie sera partout adoptée le jour où on pourra se procurer des appareils de lecture peu coûteux et d'un maniement facile (Civilis. écr.,1939, p. 54-3). 2. Action de façonner, de modeler quelque chose avec la main: 1. La terre argileuse, pétrissable, susceptible d'absorber dans sa pâte des ingrédients qui la consolident, séchée au soleil ou cuite au feu, est la matière de maniement facile qui se prête à de multiples usages.
Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p. 150. 3. Action d'utiliser, d'employer une arme, un outil, un instrument. Le jeune garçon (...) avait acquis une adresse remarquable dans le maniement de l'arc ou de l'épieu (Verne,Île myst.,1874, p. 213).Le maniement des haltères donnait aux sauteurs une musculature plus forte des bras, des épaules et de la poitrine (Jeux et sports,1967, p. 1279). − En partic. a) Maniement des armes. Exercices que les soldats exécutent avec leurs armes. On passait au maniement des armes, coups et parades étant rythmés; les mouvements du lancer alternaient avec ceux de l'esquive (Arts et litt.,t. 1, 1935, p. 44-7): 2. En ma qualité de voltigeur, j'avais sans doute appris le maniement des armes, et j'exécutais avec assez de précision les trois ou quatre mouvements principaux de l'exercice à feu.
Reybaud, J. Paturot,1842, p. 169. b) Action de manoeuvrer, de faire évoluer un bateau, un véhicule, etc. Je connais le maniement d'un navire aussi bien que le premier capitaine au long cours venu (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 58).Un ballon atterrissait, avec une nacelle de onze passagers, mais pas un, cette fois, qui ne fût indispensable non au maniement du ballon mais à la vie des dix autres (Giraudoux,Suzanne,1921, p. 71). − P. ext. Façon d'utiliser quelque chose, de s'en servir. Se faire expliquer le maniement du fusil. Voici un Colt automatique américain. Paulina apprit le maniement et acheta le plus petit modèle (Jouve,Paulina,1925, p. 236).En cas de grève, la difficulté était de trouver des ouvriers connaissant le maniement des machines (Aragon,Beaux quart.,1936, p. 43): 3. La fermeture automatique me surprend et coince un pan de ma pèlerine. Comme j'ignore le maniement de la fermeture, j'attends dignement que quelqu'un monte pour me libérer.H.
Bazin, Vipère,1948, p. 206. B. − Au fig. [Correspond à manier B] 1. Action de diriger, de faire agir quelqu'un comme on le désire. Lucie était devenue très habile dans le maniement des hommes. À quel attrait cédai-je en acceptant? (Abellio, Pacifiques,1946, p. 330).Le jeune homme avait dix-neuf ans et était de maniement difficile (Guéhenno,Jean-Jacques,1948, p. 265). 2. Action de diriger, de conduire, de mener un animal. Voir ces larges mains, durcies par le maniement du cheval et la pratique des armes (Fromentin,Été Sahara,1857, p. 22). 3. [En parlant d'une chose abstr.] Emploi, utilisation. Maniement des idées, du paradoxe; maniement délicat. Le mathématicien «s'oblige» à respecter certaines règles déterminées dans le maniement de signes conventionnels (Ruyer,Esq. philos. struct.,1930, p. 252).J'ai surtout tout appris dans la fréquentation de ses propres ouvrages l'usage des mots et le maniement de la langue (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 318).L'introduction du sinus, d'un maniement plus commode, est due aux mathématiciens hindous du moyen âge (Bourbaki,Hist. math.,1960, p. 131). 4. Action de gérer, d'administrer. Il sauta hors de son lit, alla dans ses bureaux et reprit le maniement de ses immenses affaires, le coeur gai (Balzac,Splend. et mis.,1844, p. 242).S'ils viennent jamais à avoir le maniement des affaires de leur pays, ils verront que c'est un étau et qu'il n'est possible à personne de faire des nouveautés sans argent (Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 110).Barras était totalement incapable de rien comprendre au maniement des affaires et s'en souciait peu (Barrès,Cahiers,t. 9, 1911, p. 37). − En partic. Action de gérer, de s'occuper de sommes d'argent. Ne pas abandonner sans contrôle le maniement de sommes d'argent si considérables à des mains criminelles (Zola,Argent,1891, p. 257): 4. ... il engage, liquide et ordonnance les dépenses. Sans intervenir dans le maniement des deniers et matières, qui est strictement réservé à l'intendant, il tient une comptabilité administrative des titres de perception et des mandats, vérifie chaque mois la caisse...
Encyclop. éduc.1960, p. 114. 5. Action de changer, de modifier quelque chose. Si rien n'est encore composé, prier Natanson de faire passer ce placard à l'imprimeur de la revue (...). S'il est trop tard pour ce maniement ou ce remaniement, tant pis, mais je regretterai (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1894, p. 226). Prononc. et Orth.: [manimɑ
̃]. Ac. 1694-1835: maniement; 1878: maniement et manîment; 1935: maniement. Cf. gaiement. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xiiies. «action de tenir, d'utiliser avec les mains» (Jacques de Baisieux, Dis de l'Espée ds Trouvères Belges, éd. A. Scheler, t. 1, p. 178, 88); p. ext. 2. xiiies. maniemens «administration» (Ch. de juill. 1241, N.-D. de Cambrai, Arch. Nord ds Gdf.); 1690 fig. «action de diriger, conduire» (Fur.). Dér. de manier*; suff. -ment1*; cf. l'a. et m. fr. maniement au sens de «possession» dans le Nord (1237 ds Du Cange, s.v. maniamentum 1 − 1500 ds Gdf.). Fréq. abs. littér.: 218. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 204, b) 317; xxes.: a) 282, b) 412. |