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LÉGIFÉRER, verbe
A. − Faire des lois.
1. Emploi intrans. Le gouvernement (...) a cru pouvoir légiférer sur le patrimoine ecclésiastique et sur l'organisation du culte sans tenir compte du chef de l'Église (Barrès, Cahiers, t. 9, 1912, p. 232).Le pouvoir exécutif était suspendu et les ministres ne comptaient pas. Souverainement, l'assemblée légiférait sans trêve (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 44).V. législatif ex. 4 :
1. D'après MlleVatnaz, la femme devait avoir sa place dans l'état. Autrefois, les Gauloises légiféraient, les Anglo-saxonnes aussi, les épouses des Hurons faisaient partie du conseil. L'œuvre civilisatrice était commune. Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 139.
2. Emploi trans., rare. L'esclavage est, aux yeux de l'auteur [de l'Exode], la première chose qui demande à être légiférée (Renan, Hist. peuple Isr., t. 2 1889, p. 365):
2. Chaque année, chaque séance des corps qui légifèrent les sociétés constitutionnelles voient abroger, modifier, exhumer ou créer des lois selon les besoins ou les craintes du moment. Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 4.
B. − P. anal. Dicter des lois, des règles. Descartes n'a pas tort de railler ceux qui, prétendant s'introduire au conseil de Dieu, se mêlent de légiférer en son nom (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 83):
3. ... je suis enclin quand il s'agit des régions les plus souterraines de l'activité créatrice, et très particulièrement chez un poète, à aboutir à un ton tout ensemble trop abstrait et quelque peu péremptoire : si toutefois je peux approcher cet état déplorable où l'on légifère, ou du moins où l'on tend à légiférer... Du Bos, Journal,1927, p. 172.
REM. 1.
Légifère, adj.,rare. Qui donne des lois. Pour que nul d'eux aussi presque jamais ne lève le front au-dessus du réseau légifère et qui fixe, en quelque sorte, leur attitude morale sociale, il faut que ces lois aient une certaine beauté (Léautaud, Essais,1897, p. 33).
2.
Législater, verbe,synon. rare de légiférer.Enfin, ils [les ministres de juillet 1830] législataient comme par un beau temps de Restauration, appliquant le jury aux délits de la presse, révoquant la loi du sacrilège tombée en désuétude (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1831, p. 358).
Prononc. et Orth. : [leʒifeʀe], (il) légifère [-fε:ʀ]. Conjug. : change é en è devant syll. muette sauf au fut. et au conditionnel. Étymol. et Hist. 1796 légisférer (Néol. fr. ds Frey, p. 43); 1840 légiférer (Ac. Compl. 1842). Dér. sav. du lat. legifer « qui établit des lois » attesté comme subst. « législateur » en lat. chrét.; v. législateur; dés. -er; a supplanté législater de même sens 1799 (Rapport du bureau central du 2 frimaire ds Paris sous le consulat, éd. A. Aulard, t. 1, p. 23). Fréq. abs. littér. : 30.