| MALINTENTIONNÉ, -ÉE, adj. A.− [En parlant d'une pers.] Qui a de mauvaises intentions. On faisait cercle autour d'eux, et les rieurs malintentionnés ne manquaient pas (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 14): 1. Ne comprends-tu pas que tu risques de ruiner la carrière de ton père?... Il suffirait que quelqu'un de malintentionné ébruitât tes relations avec ce garçon pour que ton père fût blâmé, changé de poste, destitué peut-être!...
Lacretelle, Silbermann,1922, p. 142. ♦ Emploi subst. Il s'y rencontre un tel mélange des contraires, que les malintentionnés y trouvent toujours de quoi s'aheurter, les fidèles, de quoi se conduire et s'éclairer (Blondel, Action,1893, p. 396).Mais, grands dieux! n'aurais-je pas un faible pour les indisciplinés? pour les malintentionnés! Je préfère ne pas approfondir et raconter un incident gentil (Frapié, Maternelle,1904, p. 41). B.− [En parlant d'un inanimé, d'un trait du comportement] Qui révèle un souci de nuire. Mais après tout, concluait-il, ils étaient bien neufs, bien jeunes, entourés de pièges et de flatteurs, d'intrigants de toute espèce, de vues secrètes et malintentionnées (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 270): 2. C'était leur morgue qui les préservait de toute sympathie humaine, de tout intérêt pour les inconnus assis autour d'eux, et au milieu desquels M. de Stermaria gardait l'air glacial, pressé, distant, rude, pointilleux et malintentionné qu'on a dans un buffet de chemin de fer au milieu de voyageurs qu'on n'a jamais vus, qu'on ne reverra pas, et avec qui on ne conçoit d'autres rapports que de défendre contre eux son poulet froid et son coin dans le wagon.
Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 680. REM. Malintention, subst. fém.Intention malveillante. Voici qui peut-être suffit à me faire taxer de duplicité par Léautaud, sans qu'il y ait lieu de chercher plus loin. Je préfère cela : car il me peinait qu'il pût croire à quelque malintention à son égard (Gide, Journal,1946, p. 299). Prononc. et Orth. : [malε
̃tɑ
̃sjɔne]. Ac. dep. 1694 : malintentionné mais Ac. s.v. intentionné : mal-intentionné. Selon Littré, DG peut s'écrire aussi bien en 2 mots : mal-intentionné. Selon Lar. Lang. fr. il y aurait soudure pour le subst. et trait d'union ou soudure pour l'adjectif. Étymol. et Hist. 1657, 20 oct. subst. (Colbert, Lett. à Mazarin ds DG); 1673-76 adj. (De Retz, Mémoires, seconde part. [juillet 1651] ds
Œuvres, éd. A. Feuillet et J. Gourdault. III, 443). Comp. de mal2* et de intentionné*. Fréq. abs. littér. : 14. |