| MALFAISANT, -ANTE, adj. A.− [En parlant d'une pers. ou d'une divinité] Qui fait ou qui aime à faire du mal. Anton. bienfaisant.Démon, dieu malfaisant; fée malfaisante. Des génies malfaisans, qui ne s'occupent que de nuire aux hommes (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 89).Salammbô apparaissant aux mercenaires, semblable à une divinité malfaisante qui empoisonne (...) tout ce qui l'approche (Huysmans, Art mod.,1883, p. 154).Séminaristes imbéciles et malfaisants, ambitieux de la prêtrise qui leur donnerait le pouvoir de crucifier Jésus chaque jour (Bloy, Journal,1906, p. 320): 1. Bien qu'au premier abord il parût (...) horriblement voyou, il n'était pas voyou, car il n'était jamais ni bas, ni malfaisant : il ne faisait jamais de choses vilaines.
Montherl., J. filles,1936, p. 991. − [En parlant d'un attribut, d'une manifestation d'une pers.] Instincts malfaisants. Cabaner (...) avec une imagination malfaisante de vilain singe, passait sa vie à inventer d'impitoyables méchancetés (Goncourt, Journal,1886, p. 565): 2. ... ce pessimisme mesquin (...), toute cette morale bourgeoise, sans grandeur, sans bonheur, sans beauté, sont odieux et malfaisants : ils font paraître le vice plus humain que la vertu.
Rolland., J.-Chr.,Adolesc., 1905, p. 342. − Emploi subst. Personne qui fait ou qui aime à faire du mal. [Le père Oriol] répandait sa bile et toute sa rancune secrète contre ces malfaisants qui ne le laissaient plus dormir en paix (Maupass., Mt-Oriol,1887, p. 260).Ah! les malfaisants, les vermines, que ces hommes de corvée! (...) Quelle race dégoûtante! Tous, becs-salés et cossards! (Barbusse, Feu,1916, p. 25): 3. Pendant la grande révolution, des troupes de malfaisants coururent le pays aux entours d'Ambert et de Viverols. Ils faisaient contribuer les acquéreurs de biens nationaux, arrêtaient les diligences, enlevaient les recettes du gouvernement, et fusillèrent même plusieurs personnes...
Pourrat, Gaspard,1922, p. 43. Rem. Dans la docum., l'emploi subst. n'est attesté qu'au masc. pluriel. B.− [En parlant d'un animal] Synon. vx de nuisible.Bête malfaisante. Les animaux de nuit ont tous des couleurs ternes, et en général sont malfaisants (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 268).Insectes malfaisants qui déposent leurs œufs sous l'épiderme, et causent ainsi de violentes maladies (Sue, Atar-Gull,1831, p. 6). C.− [En parlant d'une chose] Qui a un effet nuisible. Les animaux ont l'opinion que le feu est malfaisant, et cette opinion reste dans leur corps comme une peur (Alain, Propos,1923, p. 554): 4. ... l'oued n'avait plus ni lauriers, ni rochers. Sans doute tous ces lauriers-roses qui buvaient l'eau par leurs racines, avaient paru malfaisants aux nouveaux maîtres de Ben Nezouh.
Tharaud, Fête arabe,1912, p. 123. − En partic. Qui a un effet nuisible sur la santé. Les vins frelatés sont malfaisants (Ac.) L'embarras des idées, l'impuissance et le dégoût de tout mouvement, s'emparent bientôt des personnes qui respirent un air surchargé de ce gaz malfaisant [l'azote] (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 40).Les philtres malfaisants ou guérisseurs que savent préparer avec des feuilles et des racines les vieux hommes pleins d'expérience (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 87).Saignée abondante qui (...) évacuera une certaine quantité de toxines malfaisantes (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 96). Prononc. et Orth. : [malfəzɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Vx [-fε-] ds Gattel 1841, Nod. 1844, Littré, DG. Cf. faire1. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. Ca 1190 adj. « porté à mal faire, à nuire » esprit malfaisant (Marie de France, L'Espurgatoire Seint Patriz, éd. Th. A. Jenkins, 2275); 2. a) 1686 « nuisible à la santé » écume malfaisante (Fonten., Mond. 2esoir ds Littré); b) 1790 « se dit de ce qui fait du mal, nuisible » signes malfaisans et mensongers (Saint-Martin, Homme désir, p. 358). Part. prés. de malfaire*. Fréq. abs. littér. : 292. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 428, b) 381; xxes. : a) 621, b) 297. Bbg. Cohn (G.). Arch. St. n. Spr. 1899, t. 103, p. 213. |