| MANGEOIRE, subst. fém. A. − Auge contenant la nourriture du bétail, des animaux domestiques. Mangeoire pour les oiseaux en cage. Mangeoires où votre bétail mange son grain (Bernanos,Soleil Satan,1926, p. 204).Des centaines de faisans picoraient comme les poules d'une basse-cour le grain dans des mangeoires ad hoc (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 394): 1. ... l'honnête Bayard (...) occupait au bout de la file la place la plus chaude et la plus commode. Sa mangeoire était pleine d'avoine moulue pour que ses longues dents n'eussent pas la peine de la triturer...
Gautier,Fracasse,1863, p. 493. B. − Fam., péj. Endroit où l'on mange; p. méton., ce que l'on mange. La charcuterie (...) était un coin de bonheur raisonné, une mangeoire confortable, où la mère, le père et la fille s'étaient mis à l'engrais (Zola,Ventre Paris,1873, p. 654).Il n'y flottait jamais [chez Mmede Loynes] cette poussière grise, qui fait des salles à manger (...) autant de mornes mangeoires (L. Daudet,Salons et journaux,1917, p. 22): 2. Oh! côté mangeoire, on avait bien fait les choses. C'était le repas de fiançailles, que ne le disiez-vous! Caviar, volailles, truffes, et des bouteilles extrêmement provocantes.
Montherl.,Lépreuses,1939, p. 1417. − P. métaph. [En parlant d'une situation lucrative] Ils [les meneurs révolutionnaires] sont de deux sortes: les doctrinaires (...) et les autres, exploiteurs de la circonstance et qui rejettent l'escabeau, c'est-à-dire le peuple, dès qu'ils ont atteint la mangeoire, tel Aristide Briand (L. Daudet,Universaux,1935, p. 83). ♦ Loc., fam. S'engraisser à la mangeoire de qqn. Vivre aux dépens de quelqu'un. (Dict. xxes.). Prononc. et Orth.: [mɑ
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ʒwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 «auge du bétail» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 466); 2. 1594 fig. (Satyre Menippée, éd. Ch. Read, p. 168). Dér. de manger1*; suff. -oire*. Fréq. abs. littér.: 62. |