| MANDARINAT, subst. masc. A. − [Correspond à mandarin I A] 1. Fonction, dignité de mandarin. Il n'y a que les lettrés qui soient élevés au mandarinat (Besch.1845). 2. Système de recrutement des mandarins par une série d'épreuves et de concours. Synon. mandarinisme.En Occident, on admirait la Chine (...) le caractère démocratique de sa société (...) où le service de l'État s'ouvrait à tous par voie de concours. Et il était vrai que le mandarinat restait unique au monde (Lefebvre,Révol. fr.,1963, p. 19). B. − P. anal., péj. [Correspond à mandarin1I B 2] 1. Système tendant à créer une classe de mandarins, à promouvoir une élite officielle déterminée essentiellement par ses diplômes et ses titres. Synon. mandarinisme.Le Gaulois ne se contente pas de rompre des lances contre la bureaucratie. Il fait également campagne contre l'abus des grades universitaires, contre le mandarinat français en général et contre le baccalauréat en particulier (Gil Blas ds France1907): 1. Ainsi, dans les armées d'autrefois, il y avait des compagnies d'élite, grenadiers et voltigeurs; mais on tâchait que, dans tout le régiment, les hommes de chaque peloton fussent de la même taille. Le mandarinat est frère du caporalisme.
Coppée, Vrais riches,1891, p. 156. 2. Groupe, intellectuel ou professionnel, formant une caste privilégiée, souvent en vertu de ses titres officiels, qui prétend détenir le monopole du talent, de la culture ou de la science et exerce de ce fait une autorité abusive. L'art est à nous, dépend de nous, et n'est pas dans les mains d'un mandarinat ou d'une administration. Je suis porté à croire, au contraire, que l'art gagnerait à ce que les artistes fussent responsables de la gestion de leurs intérêts (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 442): 2. Il est cependant difficilement admissible qu'on place au seuil de la profession de journaliste, comme au seuil de la profession de médecin ou d'architecte, un examen préalable. Le corps des journalistes ne peut être un mandarinat. On arrive au journalisme par toutes les voies, et si une certaine culture générale y doit être considérée comme indispensable, on ne voit guère qu'elle puisse être certifiée par un diplôme.
Civilis. écr.,1939, p. 242-6. − P. méton. L'Autorité arbitraire exercée par un tel groupe. Tout récemment, le professeur Milliez condamnait sans réserve le mandarinat médical, ce «despotisme de certains patrons qui obligent les jeunes médecins à une soumission de bidets de fiacre» (Encyclop. univ.t. 101971, p. 416). Prononc.: [mɑ
̃daʀina]. Étymol. et Hist. 1. 1700 «dignité de mandarin» (Le Golien, Histoire des Iles Marianes, nouv. converties à la rel. chrét., p. 185 ds König, p. 136); 2. 1868 fig. «corps social prétendant former une classe à part, et une caste privilégiée» (Lanfrey, Histoire de Napoléon Ier, t. 3, p. 74); 3. 1902 «tout corps social dont les fonctionnaires recrutent par examens comme la classe des mandarins» (Nouv. Lar. ill.). Dér. de mandarin*; suff. -at*. |