| MAESTRIA, subst. fém. Dans le domaine artistique.Maîtrise, aisance brillante et sûreté dans l'exécution, l'interprétation d'une oeuvre. J'ai lu avec émotion votre magnifique article sur Hernani. Vous savez ce que je pense de votre maestria. Être un tel maître de la critique, c'est être un maître de l'art (Hugo, Corresp., 1867, p. 53).Je me le figurai (...) l'archet à la main, le stradivarius à l'épaule (...) exécutant, avec une admirable maëstria, un morceau à grandes difficultés, un tour de force instrumental (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 67):1. ... les Poussin m'ont d'abord paru ternes. Ce n'est qu'en les revoyant, après avoir fait le tour de la salle, qu'ils se sont éclairés. J'admire cette espèce de maladresse, de pesanteur d'exécution. Aucune maestria de la main; aucun brio; chez aucun artiste peut-être la tête n'a dominé de plus haut le métier.
Gide, Journal, 1906, p. 203. − P. ext. Maîtrise, aisance et habileté dans l'exécution d'une chose, d'un exercice ou d'une activité quelconque. Il s'excusa d'avoir été assez indiscret pour suivre la conversation, et il le félicita de la maestria avec laquelle il avait pulvérisé ses adversaires (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 413).Il battait maintenant les cartes avec une maestria dont je restai interloqué (Benoit, Atlant., 1919, p. 198): 2. ... il n'était point de prestidigitateur plus habile de ses doigts que lui; il n'était point d'«apache», comme on dit aujourd'hui, plus audacieux et plus terrible que lui. (...) il avait volé l'honneur des familles et l'argent des pontes avec une maëstria qui ne fut jamais dépassée. (...) il n'hésitait jamais, et aucune entreprise n'était au-dessus de ses forces...
G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p. 137. Prononc. et Orth.: [maεstʀija], [mae-]. Att. ds Ac. 1935. Coppée et G. Leroux supra: maë-. Étymol. et Hist. 1842-43 (Sand, Consuelo, t. 3, p. 115). Mot ital. signifiant «habileté particulière dans l'exercice d'une activité, d'un art», attesté dep. la 2emoitié du xiiies. (Jacopone da Todi ds Batt.), dér. de maestro «maître» (v. ce mot). Fréq. abs. littér.: 18. Bbg. Quem. DDL t. 3. _ Weil (A.). En marge d'un nouv. dict. R. Philol. fr. 1932, t. 45, p. 27. |