| * Dans l'article "MALAXER,, verbe trans." MALAXER, verbe trans. A. − 1. PHARM., vieilli. Manier, pétrir pour amollir et rendre plus homogène. Malaxer un emplâtre (Ac.1835, 1878).La pharmacien malaxait un onguent (Davau-Cohen1972): 1. Bain parfumé. − Mélanger 100 grammes de carbonate de soude et 200 grammes d'amidon pulvérisé, les malaxer dans 80 grammes d'huile de table pour obtenir une pâte homogène; y verser 8 gouttes d'essence de rose ou du parfum préféré et conserver en flacon bouché.
Lar. mén.1926, p. 134. 2. P. anal. Pétrir une matière, avec les doigts ou avec un instrument, une machine, de façon à la rendre plus homogène. Malaxer du mortier, du plâtre, de l'argile, de la pâte. Decooster, l'ancien boucher, utilisait ses machines de charcuterie à malaxer des graisses et fabriquer une pâte huileuse qu'il appelait savon et vendait très cher (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 323).J'ai connu la soupière d'où sortait la victoire. On y malaxait la poudre à fusil (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 888).La laque est une résine extraite d'arbres ou d'arbustes de la famille des Térébenthacées (...). Cette résine incolore devient noire lorsqu'on la malaxe avec un pilon de fer dans une cuve à métal (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 23): 2. ... étaler le sable, puis les cailloux ou les gravillons, et enfin le ciment. Mêler le tout à sec (...). Creuser ensuite une cuvette au centre du tas, y verser l'eau, en mettre une petite quantité et au besoin en rajouter à la mise en oeuvre, puis malaxer, en commençant par l'intérieur, autant qu'il le faudra pour obtenir une pâte homogène.
Bonnel-Tassan1966, p. 4. − ALIM. Du bout de son couteau, MmePradonet malaxait du beurre et du roquefort (Queneau, Pierrot, 1942, p. 96).Les caramels mous sont faits avec des pâtes semblables à celles des fondants (...). Après cuisson, la pâte est malaxée, puis découpée en petits morceaux qui sont emballés aussitôt dans des papiers paraffinés (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 32). ♦ LAIT. Malaxer le beurre. Travailler le beurre en le pressant pour en extraire les dernières traces de babeurre et le rendre homogène. On porte [le beurre] sur une table mouillée (...), où, à l'aide d'une petite spatule en bois (...) on le malaxe et on le met en mottes (Pouriau, Laiterie, 1895, p. 281). 3. P. métaph. C'étaient d'éreintantes journées pendant lesquelles mes heures passaient à écrire un dialogue, à le malaxer, à le transformer (Vialar, Carambouille, 1949, p. 234): 3. ... la quantité des publications, (...) le flux des choses qui s'impriment ou se diffusent, emportent du matin au soir les jugements et les impressions, les mélangent et les malaxent, et font de nos cervelles une substance véritablement grise, où rien ne dure, rien ne domine...
Valéry, Variété III, 1936, p. 283. B. − P. ext. 1. [Le compl. d'obj. dir. désigne différentes parties du corps hum.] Pétrir avec les doigts ou la paume de la main, dans une intention thérapeutique ou hygiénique. Synon. usuel masser: 4. Nous voici (...) devant l'étonnant empereur Commode de M. Pelez (...). Je pensais que le monsieur en caleçon de bain vert penché sur l'autre monsieur en caleçon de bain blanc était un masseur (...). Il paraît que le garçon de salle est (...) un bon étrangleur qui ne malaxe aucunement le cou de Commode pour aider à la circulation du sang; c'est même, si j'en crois le livret, tout le contraire.
Huysmans, Art mod., 1883, p. 18. − P. anal. Avant de remonter sur la sellette [de la faucheuse-lieuse] dont on n'a plus envie tellement elle vous a courbatu, secoué, malaxé, démoli que l'on a mal jusque dans les moelles, on va encourager les chevaux (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 165): 5. M. Larminat déposait entre les paumes de ses interlocuteurs une main moite et bouffie qu'il ne pensait plus à retirer, en sorte que les partenaires, gênés, tournaient et malaxaient longtemps entre leurs propres doigts, avec un peu d'effarement, cet objet inerte, abandonné, qui fleurait le cuir humide et le tabac à priser.
Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 17. ♦ Emploi pronom. réfl. Il (...) se malaxait les mains d'un air exaspéré (H. Bazin, Huile sur feu, 1954, p. 275). 2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une matière quelconque] Manipuler distraitement. M. Élie malaxait une boulette de mie de pain qu'il avait rapportée du restaurant (Montherl., Célibataires, 1934, p. 876).Lucie (...) malaxait entre ses deux mains le chiffon froissé (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 471). Prononc. et Orth.: [malakse], (il) malaxe [malaks]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1495 [éd.] pharm. «pétrir des drogues pour les rendre plus molles, plus ductiles» (B. de Gord[on], Pratiq., III, 25 ds Gdf.); 2. 1843 plus gén. «pétrir une substance ou un mélange pour obtenir une masse plus homogène» (Balzac, Illus. perdues, p. 738); 3. av. 1845 «masser» (Besch. qui cite Virey [✝ 1847]). Empr. au lat. d'époque impériale malaxare «amollir» formé sur l'aoriste gr. μ
α
λ
α
́
ξ
α
ι de μ
α
λ
α
́
σ
σ
ε
ι
ν «amollir, adoucir». Fréq. abs. littér.: 46. DÉR. 1. Malaxage, subst. masc.Action de malaxer; résultat de cette action (supra A 2). Malaxage de l'argile, du béton. Lorsque le malaxage est énergique et prolongé, on obtient un mortier plus homogène et plus serré (Quinette de Rochemont, Trav. mar., t. 1, 1900, p. 110).a) Alim. Les nougats sont obtenus par malaxage d'une pâte cuite de sucre, de glucose, de miel, de blanc d'oeuf battu en neige avec des amandes mondées (BrunerieIndustr. alim., 1949, p. 32).Lait. Opération qui consiste, dans la fabrication du beurre, à éliminer les dernières traces de babeurre. Le malaxage contribue à l'homogénéisation du produit fini (Clém.Alim.1978).b) Au fig. Des années de malaxage marxiste en pays chrétien n'ont pas détruit chez le peuple la foi à son âme collective (Mauriac, Bloc-notes, 1958, p. 295).− [malaksa:ʒ]. Att. ds Ac. 1935. − 1reattest. 1858 en partic. terme de céram. «pétrir une terre pour la rendre molle et ductile»(Chesn.); de malaxer, suff. -age*. 2. Malaxation, subst. fém.,pharm., vx. Action de malaxer; résultat de cette action (d'apr. Littré; supra A 1). Au fig. Le soir, avant de s'endormir, quand il entr'ouvre ses fenêtres sur le golfe de Saint-Marc, le voyageur descendu à l'hôtel Danieli doit se dire (...): «Voici donc le décor où cet enfant [Musset] subit les malaxations du climat vénitien» (Barrès, Amori, 1902, p.72).− [malaksasjɔ
̃]. − 1reattest. 1610 (Beroalde de Verville, Voyage des princes fortunez, p.263 ds Hug.), attest. isolée, à nouv. début xixes. 1812 (Boiste); de malaxer, suff. -(a)tion*, cf. le b. lat. malaxatio. |