| MACHIAVÉLISME, subst. masc. A. − Système politique développé par Machiavel dans ses écrits. Les membres du Comité de Salut public professaient à la tribune même le code du machiavélisme, c'est-à-dire le pouvoir fondé sur l'avilissement des hommes (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 453): .Si je considère la littérature française de ce dernier demi-siècle du point de vue de son enseignement moral (...), j'y trouve: l'apologie du machiavélisme, de tous les moyens qui servent la grandeur de l'État et le maintien de l'«ordre», quelle que soit l'immoralité de ces moyens...
Benda, Fr. byz., 1945, p. 255. − P. anal. Doctrine conforme aux idées et à la pensée de Machiavel; exercice du pouvoir politique sans scrupule moral. Tout l'appareil de ruse et de violence du machiavélisme politique reflue ainsi sur l'univers lui-même de la conscience (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 171).Je ne vois nulle hypocrisie dans le machiavélisme russe. Le code de Machiavel n'est pas sentimental, voilà tout (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 361). B. − P. ext., en mauvaise part. Ligne de conduite dictée par la ruse, la perfidie, la mauvaise foi. Avec toute l'habileté que nous vous supposons pour exécuter le plan que nous venons de tracer votre femme pourrait s'apercevoir de votre machiavélisme (Balzac, Physiol. mar., 1826, p. 144).Puisque Folcoche me donnait des leçons de machiavélisme, la moindre des choses était de me montrer bon élève (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 171). − En partic. 1. [Suivi d'un compl. déterminatif] Côté perfide, insidieux d'une action. Ils mirent du temps à pénétrer le machiavélisme de ma stratégie (Mauriac, Préséances, 1921, p. 28). 2. Loc. prép. a) Avec machiavélisme. Avec ruse et perfidie. À partir de ce jour je lui fis la cour, paraît-il. Du moins, elle m'affirma depuis que je l'avais séduite, captée, déshonorée, avec un rare machiavélisme, une habileté consommée, une persévérance de mathématicien, et des ruses d'apache (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Verrou, 1882, p. 817). b) Par machiavélisme. Par esprit de calcul et d'artifice. Nous créons, par machiavélisme, des difficultés empiriques et des obstacles physiques (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 250). Prononc. et Orth.: [makjavelism̭]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1611 (Cotgr.: Machiavelisme. Machiauellisme; subtill policie, cunning roguerie). Dér. du nom de Machiavel; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 75. |