| MAILLOT, subst. masc. A. − 1. Bande ou morceau d'étoffe dans lequel on enveloppait les membres et le torse d'un nouveau-né; lange dans lequel sont enveloppés jusqu'aux aisselles les jambes et le torse d'un nouveau-né. L'homme civil, à l'instant de sa naissance, est étroitement garrotté dans un maillot (Laclos, Éduc. femmes, 1803, p. 431).Ma mère blâma le maillot trop serré du nourrisson (Colette, Sido, 1929, p. 45): 1. Je me figure, dis-je, un homme né avec un caractère indépendant (...) voici sa vie: il naît, on l'emprisonne dans des maillots; à six ans, on le livre aux pédagogues...
Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 56. − P. métaph. Nos premiers pas sont dégagés Du vieux maillot des préjugés (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 230). − P. méton. (Enfant au) maillot. Enfant enveloppé dans un maillot et p. ext. nouveau-né. Cet homme portait dans ses bras un enfant au maillot fort effrayé et qui pleurait (Hugo, M. Tudor, 1833, journée 1, 4, p. 34).Les maillots arriveront bientôt dans les bras de leur nourrice (Chateaubr., Litt. angl., t. 2, 1836, p. 214).V. bavolet ex. 1. ♦ Être au maillot. Être dans un maillot, être dans la première enfance. Jamais elle ne les avait pris [les enfants] sur ses genoux, sauf lorsqu'ils étaient au maillot. Jamais elle ne les avait embrassés (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 239). 2. [P. anal. de forme] ZOOL. Mollusque gastéropode pulmoné des régions tempérées. Synon. pupe (d'apr. Littré, Rob.). B. − 1. DANSE et CIRQUE. Vêtement souple et collant, porté à même la peau, qui moule le corps (bassin et jambes et parfois le buste). Maillot de danse, de danseuse, de danseur; maillot de jambes, entier. Il n'y a pas dix pour cent dans un ballet de beauté vraie. Tout est provocation comme sur un trottoir; les jambes en maillot rose se montrent jusqu'aux hanches (Taine, Notes Paris, 1867, p. 11).Un Paris allemand (...) assis au pied d'un arbre et drapé (...) dans le plus magnifique vêtement; une étoffe de drap d'or (...) retombant à grands plis sur deux jambes moulées dans un maillot bleu ciel (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 304).L'habillement du danseur (...) Pour l'hiver: maillot de teinte sombre en fin lainage collant aux jambes et montant jusqu'à la taille (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 28). 2. Vêtement souple et collant qui couvre le haut du corps. Maillot à manches, sans manches, rayé. Ils avaient (...) la poitrine couverte seulement d'un mince maillot de coton blanc qui laissait passer leurs bras nus (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Partie camp., 1881, p. 375).Ainsi vêtu d'un maillot de laine beaucoup trop large pour lui, dont les plis tombaient sur sa poitrine (Bernanos, Crime, 1935, 1repart., 3, p. 761). − En partic. a) Maillot de corps. Sous-vêtement masculin sans manche qui couvre le torse. Lot de 2 maillots de corps. Bord rapporté à l'encolure et aux emmanchures. Long. 65 cm environ (Catal. La Redoute, printemps-été 1981, p. 510). b) Vêtement que l'on porte pour pratiquer un sport. Maillot de cycliste, de gymnaste, de gymnastique. Des athlètes en maillot blanc et en savates claires (Bourget, Essais psychol., 1883, p. 237). 2. ... sa représentation nationale est toujours d'un excellent niveau. Elle [l'Allemagne] sait que ce niveau se maintiendra grâce à ses traditions sportives, particulièrement dans l'Université, ce qui lui permet de disposer d'un immense réservoir de jeunes gens brûlant du désir de porter le maillot de l'équipe nationale.
Jeux et sports, 1967, p. 1236. ♦ Maillot jaune. Vêtement en tricot, de couleur jaune, porté par le coureur du Tour de France qui est en tête du classement général. Un mois plus tard, dans son premier et dernier Tour de France, Massy (...) dans la dure étape Grenoble-Briançon manqua ravir à Bottechia qui l'avait conquis dès la première journée, le maillot jaune (G. Pérec, La Vie mode d'emploi, Paris, Hachette Littérature, 1978, p. 435).P. méton. Coureur qui porte ce maillot. Le maillot jaune n'a pas disputé le sprint. c) Maillot (de bain). Vêtement que l'on porte pour aller se baigner. Il passait ses jours dans cet abri sûr, vêtu seulement d'un maillot de bain rouge (Maurois, Silence Bramble, 1918, p. 176).Son sac en toile cirée où elle avait mis nos deux maillots et une serviette (Camus, Étranger, 1942, p. 1158).(Maillot) deux-pièces. Vêtement féminin que l'on porte pour se baigner, composé d'un slip et d'un soutien-gorge. La vie de plage avec ses huiles à brunir (...) ses maillots deux pièces et ses maîtres-nageurs (Queneau, Enf. du limon, 1938, p. 55). REM. Mailloton, subst. masc.,hapax. La cordelle pour étendre le mailloton du petit ou la serviette de toilette (Giono, Manosque, 1930, p. 98). Prononc. et Orth.: [majo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1538 «pièce de toile ou d'étoffe dont on enveloppe le corps des nouveau-nés» (Est., s.v. cunabula); 2. a) 1547 depuis son maillot «depuis la première enfance» (Amyot, Histoire aethiopique de Heliodorus..., fo149 ro); b) 1559 enfant de maillot «enfant au maillot» (Id., Daphnis et Chloé, L. IV, 74 vods Hug.); 1688 maillot subst. «nouveau-né» (Mmede Sévigné, Correspondance, Lettre du 22 nov., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 404). II. 1. a) Ca 1820 «espèce de caleçon ou de pantalon que les danseurs mettent pour paraître au théâtre» (Talma, Mémoires d'apr. FEW t. 6, 1, p. 55a); b) 1959 maillot académique (Bourgat, Technique danse, p. 26); 2. 1841 «vêtement souple qui moule le corps» (Balzac, Fausse maîtr., p. 36); 3. a) 1883 «vêtement collant qui couvre le haut du corps» (Rollinat, Névroses, p. 64); b)1892 maillot de corps (Baudry de Saunier, Cycl., p. 368); c) 1919 maillot jaune (L'Auto, 19 juill., p.3); 4.1908 maillot «costume de bain» (Colette, Vrilles de la vigne, p.232 ds Rob.). I issu par substitution de suff. à l'a. et m. fr. mailloel, maillol «id.» (1278 mailluel, Sarrazin, Ham, éd. A. Henry, 2334), lui-même dér. de maille1* p. anal. de forme des bandes lacées du maillot avec les mailles entrelacées (plutôt que dér. régr. de mailloler «emmailloter» [v. mailloter]); cf. aussi, avec d'autres suff. les subst. malleil et maillon (v. Gdf. et T.-L.). II peut-être issu, p. ext. de sens, de maillot I, avec une possible infl. du nom de Maillot, qui aurait été bonnetier à l'Opéra de Paris au xviiies. et qui aurait (d'apr. le témoignage de Talma) inventé ce vêtement. Cf. FEW t.6, 1, p.55a. Fréq. abs. littér.: 261. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)214, b)587; xxes.: a)367, b)391. DÉR. Mailloter, verbe trans.Mettre (un bébé) dans un maillot. Synon. rare de emmailloter.Une dizaine de femmes et d'hommes récitaient le de profundis, tandis qu'une vieille mère maillotait un bébé, posé dans un lit clos (Queffélec, Recteur, 1944, p. 222).− [majɔte], (il) maillote [majɔt]. − 1reattest. 1424 «emmailloter» (Arch. JJ 172, pièce 430 ds Gdf); de maillot au sens 1, dés. -er. En outre mail(l)oter «id.», de la fin du xies. à la fin du xiiies. (cf. FEW t. 6, 1, p. 16a). BBG. − Migl. 1968 [1927], p. 300 _ Gall. 1955, p. 186. |