| MACHINALEMENT, adv. De façon machinale, par habitude, sans en avoir conscience. Synon. inconsciemment, mécaniquement.Goriot mangeait machinalement et sans savoir ce qu'il mangeait. Jamais il n'avait semblé plus stupide et plus absorbé qu'il l'était en ce moment (Balzac, Goriot, 1835, p. 56).Le mathématicien ne travaille pas machinalement, comme l'ouvrier à la chaîne; on ne saurait trop insister sur le rôle fondamental que joue, dans ses recherches, une intuition particulière, qui n'est pas l'intuition sensible vulgaire mais plutôt une sorte de divination directe (Gds cour. pensée math., 1948, p. 42):.Les automatismes surveillés sont d'authentiques actions volontaires «à l'horizon» du vouloir; c'est à tort qu'on les dit inconscients ou absolument involontaires (...). Le fumeur qui roule machinalement une cigarette sait bien qu'il le fait «exprès», parce qu'il est capable de reconnaître son acte comme sien et de le reprendre comme acte focal.
Ricoeur, Philos. volonté,1949, p. 313. − [P. méton.] Il aimait assez retrouver la table et la lampe à pétrole, les assiettes où, machinalement, ses doigts trouvaient leur place (Camus, Env. et endr., 1937, p. 46).Ce n'est jamais pour rien que l'air que l'on fredonne Dit machinalement des mots comme des charmes Un jour vient où les mots se modèlent aux larmes (Aragon, Crève-coeur, 1941, p. 68).Son regard, un regard mou, rentré, qui ne perçoit peut-être rien, erre machinalement de la gazette financière à la vitre parcourue de zigzags nerveux (Arnoux, Solde, 1958, p. 158). Prononc. et Orth.: [maʃinalmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1718 (Ac.). Dér. de machinal*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 941. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 837, b) 1809; xxes.: a) 1583, b) 1365. |