| MALHABILE, adj. A.− [En parlant d'une pers.] Qui manque d'adresse, d'habileté, de savoir-faire. Être malhabile de ses doigts. Vous êtes bien malhabile d'avoir dit, d'avoir fait telle chose (Ac.). Lorsqu'un général malhabile perd la campagne victorieusement commencée par un autre, dit-on que le vainqueur des premiers jours est coupable des défaites de son successeur (...)? (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 145).Un dessinateur malhabile qui altérerait grossièrement toutes les proportions et remplacerait les droites par des lignes plus ou moins sinueuses (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 67): 1. Il ne savait rien foutre de ses mains (...). Il était des plus malhabiles, comme trente-six cochons réellement... pour enfoncer un clou de travers il se déglinguait au moins deux ongles, il se flanquait tout le pouce en bouillie.
Céline, Mort à crédit,1936, p. 407. − [Avec un compl. prép. désignant une activité ou un domaine d'activité] ♦ [Le compl. prép. est un subst.] Malhabile à (qqc.).Avec une femme, il se sentait bredouillant et indécis, malhabile à la riposte, rougissant jusqu'aux oreilles d'une blague qui fait rire (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 70).Bonhomme gauche, malhabile à la vie pratique (Bourget, Disciple,1889, p. 54).Malhabile dans (qqc.).Malhabile dans les affaires, dans les négociations (Ac.). Il n'y a aucune froideur dans la peinture admirable de ce caractère de soldat [Pompée], si décidé quand il s'agit de faire la guerre, si malhabile dans l'amour (Brasillach, Corneille,1938, p. 380): 2. Les artistes de l'époque du renne ont bien sculpté et gravé les figures de leurs semblables. Mais ils étaient malhabiles dans ce genre. La plupart des représentations humaines que nous connaissons sont trop imparfaites pour que nous puissions nous appuyer sur elles pour ajouter quelques traits à cette esquisse de l'homme paléolithique...
Boule, Conf. géol.,1907, p. 206. ♦ [Le compl. prép. est un inf. introduit par à] Malhabile encore à mesurer les distances, ou prenant pour de la terre ferme le flottant tapis de fleurs, elle a perdu pied brusquement (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 926).Il médita une seconde, malhabile à vêtir sa pensée des mots justes (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 55). − [P. méton.] ♦ [En parlant d'une partie du corps] Qui appartient à une personne qui manque d'adresse, d'habileté, de savoir-faire. Doigts malhabiles. Ce que j'ai embrassé sur ta bouche pressante et malhabile, c'est seulement le fantôme de Luce (Colette, Cl. ménage,1902, p. 67).Dans un appartement voisin, une main malhabile cherchait un air de piano (Arland, Ordre,1929, p. 297).[Avec un inf. introduit par à] Les yeux gris, si malhabiles à mentir, me montraient leur perplexité (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 62).Et voici qu'Angèle (...) vacille entre des bras malhabiles à changer le sens de la rotation, s'arrête, souffle un peu (Butor, Passage Milan,1954, p. 126). ♦ [En parlant d'un outil, d'un instrument] Qui est utilisé, manié par une personne qui manque d'adresse, d'habileté, de savoir faire. Quand on eut passé sur sa poitrine un linge humide, on vit le nom de Ninon écrit en hautes lettres qu'une pointe malhabile avait tracées (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 269).Le son d'un piano malhabile sourdait d'une fenêtre entr'ouverte : − Mais non : mi, fa, sol dièze..., dit Laure pour elle-même (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 4). B.− [En parlant d'une action ou du résultat d'une action humaine] 1. [Le déterminé est un subst.] Qui dénote le manque d'adresse, d'habileté, de savoir-faire de son auteur. Geste malhabile. Quand un atelier a fait pendant l'année de continuels efforts, il n'admet pas d'être lésé parce que (...) le patron a fait des spéculations malhabiles (Wilbois, Comment font. entr.,1941, p. 36).Écriture appliquée et malhabile (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 991). 2. [Le déterminé est une prop. inf.] Qui n'est pas approprié au but recherché par quelqu'un. La coutume d'Orient où il paraît à la fois malhabile et malséant de juger et de trancher sans avoir recueilli les avis et prodigué les égards (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 25). Prononc. et Orth. : [malabil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1485 mal abille « qui n'est pas habile » (Myst. Vieux Testament, éd. J. de Rothschild, IV, 35645); 1538 malhabile a « peu capable de » (Est.). Comp. de mal2* et de habile*. Fréq. abs. littér. : 99. DÉR. 1. Malhabilement, adv.D'une manière malhabile. Il s'y est pris bien malhabilement (Ac.). − [malabilmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. − 1reattest. 1636 (Monet); de malhabile, suff. -ment2*. 2. Malhabileté, subst. fém. vx.Manque d'adresse, d'habileté, de savoir-faire. La Convention était dans la plus grande agitation. Les représentants auprès de l'armée, pour se disculper, se hâtèrent d'accuser Menou. On attribua à la trahison ce qui n'était dû qu'à la malhabileté. Il fut mis en arrestation (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 336).Ce fut un des bonheurs de la liberté que la malhabileté des coalisés à conduire, dans une vue d'ensemble, leurs forces d'ailleurs si considérables (Stendhal, Napoléon,t. 2, 1842, p. 65).− [malabilte]. Ac. 1694 et dep. 1798 malhabileté, 1718-62 malhabileté. − 1reattest. ca 1468 (Duquesne, Hist. de J. d'Avesn., Ars. 5208, fo10 vods Gdf.); de malhabile, d'apr. habileté*. |