| MAGIQUE, adj. A. − 1. [Correspond à magie B 1 a] a) Qui est relatif à la magie, qui est utilisé, produit par elle, en possède les vertus. Synon. cabalistique, occulte, surnaturel.Pharaon (...) expliquait les plaies dont l'Égypte avait été frappée par le pouvoir magique de Mosché et d'Aharon, plus grand que celui de ses hiéroglyphites (Gautier,Rom. momie,1858, p. 336): 1. Il [Svedenborg] a combiné [dans sa théorie des correspondances] plusieurs traditions métaphysiques, cabalistiques ou magiques, avec son rationalisme initial, d'une part, et les découvertes que l'éveil de sa nouvelle faculté de connaissance lui offrait, d'autre part. Cette théorie lui permettait de construire (...) un dictionnaire, dans lequel, à chaque chose du monde de l'expérience ordinaire, ou à chaque mot du langage usuel, répondît un être ou chose du monde «spirituel».
Valéry,Variété V,1944, p. 271. ♦ Anneau, bague magique. Synon. de anneau de Gygès (v. anneau B 9). ♦ Baguette magique. V. baguette I A 2.Au fig. Je suis sûr que c'est grâce à la baguette magique de votre amitié que mon nom a pu franchir d'aussi adorables lèvres (Mallarmé,Corresp., 1862, p.42). ♦ Cercle magique. Cercle que le magicien trace sur le sol en prononçant certaines conjurations et au centre duquel il se place pour se protéger des démons qu'il invoque. Rites qui donnent à l'invocateur une immunité parfaite, formules de renvoi, science du cercle magique et des figures symboliques, constituent autant de points importants sur lesquels son expérience doit être sans défaut (WagnerMagie1939, p. 204).Au fig. Elle prit donc le parti d'établir autour de la chambre de son mari la plus exacte surveillance (...). Ainsi cette femme, repoussée du lit de douleur où gémissait son mari, avait tracé un cercle magique à l'entour (Balzac,Gobseck,1830, p. 426). ♦ Hanap magique. Hanap rempli d'un vin inépuisable que seuls peuvent goûter les êtres purs. Le cor qui ne résonne que touché par des lèvres pures, le hanap magique qui n'est plein que pour l'amant fidèle, n'appartiennent vraiment qu'à nous (Renan,Souv. enf.,1883, p. 78). ♦ Miroir magique. Miroir dans lequel les magiciens prétendent faire apparaître des personnes, des événements, des faits éloignés. Il contempla dans son miroir magique des combats gigantesques (Sand,Mauprat,1837, p.120). SYNT. Art, science magique; formule, incantation, mot, parole, philtre, potion, signe magique; apparition magique; action, geste, opération magique; puissance magique; chant, voix, vertu magique; forêt, jardin, palais magique; pierre magique. b) Qui traite, qui a trait à la magie. Livre, roman, thème magique. Notre choix se fonde (...) sur la riche collection de mss. magiques constituée par le marquis de Paulmy (...) la plupart de ces pièces ont pour objet l'évocation des esprits,l'utilisation des puissances infernales à des fins précises, le commerce avec les démons (WagnerMagie1939, p. 29). 2. SC. HUM. a) ETHNOL. Qui concerne la magie, qui repose sur la magie (v. ce mot B 1 b ). Mentalité magique. Si les rites magiques se distinguent par le mystère et le secret qui les entourent, les sociétés magiques tendent de leur côté à se constituer le plus possible en marge de la société commune (J. Vuillemin,Essai signif. mort,1949, p. 223).Les pratiques magiques sont (...) conditionnées par une certaine conception de la nature: il ne s'agit pas de «mentalité prélogique», a-logique, ou illogique, mais bien plutôt d'une logique la plupart du temps cohérente dès que l'on en admet les prémisses (Bal.-Maq.1968). b) PHILOS. et PSYCHOL.
α) Qui est irrationnel, qui n'a pas de références logiques; qui n'est pas adapté au réel et qui tente de le modifier en le niant ou en agissant sur lui. Je vois venir vers moi une bête féroce (...) je pâlis, je tombe et je m'évanouis (...) faute de pouvoir éviter le danger (...) j'ai voulu l'anéantir. L'urgence du danger a servi de motif pour une intention annihilante qui a commandé une conduite magique (Sartre,Esq. théorie émot.,1939, p. 35).
β) [Selon Novalis] Idéalisme magique. Système qui admet que l'homme peut entrer avec l'univers dans le rapport de sympathie et d'action directe où il se trouve avec son propre corps (d'apr. Lal. 1968). Depuis le XVIIIesiècle, ce mot [magie] a presque toujours été pris en mauvaise part (...) il faut faire exception pour (...) Novalis, qui a surtout employé l'expression idéalisme magique (Lal.1968).
γ) Pensée magique. ,,Pensée dont le mode de connaissance s'exerce par une démarche paralogique utilisant une résonnance sensible avec les phénomènes de la nature, et admettant l'intervention de forces mystérieuses`` (March. 1970). Nous avons (...) repris le problème de l'incidence de la pensée magique au cours du développement de la personnalité (Porot1975). B. − [En parlant de qqc. de bénéfique] Qui produit des effets extraordinaires, inaccoutumés; qui ne semble pas avoir d'explication rationnelle. Synon. féerique, merveilleux, prodigieux.Le rideau rouge s'était écarté (...) et un spectacle magique avait mis debout tous les enfants (Zola,Page amour,1878, p. 896).L'approche de ma très chère, le froissement de sa robe, le timbre magique de sa voix me faisaient sursauter, chanceler, gémir (Milosz,Amour. initiation,1910, p.213): 2. Il y a un genre d'émotion qui est tout particulier à la peinture (...). Il y a une impression qui résulte de tel arrangement de couleur, de lumière, d'ombre (...) vous vous trouvez placé à une distance trop grande du tableau pour savoir ce qu'il représente et souvent vous êtes pris par cet accord magique.
Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p. 207. ♦ Lanterne* magique. ♦ MATH. Carré magique (d'ordre n). Tableau carré formé d'un même nombre de lignes et de colonnes dans lequel sont placés des nombres choisis de telle manière que leur somme dans chacune des lignes horizontales, comme dans chacune des colonnes verticales soit constante (d'apr. Bouvier-George Math. 1979). Pour certains carrés magiques chaque diagonale est telle que la somme de ses nombres soit encore égale à la somme S [des nombres d'une même ligne ou d'une même colonne] (Bouvier-George Math.1979). ♦
Œil magique. Tube à rayons cathodiques qui permettait d'effectuer le réglage de certains récepteurs de radio. Poste super 5 lampes (...) réglage par œil magique (Catal. jouets [B.H.V.], 1936). REM. 1. Magicerie, subst. fém.,hapax. Les armes de Satan c'est les magiciens Et la magicerie et les faux entretiens (Péguy,Tapisserie Ste Geneviève et J. d'Arc,1913, p. 100). 2. Magico-, élém. de compos. représentant magique dans la formation de qq. termes.a) Magico-physique, adj.Voir dans ce passage l'écho d'une conception panthéistique (Rettberg), ou je ne sais quelle idée d'une union «magico-physique» avec Dieu, c'est par trop arbitraire (Théol. cath.t. 4, 1repart. 1920, p. 1062). b) Magico-religieux, -euse, adj.Le premier grand texte magico-religieux connu relevant des cultures sud-américaines (...) jette un jour très nouveau sur certains aspects de la cure shamanistique (Lévi-Strauss,Anthropol. struct.,1958, p. 205). c) Magico-social, -ale, -aux. On voit apparaître (...) un danger considérable: que le traitement (...), loin d'aboutir à la résolution d'un trouble précis (...), se réduise à la réorganisation de l'univers du patient en fonction des interprétations psychanalytiques. C'est-à-dire qu'on tomberait (...) sur la situation qui fournit son point de départ et sa possibilité théorique au système magico-social (Lévi-Strauss,Anthropol. struct.,1958p. 202). Prononc. et Orth.: [maʒik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 art magike «sorcellerie», ici en parlant de la «magie des anciens Perses» (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 24: çoroastres trova l'art magike des encantemens et de teus autres choses); 2. 1427 art magique «art diabolique, sorcellerie» (Journal d'un Bourgeois de Paris, éd. A. Tuetey, p. 220); 3. 1555 «qui tient de la magie» (Ronsard, Les Amours, 92, éd. P. Laumonier, IV, 92: Entre tes bras, impatient Roger, Pipé au fard de magicque cautelle, Pour refroydir ta chaleur immortelle); 1558 magiques figures (Du Bellay, Divers Jeux Rustiques, éd. V. L. Saulnier, 438); 1655 habit magique (Cyrano, Lettre XII ds Wagner Magie, p. 242 note: Un magicien avec tout l'attirail de l'habit magique, ayant une baguette à la main, placé debout au milieu d'un cercle); 4. 1604 «qui possède une force secrète et extraordinaire» (Montchrestien, David, p. 205 ds IGLF: Mes sens [...] languissoient comme attains par un charme magique). Empr. au lat. magicus (empr. au gr. μ
α
γ
ι
κ
ο
́
ς) «magique, de la magie». Fréq. abs. littér.: 1397. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1813, b) 1413; xxes.: a) 1738, b) 2590. DÉR. Magiquement, adv.a) De manière magique (supra A 1), en faisant intervenir la magie (v. ce mot B 1 a). Certaines danses (...) destinées sans aucun doute, autrefois, à favoriser magiquement le succès dans les expéditions de chasse (...) subsistent à titre de divertissements (Jeux et sports,1967, p. 795).b) De manière irrationnelle, surnaturelle. Tel mot (...) qui ne donne lieu à aucune difficulté quand il est engagé dans le train rapide d'une phrase (...) devient magiquement embarrassant (...) aussitôt que vous (...) lui cherchez un sens après l'avoir soustrait à sa fonction momentanée (Valéry,Variété V,1944, p. 132).− [maʒikmɑ
̃]. − 1reattest. 1521 «par magie» magicquement (Violier des histoires romaines, 27, bibl. elz. d'apr. FEW t. 6, 26a); de magique, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 40. BBG. − Mack. t. 2 1939, p. 191. _ Pichois (Cl.). De la magie des magiciens à la magie des artistes. In: [Mél. Gossen (C. Th.)]. Bern, 1976, t. 2, pp. 737-749. _ Quem. DDL t. 10 (s.v. magiquement). |