| MANIE, subst. fém. A. − 1. Vx. Égarement d'esprit, folie. (Dict. xixeet xxes.). 2. PSYCH. Syndrome mental caractérisé par des troubles de l'humeur (exaltation), des troubles du comportement (agitation, surexcitation) et des troubles intellectuels (fuite des idées, perte de mémoire). Manie délirante, furieuse, périodique; guérison de la manie: 1. Au bout d'un mois, déjà s'annoncent les signes précurseurs d'un accès de manie, constipation, rougeur du visage, volubilité de langue; il sort de son état d'inertie et de stupeur, se promène dans l'intérieur de l'hospice, se livre à mille extravagances folles et gaies: cet accès dure dix-huit jours, le calme revient avec le rétablissement gradué de la raison...
Pinel,Alién. ment.,1801, p. 171. 3. Trouble mental dans lequel l'esprit se fixe sur un seul point; obsession, idée fixe (v. monomanie). Manie des grandeurs, de la jalousie, du suicide. Jacques Collin (...) tomba dans une de ces méditations fatales où l'idée du suicide, à laquelle il avait déjà cédé sans avoir pu l'accomplir, arrive à la manie (Balzac,Splend. et mis.,1846, p. 470).Ce qui éclate dans ces lignes, c'est le désordre mental le plus caractérisé: manie de la persécution, délire à forme religieuse (Mauriac,Noeud vip.,1932, p. 304). B. − P. ext. 1. Passion concentrée sur un seul objet. Manie des bibelots, des chevaux, des colifichets, des inventions; manie de collectionneur. Goncourt est là-dedans chez lui, vieux type de collectionneur, indifférent à tout ce qui n'est pas sa manie (Renard,Journal,1891, p. 85).Ma future belle-mère était à peine installée à la maison que la manie du théâtre la prenait (Léautaud,In memor.,1905, p. 198). 2. Goût, habitude bizarre, quelque peu ridicule, provoquant l'agacement, l'irritation ou la moquerie. On se rappelait (...) les manies du grand homme, ses façons de travailler quand, pour amener l'inspiration, il voulait que sa femme fût à côté de lui, parée, décolletée (A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 188).Du bout des doigts, je tourmentais mes chaussettes, ce qui est une manie grotesque dont je ne peux me défaire (Duhamel,Confess. min.,1920, p. 41). − Loc. verb. Avoir la manie de + inf.: 2. Mon père (...) avait la manie de jouer avec les boutons de l'habit de l'homme avec qui il causait. Un jour, parlant d'une affaire du Parlement (...) à un ambassadeur, il tourna tant le bouton de son interlocuteur qu'il l'arracha...
Vigny,Mém. inéd.,1863, p. 42. SYNT. Dangereuse, folle, vieille manie; manie bizarre, dérisoire, détestable, favorite, habituelle, infernale, nouvelle, singulière; affreuses, petites, sottes manies; avoir ses manies; contracter des manies de vieille fille, de vieux célibataire. Prononc. et Orth.: [mani]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1398 [ms. xves.] «folie, égarement d'esprit, fureur» (Somme MeGautier, BN 1288, fo25 rods Gdf. Compl.); 2. 1660 «goût pour quelque chose porté jusqu'à l'excès» (Molière, Précieuses ridicules, scène 9); 3. 1755 «habitude bizarre» (Mllede Staal, Mém., t. 1, p. 5 ds Littré). Empr. au b. lat. mania «folie», du gr. μ
α
ν
ι
́
α «folie, démence» et «folle passion pour». Fréq. abs. littér.: 1301. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1445, b) 1762; xxes.: a) 1986, b) 2156. |