| MAJEUR, -EURE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − 1. [Sert de compar. à grand] Plus grand, plus considérable, plus important. Anton. mineur.J'oubliais le second dixain des Drolatiques, pour lequel j'ai encore deux contes à faire, dont l'un est le majeur du volume (Balzac, Corresp., 1833, p. 252). − Expressions ♦ La majeure partie. La plus grande partie, le plus grand nombre. La majeure partie du génie se compose de ces sortes de souvenirs (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 135). ♦ En majeure partie. Dans la plus grande partie, pour le plus grand nombre. Deux divisions du 6ecorps dont les éléments étaient en majeure partie stationnés sur la Meuse (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 184). − Domaines spéc. ♦ JEUX. Tierce, quarte, quinte majeure. Suite des trois, quatre, cinq cartes les plus fortes d'une couleur. Synon. vieilli major.Une quinte majeure en trèfle, hein! elle est bonne, celle-là!... Trois rois, ils sont bons aussi (Zola, E. Rougon, 1876, p. 144). ♦ LOG. Terme majeur (d'un syllogisme) et, subst., le majeur. Terme d'un syllogisme qui sert de prédicat à la conclusion (et qui a généralement la plus grande extension). Prémisse majeure et, subst., la majeure. Prémisse d'un syllogisme qui contient le majeur. Il [Grotius dans son livre de Jure Belli et Pacis] part d'ailleurs d'une majeure douteuse: la sociabilité de l'homme (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 245).Le syllogisme renferme trois termes: une proposition mère ou génératrice qu'on appelle majeure; une proposition instrument (...) une proposition engendrée (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 72): 1. Un animal est un être qui se meut sans cause extérieure. Un être qui se meut sans cause extérieure a des mouvements volontaires. Donc un être qui a des mouvemens volontaires est un animal. Et ensuite je puis prendre pour majeure cette proposition prouvée, et dire: Un être qui a des mouvemens volontaires est un animal.
Destutt de Tr., Idéol. 3, 1805, p. 19. ♦ MAR. Voile majeure. L'une des voiles principales d'un bateau. Je portai au large ayant les quatre voiles majeures, tous les ris pris (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 374). ♦ MUS. Accord parfait majeur. ,,Cet accord [de première espèce] dont la tierce est majeure et la quinte juste s'appelle communément accord parfait majeur`` (Réber, Harm., 1949, p.8). Ton, mode majeur. Celui où la tierce et la sixte au dessus de la tonique sont majeures. Le mode majeur, réalisé sur la note ut, prise comme tonique (...) a une importance considérable dans la musique moderne (Combarieu, Mus., 1910, p.128).On adoptera, pour toutes les Gammes et tous les Arpèges Diatoniques (...) l'enchaînement alterné des 24 tons Majeurs et Mineurs (Dupré, Improvis. orgue, 1925, p. 1).Emploi subst. masc. Jouer en majeur. Il [le 10eNocturne de Fauré] s'appuie sur le principe d'une lente montée pathétique qui aboutit à la sonorité magnifiée du majeur (Cortot, Mus. fr. piano, 1930, p. 167).Tierce majeure. Tierce composée de deux tons. Ils ne parlaient plus que de sujet et de contre-sujet, d'harmoniques et de sons résultants, d'enchaînements de neuvièmes et de successions de tierces majeures (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 684). ♦ RELIGION Excommunication* majeure. Ordres majeurs. Prêtrise, diaconat (et sous-diaconat avant le Concile Vatican II). Un jeune homme (...) qui (...) se destine à devenir bientôt prêtre des Missions étrangères, vient de m'adresser, au moment de recevoir les ordres majeurs et de prononcer le voeu suprême, une lettre qui m'a beaucoup ému (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 69). 2. P. ext. D'une grande importance. Synon. capital, essentiel, exceptionnel, primordial.Empêchement, souci majeur; objection, raison majeure. Il est un intérêt majeur pour l'empereur et en même temps pour l'Europe, c'est d'établir la Pologne (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 215): 2. ... les races du nord plus proches de la sauvagerie barbare et qui avaient besoin pour se maîtriser de contraintes majeures, composèrent avec le protestantisme une religion nouvelle...
Gaultier, Bovarysme, 1902, p. 122. ♦ (Cas de) force* majeure. B. − 1. [À propos d'une pers.] Qui a atteint l'âge de la majorité légale (18 ans depuis 1974, 21 ans auparavant) ou qui est considéré comme majeur du fait de son mariage. Anton. mineur.Privation des Droits civils. 727. Sont indignes de succéder, et comme tels exclus des successions (...) L'héritier majeur qui, instruit du meurtre du défunt, ne l'aura pas dénoncé à la justice (Code civil,1804, p. 133).Isabelle (...) étant, du fait de son mariage, considérée comme majeure, la royauté revenait à la jeune femme, c'est-à-dire à son mari (Grousset, Croisades, 1939, p. 308). 2. P. anal. [À propos d'un peuple] Qui est capable de se diriger lui-même parce qu'il est parvenu à un degré d'évolution suffisant: 3. ... il est certain que les nations possèdent très inégalement la capacité d'user de cette arme [l'investissement et l'innovation]. Pour l'atome, c'est d'une évidence éclatante et gênante; un président du Conseil a pu parler de nations majeures et de nations mineures à cet égard.
Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 505. II. − Subst. masc. Le troisième et le plus grand des doigts de la main. Synon. médius.Des taches noires sur l'index et le majeur de la main droite (Butor, Modif., 1957, p. 68). Prononc. et Orth.: [maʒoe:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1354 philos. subst. fém. majour (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, § 118, vers 299; v. aussi Gace de La Buigne, Romans des deduis, éd. Åke Blomqvist, 6110: majeur); 1680 majeure (Rich.); 2. 1377 mus. adj. majeur (Gace de La Buigne, op. cit., 8090); 3. a) 1540 adj. substantivé «supérieur, plus grand» (Amadis de Gaule, éd. H.Vaganay, livre I, Prologue du traducteur, t. 1, XII, 25); 1564 la maieur partie «la plus grande partie» (Thierry); 1596 la majeure partie (Hulsius); 1636 excommunication maieure (Monet, s.v. excommunication); 1701 relig. ordres majeurs (Fur.); b) 1690 jeu tierce majeure (Fur.); 1907 subst. masc. majeur «doigt du milieu ou médius» (Nouv. Lar. ill. Suppl.); 4. 1690 adj. «d'une importance exceptionnelle» force majeure (Fur.). II. 1549 dr. adj. et subst. maieur «(celui) qui par son âge atteint la plénitude de ses droits» (Est.). Empr. au latmājŏr, comparatif de magnus «grand par la quantité, la force ou l'âge», «important», att. en lat. médiév. comme adj. «qui a atteint l'âge de la majorité» (1225 ds Latham), subst. terme de philos. (av. 1250, ibid.). Il est difficile de préciser le moment où la consonne intermédiaire a été prononcée car le i consonantique est écrit i jusqu'au xvies. (v. Brunot t.1, p. 486 et t. 2, p. 122) et le fr. du Moyen Âge a une forme maieur, v. maire et maïeur, qui possède à côté du sens principal «plus grand» des sens du lat. tels que «les anciens» majores (vies. ds Blaise Lat. chrét.); 3 b att. sous la forme (tierce) major (de 1661: Molière, Fâcheux, II, 2, 318 à 1878 Ac.) serait un empr. à l'esp. (tercera) mayor (ds Al., s.v. tercera, s.d.). Fréq. abs. littér.: 802. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1021, b) 587; xxes.: a) 1279, b) 1454. Bbg. Reinh. 1963, p.303. |